Le Grand Jeu
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Thème
Le scénario est inspiré d’une histoire vraie qui avait défrayé les chroniques américaines. Celle de Molly Bloom ( ça ne s’invente pas !), une jeune surdouée qui, dans le Hollywood du début des années 2000, devint très rapidement (en quelques semaines) la reine d’un gigantesque empire du jeu clandestin, avant d’être destituée encore plus rapidement (une nuit !) de son trône.
Passée une introduction menée à toute allure où, si on ose dire, on nous met les cartes en main, le Grand jeu va retracer le destin de cette jeune femme, belle, indépendante et volontaire, qui, après une mauvaise chute, se voit contrainte d’abandonner une carrière de skieuse de haut niveau, au grand désespoir de son père (Kevin Costner).
Lorsque Molly Bloom (Jessica Chastain) débarque à Los Angeles en 2004 avec la ferme intention de se reconvertir en femme d’affaires, elle devient, presque par hasard, l’assistante d’un homme qui organise des parties de poker clandestines. Virée sans ménagement par ce dernier, elle décide de monter son propre cercle et en fixe un prix d’entrée pharamineux,
250 000 dollars. Qu’importe! Vont y affluer, très vite, des millionnaires de tous les acabits : stars de ciné, politiciens, hommes d’affaires, grands sportifs, etc…Le succès est vertigineux. Mais bientôt, parce que Molly décide de prendre une commission sur les gains, ce qui est strictement interdit par la loi américaine, rien ne va plus aller pour elle. Le FBI veut la faire chuter, la mafia russe la traque pour lui piquer son business, les célébrités commencent à douter de sa discrétion…Acculée de tous côtés, Molly va finir par tomber. Ici, en plus de deux heures qui passeront à la vitesse de l’éclair, elle va nous faire revivre son odyssée, en la racontant elle-même, souvent en voix off, par d’édifiants et multiples flash-backs et cela, depuis le bureau de son avocat, le brillant et avisé Charlie Jaffrey (Idriss Elba).
Points forts
- Quelle femme, cette Molly Bloom! Aaron Sorkin dit qu’il a été impressionné, moins par son parcours, pourtant sans équivalent, et retracé dans ses mémoires publiées sous son vrai nom en 2014, que par son intelligence, sa force de caractère et son humour. Le scénariste a bien fait son travail. Sous ses allures de thriller, son film est une ode à cette héroïne hors norme qui sut se tailler un destin dans un univers masculin.
- Quel scénario ! L’histoire met en scène tant de personnages, tant d’enjeux, tant de conversations, tant de flash-backs que sans le talent d’Aaron Sorkin qui en démêle l’écheveau au fur et à mesure qu’elle se constitue et s’étoffe, on n’y aurait sans doute rien compris. A côté, Le Loup de Wall Street paraît d’une simplicité biblique.
- Quel souffle ! Enchères, paris, parties, embrouilles, affrontements, évitements…Tout se passe ici à cent à l’heure. Inutile de chercher à reprendre haleine, c’est impossible. Et finalement, tant mieux ! Un film qui mise sur l’intelligence et la vivacité du spectateur, et même, qui ose l’ellipse, ça change!
- Quelle actrice ! Toutes les stars d’Hollywood voulaient être Molly Bloom. Jessica Chastain l’a emporté parce que, dit Aaron Sorkin, non seulement elle est belle, vive, sensuelle et qu’elle a de l’humour, mais parce qu’en plus, elle a, naturellement, un caractère bien trempé. Le réalisateur ne s’est pas trompé. La comédienne est magnifique, époustouflante d’aisance et d’autorité naturelle.
- Quelle distribution masculine aussi! Dans le rôle de Charlie Jaffrey, l’avocat de Molly, Idris Elba conjugue écoute, virilité, intelligence et vulnérabilité. Quant à Kevin Costner, qui joue le père de Molly, il donne tout de la complexité de son personnage. Une fois encore, son interprétation est parfaite.
Quelques réserves
Le Grand Jeu ressemble une course d’obstacles qui serait menée à une allure de sprint. D’aucuns reprocheront peut-être à ce film sa construction (nombreux flash-backs) et la vitesse de sa narration (dialogues souvent débités à un rythme de mitraillette).
Encore un mot...
Un film qui, sous couvert d’une plongée dans l’univers interlope du poker clandestin, raconte l’ascension fulgurante d’une jeune femme, pourtant brisée, dans un monde d’hommes… Il fallait bien une histoire à double détente pour acculer un jour à la réalisation l’un des scénaristes les plus brillants d’Hollywood.
A cause de ses enjeux (scénaristique et financier), réaliser Le grand jeu était un sacré pari. Aaron Sorkin s’est lancé. S’il a gagné la partie, c’est parce qu’il avait en main les bonnes cartes : une histoire palpitante, à la fois incroyable mais vraie ; un scénario sous haute tension, implacable et labyrinthique; des dialogues brillants, tirés au cordeau de l’efficacité et aussi, un de ces castings parfaits, de ceux qui distribuent les rôles aux acteurs les plus aptes à les jouer. Ici, tous les interprètes sont indubitables, à commencer par Jessica Chastain qui incarne Molly Bloom, l’héroïne du film. Impériale et flamboyante, la comédienne livre une prestation qui lui a valu, d’emblée, une nomination aux Golden Globes.
Une phrase
« En général, quand je m’engage à écrire un scénario, c’est un peu comme un premier rendez-vous arrangé. Il y a toujours quelque chose qui m’intrigue, mais je ne sais pas bien où je vais. Du coup, pendant des mois, il faut que je me familiarise avec le sujet avant de parvenir à en percer le mystère. Mais avec Le Grand jeu, il m’a fallu cinq minutes pour envisager le film dans son intégralité- juste le temps de rentrer chez moi ». (Aaron Sorkin, scénariste réalisateur).
L'auteur
Né le 9 juin 1961 à New York, Aaron Sorkin est l’un des dramaturges et scénaristes les plus récompensés de son pays.
Licencié de théâtre à l’Université de Syracuse, il signe sa première pièce à 28 ans. Présentée à Broadway, A Few Good Men (qui sera réalisée au cinéma en 1993 par Rob Reiner) reçoit, dès sa création, les honneurs de la critique. La seconde, Hidden in the picture lui vaut, deux ans plus tard, un agent littéraire. Le jeune dramaturge est lancé. Il n’arrêtera plus. Comme les deux premières, toutes ses pièces suivantes seront des succès.
C’est au début des années 1990 qu’il débute une carrière de scénariste. Les trois films qu’il va écrire pour Castle Rock Entertainment (dont A few Good men et Malice) vont rapporter environ 400 millions de dollars. Sans être crédité au générique, il est aussi engagé sur plusieurs œuvres comme « script doctor ».
En 2007, il signe, pour Universal Pictures, le scénario de La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols, puis en 2011, The Social Network de David Fincher, qui lui vaut plusieurs récompenses dont l’Oscar du meilleur scénario adapté.
Suivront les scénarios du Stratège de Bennett (2012), puis Steve Jobs de Danny Boyle (2015).
Parallèlement, ce scénariste surdoué continue d’écrire pour le théâtre et pour la télévision ( il a écrit, produit et créé notamment A La Maison Blanche, qui a remporté 26 Emmy Awards, et aussi The Newsroom, qui a réuni plus de 7 millions de spectateurs par épisode).
Le Grand Jeu, qu’il a évidemment écrit, est son premier film en tant que réalisateur.
Et aussi
« LES HEURES SOMBRES » DE JOE WRIGHT.
En1940, rien ne va plus en Grande Bretagne. Le Royaume est menacé d’invasion par Hitler et 200 OOO soldats britanniques sont coincés à Dunkerque. Le 10 mai, Winston Churchill ( Gary Oldman) est nommé, en catastrophe, Premier Ministre. Soutenu par sa femme ( Kristin Scott Thomas), ce sexagénaire brillant et plein d’esprit va mettre sa verve et sa science politique au service de son pays. Il lui évitera le joug allemand…
Encore un film sur Churchill ? Oui, mais quand il est, comme ici, orchestré par un réalisateur qui sait ce que fluidité et tension veulent dire (celui, entre autres, en 2005, d’Orgueil et Préjugés) alors, on en redemande. D’autant plus que, dans ces « Heures sombres », le rôle de Churchill est tenu par une très grande pointure, Gary Oldman. Méconnaissable sous les traits du vieux lion, le comédien britannique mériterait de prendre la route des Oscars.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
2 « BURN OUT » DE YANN GOZLAN
Tête brulée, accro aux sensations fortes, Tony (François Civil) ne rêve que d’une chose : devenir pilote professionnel de moto superbike. Mais un jour, il découvre que la mère de son fils, dont il est séparé, a des problèmes avec des trafiquants de drogue. Pour la sortir de cet engrenage, il décide de se mettre au service de ces malfrats et de faire, pour eux, du « go fast ». Momentanément, croit-il, le temps de payer la dette de son ex. Mais ça ne se passera évidemment pas comme ça…
Dès les premières images, on est happé. Et pas question de ralentir, encore moins de freiner. Dans le genre polar français, c’est une réussite : scénar acéré, prises de vue impressionnantes, tension palpable dans tous les plans. Jusqu’à son dénouement, Burn out va se dérouler sur les chapeaux de roue, en surmultipliée. Alternant courage, détermination, sang-froid, tendresse, naïveté et rouerie, François Civil est plus qu’épatant.
Burn out, pour les fans de motos, mais aussi pour tous les amateurs de (bons) thrillers.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
« L’ECHAPPÉE BELLE » de PAOLO VIRZI
Mariés depuis des lustres, Ella (Ellen Mirren) et John Spencer (Donald Sutherland) continuent à s’aimer comme au premier jour. Jamais l’un sans l’autre ! Oui mais, voilà, leur belle jeunesse a filé, et avec elle, leur santé. Ella a (sans doute) un cancer et John, lui, est rattrapé par la maladie d’Alzheimer. Toutefois, pas question que ces deux inséparables s’en aillent finir leur vie, désunis, à l’hôpital. Un beau matin, ils se carapatent donc, en douce, dans un vieux camping-car. Direction Key West. Mais pas par les grands routes, par le chemin des écoliers, au gré de leurs souvenirs, de leurs voyages passés et, surtout, de cette fantaisie qui ne les a jamais quittés.
Dans cette ultime célébration de leur amour, de leur vécu et de leur connivence, ils sont craquants ces deux fugueurs là, qui vont nous offrir une escapade sans pareille, à la fois burlesque, intrépide, lumineuse et crépusculaire.
Le scénario de cette Echappée belle file sans embardée fracassante ? Certes, mais ce n’est pas du spectaculaire qu’on vient chercher dans ce road mo-vie. C’est de l’émotion, de la tendresse, de la poésie et aussi, mais oui, de l’humour, de la dérision et de la cocasserie. De tous ces points de vue là, on est mieux que bien servis. Aux commandes du camping-car, Paolo Virzi a placé deux comédiens mythiques. Helen Mirren et Donald Sutherland. Ils sont vrais, drôles, déchirants, malicieux, au delà des éloges.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
« EL PRESIDENTE » DE SANTIAGO MITRE
Dans un hôtel de la Cordillère des Andes, Hernan Blanco, un Président argentin (Ricardo Darin) assiste à un sommet de chefs d’Etats latino américains. L’ambiance de ce sommet pourtant primordial pour la survie économique de ces Etats est à couper au couteau. Les négociations sont âpres et Hernan Blanco joue le destin de son pays. Mais voici qu’en plus, l’Argentin va être rattrapé par une affaire de corruption qui risque d’éclabousser sa fille, et donc, par ricochet, lui même. Dès lors El Presidente va hésiter entre le thriller politique et le drame intime. Deux lièvres pour un seul film ? Santiago Mitre court de l’un à l’autre avec une impressionnante habileté et joue avec notre curiosité. Le grand gagnant de cette fiction aussi intéressante que formellement réussie, est…Ricardo Darin, excellent comme d’habitude. L’acteur argentin appartient à cette catégorie de stars qui n’usurpent pas leur titre.
RECOMMANDATION : BON
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