Le fil

Pour son cinquième film en tant que réalisateur, Daniel Auteuil se lance dans le film de procès. Captivant, tendu… une vraie réussite !
De
Daniel Auteuil
Avec
Daniel Auteuil, Grégory Gadebois, Sidse Babett Knudsen…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Après avoir décidé d’arrêter de plaider dans des affaires criminelles pour avoir fait innocenter, à tort, un criminel, Jean Monnier, un avocat  proche de la retraite (Daniel Auteuil), se retrouve commis d’office auprès de Nicolas Milik, un père de famille de cinq enfants  (Grégory Gadebois) accusé du meurtre de sa femme alcoolique. Très vite persuadé dans son intime conviction que son client est innocent, Monnier va s’investir tout entier dans sa défense, et par là même retrouver le sens de son métier.

Points forts

  • Est-ce parce que Daniel Auteuil s’est inspiré d’une histoire vraie tirée du journal intime de l’avocat pénaliste Jean-Yves Moyart (aujourd’hui  disparu) ? Quoiqu’il en soit, son scénario, qu’il a coécrit avec Steven Mitz, sonne vrai du début à la fin. C’est un bijou d’écriture et de suspense; les flash-back  et les flash-forward sont à leur juste place et les dialogues, d’une efficacité redoutable dans ce qu’ils disent des doutes qui assaillent tous les acteurs d’un procès, qu’ils appartiennent à la défense ou à l’accusation. Dans ce scénario, même les silences ont de l’importance : ils maintiennent la tension. Et puis, il y a ce twist final, qu’on ne spoilera pas.

  • La réalisation. Elle est classique, mais au cordeau. C’est de la belle ouvrage. 

  • Impérial derrière la caméra, Daniel Auteuil l’est aussi, ici, devant. Dans son rôle d’avocat meurtri, mais en même temps complexe, « frère en humanité de son client », il est prodigieux de justesse, d’écoute et de vérité. Face à lui, subtil, ambigu, par moments retors, mais plus souvent perdu, Grégory Gadebois impressionne.

  • Un coup de chapeau en passant au chanteur Gaëtan Roussel qui fait ici de magnifiques premiers pas devant la caméra, dans un rôle de tenancier de bar alcoolique. Un joli exploit ! 

Quelques réserves

D’aucuns pourront dire que depuis quelques années, les films de procès pullulent  sur les écrans (grands et petits). Mais on rétorquera que rares  sont ceux qui ont su mettre en scène, avec autant de subtilité, la fragilité de la Justice.

Encore un mot...

Après avoir réalisé trois adaptations de romans de Pagnol (La Fille du puisatier, Marius et Fanny) et une, d’une pièce de Florian Zeller (Amoureux de ma femme), Daniel Auteuil avait annoncé se retirer de la réalisation pour se consacrer exclusivement à sa profession  première, celle d’acteur. Non seulement il est revenu sur sa décision, mais il en a profité pour se lancer dans un métier nouveau pour lui, l’écriture de scénario, qui plus est, sur un sujet d’autant plus casse-gueule qu’il venait après Anatomie d’une chute et le Procès Goldman: le film de procès   … On s’incline devant la réussite de son Fil, dont on comprend qu’il ait été ovationné lors de sa projection en séance spéciale au dernier Festival de Cannes.

Une phrase

« Même si c’est pour moi un immense plaisir, je pensais sincèrement que je ne ferai plus jamais de film comme metteur en scène. A moins d’être envahi par un besoin irrépressible de raconter quelque chose. Et c’est ce qui s’est produit le jour où ma fille Nelly, qui produit ce film avec Hugo Gélin, m’a fait découvrir le blog que tenait un avocat aujourd’hui disparu, Jean-Yves Moyart, sous le pseudo de Maître Mô » (Daniel Auteuil, dossier de presse).

L'auteur

Né à Alger le 24 janvier 1950 lors d’une tournée de ses parents, tous deux chanteurs lyriques, Daniel Auteuil grandit à Avignon au domicile familial, à l’ombre du Palais des Papes. D’où son accent ensoleillé qui réapparaît dès que ses rôles n’exigent pas qu’il parle « pointu ».

Tout va inciter le petit garçon rêveur à embrasser une carrière artistique, notamment la profession de ses parents et les échos du festival de théâtre créé dans sa ville par Jean Vilar. Il a tout juste quatre ans lorsqu’il monte pour la première fois sur scène dans le rôle du fils de Madame Butterfly. A seize ans, il est embauché par André Benedetto dans une pièce de Tchékhov.

En 1969, il monte à Paris et débute l’année suivante au Théâtre National Populaire ( le T.N.P.)…Il est lancé. À partir de 1982, il ne cessera plus d’alterner théâtre et cinéma. Bardé de récompenses, dont deux Césars du meilleur acteur pour Jean de Florette (1987) et La Fille sur le Pont (2000), et un prix d’interprétation masculine au festival de Cannes  1996 pour Le huitième jour, il est aujourd’hui l’un des artistes français les plus populaires. Parallèlement à son métier d’acteur, il met en scène pour le théâtre ( Le garçon d’appartement, en 1980, Le Malade imaginaire en 2019…) et réalise pour le cinéma : La Fille du Puisatier, en 2011, Marius en 2013Fanny en 2013, Amoureux de ma femme en 2018. Le Fil  est son cinquième long métrage, le premier dont il a écrit le scénario. 

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