Le Consentement

Un récit glaçant de l’emprise d’un écrivain quinquagénaire sur une adolescente de treize ans interprété par un duo d’acteurs remarquables
De
Vanessa Filho
Avec
Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta…
Notre recommandation
3/5

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Thème

Pour son second long métrage, Vanessa Filho adapte  Le Consentement, l’ouvrage autobiographique éponyme de Vanessa Springora, paru en 2019. Ce récit, glaçant, de l’emprise d’un écrivain quinquagénaire - en l’occurrence Gabriel Matzneff - sur une adolescente de treize ans est interprété par un duo d’acteurs remarquables : Kim Higelin et surtout Jean-Paul Rouve, stupéfiant dans son personnage de prédateur.

 Paris, 1985. Vanessa vit avec sa mère, une femme divorcée, rêveuse et assez extravagante (Laetitia Casta). Depuis son plus jeune âge, elle est une grande lectrice qui essaie de compenser, par les livres, l’absence de son père passé aux abonnés absents. Elle a 13 ans quand elle rencontre Gabriel Matzneff, un écrivain quinquagénaire célébré aussi bien par les intellectuels que par les politiques. Fascinée par son intelligence, sa notoriété, son apparente douceur et l’attention qu’il lui porte, elle devient sa maîtresse, puis sa muse. Sans se rendre compte qu’elle subit de plus en plus violemment son emprise destructrice. Les mois passent, Vanessa s’enfonce dans la dépression…

Points forts

  • La fidélité du scénario au récit de Vanessa Springora. Si, comme dans toutes les adaptations d’un livre au cinéma, certains éléments ont été modifiés, enlevés ou ajoutés, la vérité des personnages a été au maximum respectée.
  • Dès le début du film, on est dans le vif du sujet grâce à l’utilisation, en off, de la voix supposée de Matzneff (en réalité celle de Jean-Paul Rouve, qui l’incarne). Tour à tour, hypnotique, caressante, persuasive et menaçante, cette voix donne à comprendre l’emprise de cet homme sur sa jeune proie.
  • Le choix des comédiens. Et d’abord Jean-Paul Rouve. Crâne rasé, maquillé, portant « beau » dans des vêtements très chic, l’acteur, totalement à contre-emploi, est stupéfiant de charisme, de rouerie et de charme vénéneux dans le rôle du prédateur Matzneff. Visage poupin -  elle avait pourtant 20 ans au moment du tournage ! -  Kim Higelin, la petite fille de Jacques, est pour sa part formidable de retenue et de fragilité dans son personnage d’adolescente à la fois fascinée et piégée. Quant à Laetitia Casta , elle est bouleversante dans son rôle de mère complètement dépassée par les évènements.

Quelques réserves

Même si, dans son livre, Vanessa Springora met l’accent sur la brutalité physique de ses rapports sexuels avec son prédateur, était-il indispensable de la montrer dans le film? La répétition et le réalisme de ces scènes placent le spectateur dans une situation de voyeur et finalement, aboutissent au déplacement de l’objet du film, qui est la dénonciation d’une emprise?

Encore un mot...

En montrer trop ou pas assez, en proposer une approche trop littéraire ou au contraire trop crue,… L’adaptation pour le grand écran du livre de Vanessa Springora était truffée de pièges. A l’exception d’un seul (signalé ci-dessus), Vanessa Filho les a tous évités. Son film est fidèle à l’esprit du récit dont il est tiré.  Grâce à la simplicité de sa mise en scène, la subtilité de ses dialogues, l’interprétation aussi (surtout?), sidérante, de ses deux principaux interprètes, Kim Higelin et Jean-Paul Rouve, il est  à la fois clair, dans sa description du phénomène de l’emprise, et en même temps percutant, dans sa dénonciation de la pédophilie et du silence assourdissant qui l’entoure souvent. Utile et glaçant.

Une phrase

«Pour le rôle de Vanessa, il fallait chercher un visage nouveau au cinéma. Nous tenions à ce que cette actrice ait plus de seize ans. Il était évidemment hors de question de mettre en danger une adolescente de l’âge de Vanessa dans le récit adapté, de créer de la confusion aussi et de reproduire le traumatisme sur une jeune actrice. Kim Higelin avait 20 ans au moment du casting, ce qui m’a permis d’avoir avec elle un vrai dialogue sur le sujet » ( Vanessa Filho, réalisatrice).

L'auteur

C’est en regardant Trois couleurs : Bleu que Vanessa Filho a son premier choc cinématographique. Elle a treize ans, elle vient de découvrir sa vocation. Son bac cinéma en poche, elle commence à réaliser des courts métrages et des documentaires dont, en 2001, Primitifs.  En 2004, elle fait se rencontrer  Simon Buret et Olivier Coursier dont elle est une amie commune. Le groupe AaRON, né de la rencontre entre ces deux là, nomme la jeune vidéaste responsable de ses clips et de ses photos. En 2006, c’est elle qui réalise leur clip de U-turn, une chanson qui connaît un grand succès grâce au film Je vais bien, ne t’en fais pas.

En mai 2018, la cinéaste se lance dans le long métrage, avec Gueule d’ange. Sélectionné au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard, ce drame, avec Marion Cotillard en tête de distribution, lui vaut de participer à la Caméra d’Or. Il ne l’obtient pas. Mais, émerveillés par la combativité et la délicatesse de la primo-réalisatrice à traiter des sujets difficiles, les producteurs Carole Lambert et Marc Missonnier, lui suggèrent d’adapter pour le cinéma le récit autobiographique de Vanessa Springora sur la liaison que l’écrivaine entretint, adolescente, avec Gabriel Matzneff de manière subie.

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