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Thème
Après avoir échoué sur une île, un naufragé comprend qu’il est condamné à y vivre et à y mourir, témoin d’une vie rythmée par le cycle des prédations (poissons avalés par les phoques qui, une fois morts, sont dépecés par les crabes à leur tour mangés par les oiseaux etc). Un jour, apparaît une Tortue Rouge. Comme elle l’empêche de quitter l’île en détruisant chaque fois le radeau qu’il confectionne à partir des bambous de la forêt toute proche, il la tue. Mais…
Points forts
- Un premier long-métrage profond, émouvant et magique, culoté aussi car sans dialogue, et dont la simplicité “biblique” du récit recèle un message humaniste aussi beau qu’universel, mêlant à merveille réflexions sur l’existence, la transmission, l’amour, la nature…
- A L’instar de la technologie fusionnant parfaitement dessins au fusain pour les décors et informatique pour les personnages, il harmonise avec intelligence les visions occidentale (linéaire) et orientale (cyclique) du temps se déroulant de la naissance à la mort.
- Un réalisme soigné pour représenter l’environnement et les événements (tsunami, orages, etc) en harmonie totale avec des instants de magie voire d’onirisme destinés à nourrir notre besoin de pensée magique, comme dans tout conte qui se respecte.
- La variété de la bande musicale, parfois acoustique, parfois électronique, toujours en osmose avec les moments forts du récit.
- A l’unisson, la justesse des bruitages achève de faire de cette Tortue Rouge un vrai chef-d’œuvre de poésie.
Quelques réserves
Pour les spectateurs réfractaires à l’univers nippon de l’animation version Miyazaki (Mon voisin Totoro, le voyage de Chihiro…) et Takahata (Le tombeau des lucioles), le film, d’autant qu’il se passe en huis clos avec un puis deux puis trois personnages et quelques animaux, pourra paraître un peu long et répétitif. Voire, pour les seuls adultes, pas assez ambitieux sur son contenu. Sans le nier, pour nous, il est principalement une bulle de rêve offrant une belle alternative dans l’univers de l’animation et démontrant que les studios Pixar, pour exceptionnelles que soient leurs œuvres, ne détiennent pas le monopole de l’originalité ni de la qualité en ce domaine.
Insistons bien, il peut être judicieux de visionner sur You Tube les deux courts-métrages de de Wit mentionnés supra (d’une durée de 5 et 8 minutes).
Encore un mot...
Michael Dudok de Wit a mis 7 ans à réaliser cette histoire qui associe le meilleur studio japonais en matière d’animation (le Studio Ghibli), fondé en 1985 par Hayao Miyazaki et Isao Takahata et le studio français Prima Linea, histoire imaginée à l’instigation de Isao Takahata et Toshio Suzuki et ayant reçu au passage l’aide de Pascale Ferran en tant que co-scénariste. Une réussite et une collaboration rendues possibles grâce à une liberté, un respect et une confiance mutuels à saluer comme à encourager.
Une phrase
Le film étant sans parole, nous invitons les spectateurs à écouter celle que leur dictera leur cœur au sortir de la projection...
L'auteur
Réalisateur de films d’animation, né en 1953 à Abcoude aux Pays-Bas et résidant à Londres, Michaël Dudok de Wit commence par travailler chez le producteur londonien Richard Purdum avant de se lancer à son propre compte. Il devient célèbre en 1994 avec son court-métrage Le Moine et le poisson produit par le talentueux studio Folimage, de Valence (France). Nommé aux Oscars, le film fait le tour des festivals et reste, à ce jour, une référence dans son genre. Par ailleurs réalisateur d'un certain nombre de publicités pour de grandes marques internationales, il réalise son chef-d'œuvre Père et fille (Father and Daughter), Grand Prix du Festival d’Annecy et du court métrage d'animation en 2000, huit minutes bouleversantes à découvrir sur You Tube. La Tortue Rouge est son 1er long métrage. Un coup de maître puisqu’il a reçu le Prix Spécial du 69e Festival de Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard.
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