LA NUIT DU 12
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Thème
Un soir, dans un quartier pavillonnaire plutôt résidentiel de la banlieue de Grenoble, Clara, 21 ans, rentre à pied chez elle. Elle n’y arrivera jamais. Son chemin croise celui d’un homme cagoulé de noir. Il va arroser la jeune fille d’essence et actionner son briquet. Clara va mourir, brûlée vive. Deux inspecteurs de la PJ (Bastien Bouillon et Bouli Lanners) sont chargés de l’enquête. Qui a pu commettre un tel féminicide et pourquoi ? Les deux hommes vont se lancer dans une série d’interrogatoires. Tous les suspects sont d’anciens amis ou amants de Clara.
Pour des raisons diverses, ils ont tous un profil de coupable, mais en ce qui concerne cette « nuit du 12 », leurs alibis étant en béton, ils seront tous disculpés. Après trois années de recherches, face à ce qui s’annonce être un « cold case » (un crime dont on ne trouve jamais le meurtrier), un des deux policiers du tandem donne sa démission, l’autre noie son désespoir et ses doutes dans de folles courses solitaires en vélo. La nomination d’une femme juge d’instruction ( Anouk Grinberg, formidable) ne servira à rien. La mort de Clara restera inexpliquée et impunie
Points forts
- D’emblée, sur un carton placé en début de son film, Dominik Moll annonce la couleur. En France, environ 20% du millier de crimes commis chaque année demeure irrésolu et donc impuni. C’est sur l’enquête de l’un d’entre eux que La Nuit du 12 va s’arrêter. Le cinéaste l’a choisie parmi d’autres relatées par Pauline Guéna dans un livre qu’elle a intitulé :18.3- une année à la PJ .
- Ce parti-pris, audacieux, de dévoiler la fin d’un polar avant même qu’il ait commencé aurait pu faire flop. C’est tout le contraire ! Dominik Moll et son co-scénariste Gilles Tourman ont écrit un scénario d’une telle finesse, d’une telle précision mécanique et d’une telle tension qu’il est impossible de décrocher de l’écran avant le dernier plan, ne serait-ce qu'une seconde ! Non seulement le cinéaste nous fait assister très concrètement à l’enquête, avec tout ce qu’elle comporte (dans la réalité) de fausses pistes, de découragements et de témoignages insensés venant des suspects ( froideur, ironie, détachement, grossièreté, machisme, cynisme, etc…) mais à travers elle, il réussit à nous faire prendre conscience de la misogynie qui gangrène encore trop souvent - et souvent, inconsciemment - la police ( majoritairement constituée d’hommes), lors de ses enquêtes sur les féminicides.
- Si un seul mot devait qualifier ce film, ce serait celui de « perfection », car tout est y magistral : le scénario, donc, mais aussi les dialogues ( ciselés, percutants, jamais bavards ni elliptiques), les cadrages ( d’une précision millimétrée), les décors, le rythme et la lumière signée Rodrigo Sorogoyen. Certains plans sont d’une telle beauté qu’ils laissent pantois.
- Evidemment, la distribution se hisse à la même hauteur, notamment Bastien Bouillon, Bouli Lanners et Anouk Grinberg, tous les trois d’une humanité bouleversante.
Quelques réserves
Aucune, absolument aucune.
Encore un mot...
Que dire de plus sur ce thriller magnétique, implacable, d’une beauté formelle renversante et qui dénonce, au passage, ces plaies ouvertes de notre société que sont, en vrac, les féminicides, la misogynie et le manque de moyens d’une police pourtant dévouée, que dire de plus donc, sinon que La nuit du 12 est à voir absolument, qu’on soit ou non, amateur de polar.
Une phrase
Souvent quand un film retrace une affaire criminelle, on commence en disant au spectateur « Voilà un meurtre », et on finit en disant « Voilà l’assassin, et c’est réglé, on ne se pose plus de questions. Ce n’est pas ce que je voulais faire. Ce qui m’a hanté dans cette histoire, c’est le mystère. Et précisément que le fait que plus on cherche, plus le mystère s’épaissit » (Dominik Moll, réalisateur).
L'auteur
Né en 1962 à Bühl en Allemagne d’un père allemand et d’une mère française, le cinéaste Dominik Moll, a grandi à Baden-Baden avant d’étudier à l’université de New York puis à l’IDHEC à Paris où il rencontre Gilles Marchand avec lequel il écrira presque tous ses films et Laurent Cantet, dont il sera l’assistant sur quatre longs métrages. Dominik Moll devient célèbre en 2000 avec un thriller grinçant, Harry un ami qui vous veut du bien , présenté à Cannes et récompensé ensuite par quatre César, dont celui du meilleur réalisateur (pour lui), et celui du meilleur acteur(pour Sergi López). Après Lemming, un film fantastique à suspense moins convainquant - sorti en 2005 avec pourtant une distribution haut de gamme : Charlotte Gainsbourg, André Dussolier et Charlotte Rampling - il revient au sommet avec Des nouvelles de la planète Mars qui emprunte à plusieurs genres, la comédie, le fantastique, le surnaturel, le paranormal et le film sociologique.
Après un petit détour par la télé pour une série intitulée Eden, il revient au cinéma en 2020 avec Seules les bêtes, un thriller haletant avec Denis Ménochet et Laure Calamy, qui lui vaudra un César de la meilleure adaptation.
Présenté à Cannes Première, La Nuit du 12 aurait mérité d’être sélectionné dans la compétition officielle de Cannes. Il arrive cette semaine sur les écrans français unanimement encensé ( à juste titre) par la critique, française et internationale.
Et aussi
- MENTEUR d’OLIVIER BAROUX- Avec TAREK BOUDALI, ARTUS, PAULINE CLÉMENT ( de la Comédie Française)…
Bien dans ses baskets, plutôt beau mec, marrant, affable et malin, Jérôme (Tarek Boudali), serait le plus charmant des hommes s’il n’était atteint d’un défaut rédhibitoire : c’est plus fort que lui, il ment comme il respire. A un point tel que sa famille, ses amis et ses collègues (l’une d’elles l’a surnommé le « Mozart des mythos ») ont de plus en plus de mal à supporter les conséquences, parfois très enquiquinantes, de ses invraisemblables bobards quotidiens. Mais voilà qu’un jour, une malédiction divine frappe Jérôme : tous ses mensonges deviennent réalité. Les apparences disparaissent. Commence alors pour lui un véritable cauchemar. Autour de lui tout va se déglinguer…
Pour son treizième film, le facétieux Olivier Baroux (La saga des Tuche, Qui a tué Pamela Rose , On a marché sur Bangkok) s’est fait plaisir. Sollicité par la Gaumont pour écrire et réaliser une adaptation du film québécois Menteur d’Emile Gaudreault, qui creva là-bas les plafonds du box-office, il a concocté une comédie comme il les aime, hilarante, potache, pleine de gags, de trouvailles mâtinées (mais pas trop) de fantastique, où il s’est amusé à analyser non seulement les effets, mais les facteurs du mensonge. Comme en plus de savoir écrire et diriger, le « père » des Tuche a le talent des castings, sa distribution est succulente. Il est allé notamment débaucher Tarek Boudali, un des piliers de la bande à Fifi pour être son Menteur et il a demandé à l’inénarrable et tendre Artus de se glisser dans la peau de son frère, aussi adorable qu’il est malchanceux. Rythme, inventivité, drôlerie… Dans des décors de rêve (le Midi méditerranéen) les deux comédiens font la paire et forment un tandem désassorti, aussi hilarant qu’émouvant. Sans galéjer, Menteur pourrait bien être la comédie de l’été.
Recommandation : 4 coeurs
- RIFKIN’S FESTIVAL de WOODY ALLEN- Avec GINA GERSHON, WALLACE SHAWN, LOUIS GARREL, ETC…
Ancien prof de cinéma reconverti en écrivain, Mort Rifkin (Wallace Shawn) décide d’accompagner Sue, sa femme attachée de presse (Gina Gershon) au festival de San Sebastien. D’une pierre deux coups: il pense que le dépaysement réveillera son inspiration tarie depuis trop longtemps et que parallèlement, il pourra surveiller sa femme dont il pressent qu’elle ne résistera pas au charme de Philippe, le cinéaste dont elle s’occupe (Louis Garrel, jubilatoire, dans ce rôle de jeune réalisateur obsédé par John Ford). Agacé par le concert de louanges qui entoure Philippe, Mort, cinéphile toujours passionné, se prend à évoquer les maîtres qui l’ont marqué, Bergman, Fellini, Godard, Truffaut…Comme il l’était prévisible, la tension monte entre lui et Sue. Mais parce que, malgré tout, le hasard fait parfois bien les choses. Mort rencontre une jeune femme. Un marivaudage commence, très « Allénien »…
Après trois ans d’attente, voici que sort enfin en France le nouveau Woody Allen. C’est une comédie romantique assez désenchantée, sur le temps qui passe et celui qui n’est définitivement plus. Comme souvent, quand le cinéaste ne se met pas en scène lui-même, il se glisse dans la peau d’un de ses personnages, en l’occurrence, ici, celle du héros de son film, Mort Rifkin, interprété par Wallace Shawn. Quoi de neuf ? Tout et rien. Woody est là avec ses obsessions favorites (la vie, l’amour, la mère, la psychanalyse, le cinéma, les femmes, etc..), ses répliques ironiques, mordantes et tordantes (pas toutes, malheureusement), son péché mignon pour le marivaudage et son insondable nostalgie qui se teinte ici de beaucoup (un peu trop ?) de noirceur. On y va? oui, on y va, parce que l’inimitable Woody continue de toucher et de faire rire.
Recommandation : 3 coeurs
- DUCOBU PRÉSIDENT d’ELIE SEMOUN- Avec ELIE SEMOUN, GABIN TOMASINO, FRÉDÉRIQUE BEL, FRANÇOIS LEVANTAL…
Une nouvelle année scolaire démarre pour Ducobu, l’as de l’embrouille, de la débrouille et de la triche. À son école, Saint Potache, on prépare un évènement exceptionnel : l’élection du président des élèves. C’est le début d’une campagne électorale complètement dingue dans laquelle vont s’affronter deux têtes de liste que tout oppose : Ducobu, le bon à rien qui ne pense qu’à jouer, « siester », manger et se marrer, et Léonie, la fille la plus raisonnable de l’école, qui, elle, ne jure au contraire que par les devoirs et la nourriture bio. Evidemment, à force de manigances, de magouilles et de coups fourrés, Ducobu va être élu. Mais pour Latouche, son maître d’école dont il est le pire cauchemar, ça ne va pas se passer comme ça !
Chic! Le cancre le plus célèbre de France est de retour sur les écrans. C’est la quatrième fois et il est en pleine forme ! Il n’a même peut-être jamais inventé autant de blagues et de bêtises pour faire tourner en bourrique le pauvre Latouche. Et puis, il y a sa « fiancée », la sage Léonie, qui l’énerve autant qu’il l’aime. Car au fond, ce vaurien est un tendre.
C’est toujours Elie Semoun qui est à la fois aux manettes du scénario ( secondé par Guy Laurent et Marc de Chauveron) et de la réalisation ( tout seul), et en même temps, devant la caméra où il se délecte à jouer l’inénarrable Latouche. En revanche c’est un petit nouveau qui a enfilé le polo noir et jaune de Ducobu. Il s’appelle Gabin Tomasino. C’est la première fois qu’il fait l’acteur ( il a été découvert sur internet), mais on ne le dirait pas, tant il est formidable et…sympathique. Ducobu Président ? On en redemande, tant c’est drôle, inventif, maîtrisé et plein de surprises ( Ah l’apparition de Franck Dubosc en garçon de café !). Pour les enfants et aussi les plus grands !
Recommandation : 4 coeurs
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