LA MENACE
Pas de bonus vidéo.
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Thème
Vivant avec son oncle, un ancien comédien devenu alcoolique qui se fait appeler « Cousin », Josepha, jeune orpheline de dix-huit ans, s’ennuie. Dans le magasin de brocante situé à l'entrée d’une ville de province où elle passe ses journées, elle ne rêve que d’une chose : intégrer la bande de jeunes qui passe fréquemment sous ses fenêtres, sur des scooters pétaradant. Cousin, qui les méprise, les appelle les mariolles. Mais Josepha s’en fiche. Elle emprunte de l’argent au pharmacien Savari - un homme gentil, mais entreprenant-, achète un deux-roues et finit par entrer dans la bande, en dépit de l’opposition de l’une de ses membres, Sylvie. Quelques temps après, cette dernière est assassinée. Pour briller, sans réfléchir, Josepha dénonce Savari…Confondue par la police, elle aura du mal à se remettre de son mensonge…
Points forts
- Le genre du film : La Menace est un drame. Si on est un fan de Gérard Oury, la surprise est grande de découvrir que celui qui allait devenir le roi de la comédie hexagonale avait choisi de débuter dans le métier avec un film… noir. La Menace est inspiré d’un des premiers romans de Frédéric Dard, intitulé les Mariolles. Cette « collaboration », sans doute parce que Dard et Oury avaient copiné sur le tournage du Dos au mur, le film d’Edouard Molinaro inspiré de Délivrez-nous du mal, un ouvrage signé du père de San Antonio où Oury faisait …l’acteur!
- Le scénario, qu’on peut lire sur deux niveaux et qui est d’une habileté diabolique. Non seulement il dresse le portrait d’un homme dépassé par ses pulsions, qui viole et assassine les jeunes filles, mais il est aussi celui d’une jeunesse désenchantée qui n’aspire qu’à son émancipation.
- L’interprétation est formidable, du moins dans ses rôles principaux. A la fois timide et inquiétant, Robert Hossein transmet merveilleusement l’ambiguïté de son personnage de pharmacien. Marie-Josée Nat est sensationnelle de fragilité provocatrice. Quant à Paolo Stoppa, il campe un Cousin dont on se souvient longtemps.
Quelques réserves
Frédéric Dard avait situé l’action de son roman sur la Côte d’Azur. Gérard Oury l’a transposé dans un « ailleurs » assez indéterminé. C’est dommage. Il manque à son film les senteurs des étés provençaux.
La réalisation se cherche. Le Gérard Oury de ce film n’est pas encore le brillantissime réalisateur des Rabbi Jacob et autre Corniaud.
Encore un mot...
Quand Gérard Oury tourna La Menace, il n’en était qu’à son deuxième essai et il cherchait encore ses marques. Pourtant, en dépit de ses défauts, son film contient en germe plusieurs de ces ingrédients qui feront son succès : un scénario bien ficelé, un vrai sens du cadre, une photo magnifique et un direction d’acteurs hors pair. Et puis, et puis, cette Menace est une curiosité ! Une œuvre si « noire" dans une filmographie si éclaboussante de folie et de gaieté, franchement, cela vaut qu’on s’y arrête, qu’on s’en délecte.
Une phrase
« Le métier d’acteur (débuté en 1945) me donnait satisfaction. Pourtant à la fin des années 50, j’ai brusquement voulu prolonger cette expérience en écrivant des histoires. A force de jouer les textes des autres, on a tendance à vouloir en inventer soi-même. La création cinématographique m’intéressait. J’ai participé alors à divers scénarios, dont celui du Le Miroir à deux faces d’André Cayatte… La montée de la « Nouvelle vague » était en train de bouleverser les rapports producteur-réalisateur…Je suis passé derrière la caméra » ( Gérard Oury, réalisateur).
L'auteur
Né Max-Gérard Tannenbaum le 29 avril 1919 à Paris d’une famille d’artistes, le futur réalisateur de L’As des as se destine d’abord au métier d’acteur. Il entre au Conservatoire en 1938 puis devient pensionnaire de la Comédie-Française. Pendant la guerre, il se réfugie à Genève puis revient à Paris où il ne cesse de jouer au théâtre et au ciné pendant plusieurs années.
En 1960, il passe à la réalisation, d’abord avec deux films dramatiques (La Main chaude, La Menace), puis avec un film à sketchs, Le crime ne paie pas, où il dirige pour la première fois Louis de Funès. C’est en 1965 avec Le Corniaud porté par Louis de Funès et Bourvil qu’il connaît son premier grand succès. Il a trouvé sa formule : un duo d’acteurs aux antipodes l’un de l’autre, entraîné dans des scénarios empruntant aux films d’aventures et à la comédie. En 1966, il réitère avec le même tandem: La Grande vadrouille, qu’il a coécrit avec sa fille Danièle Thompson explose le box office avec 17 millions de spectateurs.
Le cinéaste formera d’autres tandems comiques dont celui de Bourvil et Belmondo pour Le Cerveau (1969) ou celui d’Yves Montand et Louis de Funès pour La Folie des grandeurs (1971). Il donnera aussi des premiers rôles à d’autres acteurs de comédie comme Pierre Richard (Le coup du parapluie, 1980), Christian Clavier (La soif de l’or, 1993) ou encore Coluche (La vengeance du serpent à plumes, 1984).
En 1990, le public commence à se détourner. Les films du cinéaste ont moins de succès. Il n’arrêtera pas pour autant de tourner, entre autres, en 1999, un remake du Schpountz de Marcel Pagnol.
Lauréat d’un César d’honneur en 1993, le cinéaste s’éteindra en 2006 à Saint-Tropez. Quand ses films sont programmés à la télévision, ils continuent de cartonner.
Et aussi
- JARDINS DE PIERRE de FRANCIS FORD COPPOLA- Avec JAMES CAAN, ANJELICA HUSTON, JAMES EARL JONES…
En 1969, en Virginie, dans cet immense « jardin de pierre » qu’est le cimetière militaire d’Arlington, le lieutenant Jackie Willow, mort au Vietnam, est inhumé avec les honneurs de la nation. Présent à la cérémonie, le sergent Hazard, pour sa part vétéran de Corée, retrace l’histoire personnelle de ce soldat qu’il avait jadis chaperonné, et avec lequel il avait noué une forte complicité. On apprend que le jeune Willow, pourtant parti pour le Vietnam avec plein d’idéaux, avait fini par s’apercevoir que cette guerre n’aurait jamais dû avoir lieu.
Huit ans après le grandiose et spectaculaire Apocalypse Now, Francis Ford Coppola plonge à nouveau dans la guerre du Vietnam, mais en choisissant cette fois d’en dévoiler les coulisses. Dans ce film sombre et poignant, le cinéaste ne montre donc jamais les combats, mais seulement leurs conséquences : les cadavres des soldats morts au front.
Jardins de pierre est l’une des œuvres les moins connues de Coppola. Formidable démonstration de l’absurdité des guerres et sublime « méditation funèbre » aussi ( selon l’expression d’un confrère), c’est pourtant l’une des plus magnifiques du réalisateur, l’une des plus bouleversantes aussi. Qu’elle soit rééditée aujourd’hui en DVD et Blu-ray, dans une version soigneusement restaurée, est un événement. A découvrir avec d’autant moins d’hésitation qu’elle permit à James Caan de livrer là une de ses plus belles prestations.
Recommandation : Excellent.
Sortie vidéo DVD, Blu-ray, édition Prestige limitée- Editions Carlotta.
Bonus vidéo : Fantômes de guerre, analyse de Jean-Baptiste Thoret, historien du cinéma; bande-annonce originale.
- DIVORCE de WARIS HUSSEIN- Avec ELISABETH TAYLOR et RICHARD BURTON…
Un homme et une femme s’aiment, se déchirent, se séparent, se retrouvent, se quittent à nouveau, se rabibochent encore, etc… Divorce est l’histoire d’un amour incandescent et tumultueux entre deux êtres, dans le cadre du mariage, de son ciment et de son enfermement. Ici, elle est relatée tour à tour, d’abord du point de vue de l’homme, Martin Reynolds (Richard Burton), puis de celui de sa femme, Jane (Elisabeth Taylor). D’une manière évidemment subjective, et en deux parties d’environ 75 mn chacune.
Même si, dans ce Divorce, ce qui est montré permet à tous de se projeter dans l’un des deux héros, c’est la personnalité hors-norme des interprètes qui passionne d’abord. Ces deux monstres sacrés là, face à face, dans une histoire de passion impossible, forcément, à minima, ça interroge et au mieux, ça passionne. Il faut dire que le réalisateur Waris Hussein et le scénariste John Hopkins ont tout fait pour que le spectateur ne décroche pas. La façon dont ils auscultent le délitement du couple est d’une belle subtilité.
On peut se réjouir de la réédition en DVD, Blu-ray de ce film trop méconnu du couple mythique Burton-Taylor. Dommage que cette sortie ne s’accompagne d’aucun bonus.
Recommandation : Bon.
Sortie vidéo DVD, Blu-ray- Éditions LCJ ( depuis le 18 février).
Bonus vidéo : aucun.
- LA RAISON D’ETAT de ANDRÉ CAYATTE- Avec JEAN YANNE, MONICA VITTI, MICHEL BOUQUET…
Après qu’un avion transportant 240 enfants africains ait explosé en plein ciel à cause de missiles, un biologiste et sa collaboratrice découvrent que l’homme responsable de cette catastrophe n’est autre qu’un haut fonctionnaire ayant acheté des armes illégalement. Le duo décide d’enquêter pour découvrir quelle fut la raison qui poussa ce dernier à accomplir son acte. Mais le biologiste va être victime d’un accident de circulation…
Est-ce le sujet, délicat, épineux, annoncé d’emblée dans son titre, qui fit peur lors de sa sortie en 1978 ? En tous cas, ce film d’André Cayatte compte parmi les moins connus et les moins commentés du cinéaste. C’est injuste car même s’il ne prétend pas révolutionner le genre et pêche par un manichéisme un peu trop prononcé, c’est un thriller bien mené et pertinent Il est en outre formidablement interprété, notamment par Jean Yanne et Michel Bouquet qui y étincellent. Gaumont le réédite aujourd’hui. Les fans de films d’aventures à ton pamphlétaire devraient y trouver leur compte.
Recommandation : Bon
Sortie vidéo DVD - Editions Gaumont ( collection Découverte DVD)
Bonus vidéo : aucun
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