La Marcheuse
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Thème
Lin Aiyu (Qiu Lan), clandestine chinoise, habite avec sa fille adolescente, lycéenne, Cerise (Louise Chen), chez M. Kieffer (Philippe Laudenbach), un vieil homme qui ne sort plus beaucoup de son lit. C’est son fils (Philippe Herisson) qui a embauché Lin Aiyu sans savoir qu’elle était sans papier. Un jour, dans le grand appartement de M. Kieffer, surgit un homme (Daniel Alves), le voisin d’en face, qui a des ennuis avec des créanciers violents. Il va se cacher quelques jours dans une pièce abandonnée. Comme il est Français, l’idée germe dans la tête de Lin Aiyu de l’épouser pour obtenir la nationalité française.
Points forts
- « La marcheuse » ressemble a un documentaire mais ça n’est pas un documentaire. On est plutôt dans le polar social qui menace de virer au drame mais en réchappe par la force de son héroïne. Ceci dit, la vie incertaine de ces prostituées de Belleville est bien réaliste.
- « J’ai passé des heures avec elles, dit le cinéaste, à l’hôpital, au tribunal ; je les ai accompagnées pour déposer plainte au commissariat après les trop nombreuses violences dont elles sont victimes ; j’ai participé à des moments joyeux, des anniversaires, des fêtes pour oublier le quotidien. Elles ont partagé avec moi leur histoire, leurs espoirs, leur vision du monde. Leurs récits ont nourri mon écriture ».
- Par ailleurs l’œil du cinéaste est d’une généreuse empathie pour son héroïne ainsi que pour ses compagnes de trottoir. Aucune condescendance dans le regard qu’il porte. Il les respecte et par conséquent le spectateur aussi.
Quelques réserves
La fiction pèche par endroit. On imagine mal qu’un homme s’installe en clandestin dans un appartement sans que personne dans le proche voisinage ne s’en rende compte à commencer par M. Kiepper, qui, même s’il ne quitte pas sa chambre, peut repérer les bruits nouveaux chez lui. Autant les personnages de Lin Ayiu et de sa fille fonctionnent bien dans le cours de l’intrigue, autant celui du personnage caché tend à la déséquilibrer.
Encore un mot...
Les femmes chinoises qui se prostituent à Paris sont venues sans avoir recours à des passeurs. Le cinéaste en a rencontré une qui était médecin et une autre chanteuse d’opéra. Elles découvrent combien il est difficile de trouver un emploi. Sans réseau de solidarité ni titre de séjour, leur seule ressource est la prostitution. Contrairement à beaucoup d’idées reçues, leur activité n’est soumise ni à des proxénètes ni à des mafias chinoises. Et voilà comment la marcheuse essaie de survivre malgré la violence de la rue et le mépris de ses compatriotes.
L'auteur
Comédien, réalisateur et scénariste français, né en 1981, Naël Marandin a commencé tôt en interprétant à 13 ans l’un des rôles principaux de « La ville dont le prince est un enfant ». A 19 ans, il a profité d’un échange universitaire pour partir à Pékin. Il a ensuite rejoint une ONG tibétaine. De retour en France, il a gardé un lien avec la Chine. Habitant à Belleville, il a travaillé avec les associations chinoises du quartier. Depuis sept ans, il est volontaire pour une mission de Médecins du Monde qui travaillent auprès des femmes chinoises qui se prostituent. Elles sont environ 1300 à Paris dont 500 à Belleville. Lin Aiyu, l’héroïne de « La Marcheuse », interprétée par Qiu Lan, est l’une d’elles.
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