LA DÉGUSTATION
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Thème
D’un côté, Jacques, un quadra bourru, solitaire et meurtri (Bernard Campan) qui tient seul une petite cave à vins au bord de la faillite. De l’autre, Hortense, une infirmière engagée dans l’associatif, bien décidée, malgré son célibat, à ne pas finir vieille fille et surtout à devenir mère ( Isabelle Carré). Aussi cabossés l’un que l’autre par la vie, ces deux-là auraient pu se rater si un jour Hortense n’avait pas débarqué dans la boutique de Jacques et ne s’était pas laissée convaincre par ce dernier de participer à un atelier de dégustation. La tête va leur tourner et leur cœur battre la chamade…Ensemble. Ou presque.
Points forts
- Comment résister à cette histoire de lien qui se noue entre deux êtres que, mise à part leur fragilité respective, tout semble opposer, une histoire qui en plus se passe dans une cave à vins, un lieu rarement exploité dans les fictions?
- Comment ne pas être touché par ces deux héros si bousculés par la vie ? Jacques, si bougon et si maladroit parce qu’anéanti par le deuil de son enfant mort dans l’accident d’une voiture qu’il conduisait. Hortense, d’une naïveté touchante, parce que murée dans le carcan d’une éducation trop coercitive dispensée par une mère psychorigide et omniprésente.
- Comment ne pas « accrocher » à cette comédie qui au-delà de son « romantisme » assumé s’ancre dans la réalité d’aujourd’hui et traite de sujets qui font la une de l’actualité : la pauvreté, la difficulté qu’ont les femmes célibataires à devenir mère, etc…
- Comment ne pas être visuellement charmé par cette Dégustation tournée en « scope » dont l’image, chaude et soignée évoque le chai et l’ambre ?
- Et puis, comment résister au jeu si complice d’Isabelle Carré et Bernard Campan qui se retrouvent après dix-sept ans ?
Quelques réserves
Ici et là, des facilités de dialogues, mais qui passent comme lettres à la poste, tant le film est charmant…
Encore un mot...
Molière 2019 de la meilleure comédie, La Dégustation est passée de la scène sur le grand écran avec un brio fou. La « faute » à Ivan Calbérac qui a su approfondir, sans les alourdir, les « sujets » ( l’alcoolisme, la solitude, le désir d’enfant,…) qui sous-tendent sa pièce originelle ; la « faute » aussi à Isabelle Carré, Bernard Campan et à tous leurs camarades de plateau qui ont trouvé le ton juste pour rendre craquante cette comédie qui oscille avec grâce, légèreté et harmonie entre le rire et les larmes.
Une phrase
« Quand on fait un film, adaptation ou scénario original, la pression est toujours très forte. Évidemment, on se lance dans l’optique de réussir son film au mieux, mais sans vraiment l’envisager en termes de succès. Si, une fois fini, il plaît au plus grand nombre, c’est merveilleux. Mais j’essaie de faire avant tout un film que j’aurais envie de voir » ( Ivan Calbérac, écrivain-réalisateur).
L'auteur
Les chiffres d’abord (une maîtrise de mathématiques), puis les lettres (un DESS de droit et de gestion de la communication audiovisuelle), puis encore, l’art dramatique, et depuis une vingtaine d’années, soit le roman (comme auteur), soit le théâtre (comme dramaturge) soit encore le cinéma ou la télévision ( comme scénariste-réalisateur). A bientôt 52 ans, Ivan Calbérac, continue à être là où sa fantaisie le mène, alternant avec un même bonheur, pièces, films et romans. Sur les huit pièces que cet auteur a écrites et qui ont connu une longue carrière, il en a adapté trois pour le cinéma : L'Étudiante et Monsieur Henri, Venise n’est pas en Italie (déjà inspirée de son roman éponyme) et aujourd’hui La Dégustation, qui avait obtenu quatre nominations aux Molière en 2019.
Particularité de ces adaptations : elles s’éloignent toutes du théâtre filmé. Pour chacune, Ivan Calbérac travaille sur ce qu’il appelle le hors-champ de ses pièces, c’est-à-dire sur ce que son texte « dramaturgique » évoque, sans qu’il ait pu le montrer sur scène. Cette manière de faire, qui privilégie l’image, donne de la densité à ses films et les rend autonomes. Même si on a vu ses pièces, on peut donc aller voir leur adaptation au cinéma, sans peur de s’y ennuyer, car ce n’est jamais tout à fait la même histoire. Ivan Calbérac est un as des variations autour d’un même thème. Paradoxalement, il est aussi l’un des créateurs français les plus éclectiques, les plus curieux et les plus fantaisistes. Comédies sociales, romantiques ou musicales, road movies, etc.. Il est à mille lieues de ceux qui creusent et explorent indéfiniment le même sillon.
Commentaires
Quelle est la langue de la chanson Uman Song de Vignes ?
Bonjour. C'est une langue inventée, improvisée. Plus d'infos sur cette chanson ici: https://romainvignes.bandcamp.com/releases
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