LA DARONNE
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Thème
Interprète judiciaire français arabe spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la Brigade des Stups, Patience Portefeux (Isabelle Huppert) a tout de l’employée modèle. Mais voilà qu’un jour cette femme, veuve de longue date et en apparence si convenable, découvre que l’un des dealers qu’elle espionne n’est autre que le fils de l’infirmière si dévouée qui s’occupe de sa mère. Ni une, ni deux : comme personne autour d’elle ne comprend l’arabe, Patience va truquer les traductions et doubler les trafiquants.
De ventes en reventes de drogue, planquée sous des djellabas de luxe et des lunettes noires signées, elle va devenir la daronne du quartier.
Points forts
C’est une jolie idée de Jean-Paul Salomé que d’avoir adapté pour Isabelle Huppert La Daronne, le livre éponyme d’Hannelore Cayre publié en 2009. Ce rôle, revu et corrigé pour la comédienne, lui va comme un gant. Tellement d’ailleurs qu’on ne voit pas qui d’ autre aurait pu s’y couler avec autant d’aisance et de fantaisie. Celle qui fut entre autres l’interprète fétiche de Claude Chabrol s’amuse ici visiblement beaucoup à camper une baronne de la drogue fantasque, borderline, “argotisant” à tout va et drapée dans des tenues au-delà du pire mauvais goût.
Les seconds rôles sont formidablement bien tenus aussi. Notamment Hippolyte Girardot, magnifique de naïveté et de douceur dans son personnage d’amant, flic aux Stups, aveuglé par l’amour. Notamment Liliane Rovère, qui campe avec une bouleversante sensibilité la mère de Patience. Tous les deux portent avec une jubilation palpable les dialogues que leur ont concoctés le réalisateur et son fils Antoine.
Le scénario, très culotté, séduit, qui balance avec habileté, entre polar, comédie sociale et portrait de femme.
Quelques réserves
Quelques invraisemblances affaiblissent le scénario.
On aurait aimé que certaines scènes dégagent un peu plus d’émotion.
Encore un mot...
Quand il était sorti sur les écrans français, le 9 septembre dernier, La Daronne était arrivé en tête des démarrages de la semaine, devançant même le blockbuster très attendu Antebellum. Et il avait très bien résisté la semaine suivante face à la déferlante Tenet. Qu’il soit aujourd’hui édité en DVD après avoir enregistré 421 578 entrées (un joli score pour une sortie en période de couvre-feu) est une aubaine pour les fans de la grande Isabelle, irrésistible dans ce rôle assez inhabituel pour elle, de pétroleuse aussi cérébrale que futée.
Une phrase
« Comme Elle, de Paul Verhoeven, La Daronne est un film complètement habité par son personnage principal. Pour une actrice c’est toujours formidable d’avoir un gros rôle comme ça, c’est un peu comme un fil qu’on dévide. Je dis un gros rôle plutôt que grand, car ce sont des rôles riches par l’infinie variété qu’ils proposent. C’est toujours ce que c’est et son contraire : fort et fragile, drôle et triste. Il n’y a pas de figures imposées, que des figures libres » (Isabelle Huppert, comédienne).
L'auteur
Après avoir étudié le cinéma à la Sorbonne Censier, Jean-Paul Salomé (né en 1960) commence sa carrière au début des années 80 comme assistant, secondant notamment Claude Lelouch en 1981 sur le tournage du film Les uns et les autres. En 1983, à 23 ans, il se lance dans la réalisation avec un court-métrage documentaire qu’il intitule L’Heure d’aimer. L’année suivante, même format, même genre, il sort La petite Commission. En 1991, il réserve son premier long métrage à la télévision. C’est Crimes et jardins, pour lequel il a écrit aussi le scénario.
En 1994, il sort, pour le grand écran cette fois, Les Braqueuses, une comédie sur quatre femmes qui, pour sortir de leur galère, décident de dévaliser des banques. Entre 1998 et 2013, il tourne six autres longs métrages dont, en 2001 Belphégor, le fantôme du Louvre, et en 2008, Les femmes de l’ombre. Nommé directeur d’Unifrance en 2013, le cinéaste abandonne la réalisation le temps de son mandat. Libéré de ses fonctions, il retrouve les plateaux pour La Daronne qui est son huitième film, le premier avec Isabelle Huppert.
Bonus : Entretien avec Jean-Paul Salomé, essais casting, commentaire audio de Jean-Paul Salomé, bande annonce.
Et aussi
- LE BONHEUR DES UNS…de DANIEL COHEN- Avec BÉRÉNICE BÉJO, VINCENT CASSEL, FLORENCE FORESTI, FRANÇOIS DAMIENS…
Léa et Marc, Karine et Francis sont deux couples d’amis complices depuis toujours. Au cours d’un dîner, Léa, jusque-là discrète vendeuse de vêtements (Bérénice Béjo), annonce qu’elle va proposer son premier roman à un éditeur. La belle entente se lézarde. Elle va même aller jusqu’à exploser le jour où le roman de Léa se révèlera être un best-seller. La jalousie n’est pas une bonne conseillère…
Le bonheur des uns ferait-il presque immanquablement le malheur des autres ? C’est la question que s’était posée Daniel Cohen dans une pièce qu’il avait intitulée l'Île flottante. Celle-ci étant restée à l’état d’écriture, son auteur a eu l’idée de la transformer en scénario pour le cinéma et de lui trouver un nouveau titre. Dommage que son début soit un peu poussif et que sa réalisation soit un peu trop “théâtrale” car cette comédie de mœurs parvient quand même à trouver son rythme. Son meilleur atout ? Son casting, qui est cinq étoiles. En écrivaine dépassée par son succès, Bérénice Béjo est délicieuse de candeur et de gentillesse. Dans son rôle de mari macho, Vincent Cassel est d’un premier degré irrésistible. François Damiens est, comme d’habitude, réjouissant dans son jeu toujours inattendu. Quant à Florence Foresti, elle est parfaite dans son personnage d’amie vipérine et envieuse.
Recommandation : Bon ***
Sortie DVD- Edition M6 VIDEO
Pas de bonus
- LES HÉROS NE MEURENT JAMAIS de AUDE-LÉA RAPIN- Avec ADÈLE HAENEL, JONATHAN COUZINIÉ, ANTONIA BURESI…
Ébranlé par un clochard qui croit reconnaître en lui un soldat mort en Bosnie le 21 août 1983, Joachim, né précisément ce jour-là, se demande s’il ne pourrait pas être la réincarnation de cet homme, un combattant nommé Zoran. Pour en avoir le cœur net, il décide de partir pour Sarajevo en embarquant deux amies : Alice, une documentariste (Adèle Haenel) et Virginie, une preneuse de son. Dans un pays hanté par les fantômes de la guerre, il ne va pas s’avérer facile de retrouver les preuves de l’existence d’un homme disparu.
Comment ancrer dans le réel la recherche d’un fantôme ? Pour son premier long métrage de fiction, Aude-Léa Rapin n’a pas choisi la facilité. Mais la documentariste expérimentée qu’elle est, a su donner de la « matière » à son récit, notamment par sa façon de scruter les visages des Bosniaques encore meurtris par le conflit, et aussi de s’attarder sur les paysages de ce petit pays pas encore reconstruit. Elle a su aussi trouver des interprètes d’une présence formidable, entre autres, Adèle Haenel et Jonathan Couzinié. Au final, son film, zébré par moments d’une réjouissante cocasserie, est aussi déroutant qu’attachant. Un peu plus de trois mois après sa sortie en salles, il sort en DVD agrémenté d’entretiens très intéressants.
Recommandation : Bon ***
Sortie DVD- EDITION Le Pacte.
Bonus vidéo : entretien avec Aude-Léa Rapin, Jonathan Couzinié et Antonia Buresi, Bande-annonce.
- LA BELLE AMÉRICAINE de ROBERT DHÉRY- Avec LOUIS DE FUNÈS, ROBERT DHÉRY, COLETTE BROSSET, MICHEL SERRAULT…
Dans sa banlieue parisienne, Marcel Perrignon (Robert Dhéry) mène une existence à la fois studieuse (il est employé au détubage dans une usine) et joyeuse (il vit avec sa femme dans une impasse de la Plaine Saint-Denis entouré de copains boutiquiers). Un jour, il a l’occasion d’acheter à bas prix une rutilante voiture américaine. Impossible de résister à une si belle affaire ! Mais bientôt les déboires vont s’amonceler. Marcel va être arrêté par les flics, perdre son emploi, être kidnappé par une aventurière, etc. Il va finir par comprendre que jouer les rois du pétrole avec une « Belle Américaine » n’est pas pour lui….
C’est en rentrant de quatre années de succès aux Etats-Unis avec La plume de ma tante que Robert Dhéry avait brodé ce film sur une idée soufflée par son ami Pierre Tchernia…Quel bonheur d’y retrouver la France populaire des années 60, racontée avec la bienveillance gentiment ironique de Robert Dhéry. Son film est truffé de gags, les uns irrésistibles encore aujourd’hui, les autres, forcément un peu plus démodés. Mais ce qui l’emporte, c’est la bonne humeur de cette histoire qui se teinte parfois de poésie ou de cocasserie. Entre louis de Funès, Jean Richard, Colette Brosset et Michel Serrault, la distribution est sensationnelle. La nostalgie sur ce ton-là, avec ces acteurs-là, on en redemande !
Sortie Edition Collector DVD +Blu-ray + livret. Boitier Mediabook- Éditions LCJ
Bonus vidéo : Interview d’Yves Calvi qui revient sur la musique de Gérard Calvi.
Contenu et Goodies : édition Collector en boîtier Mediabook comprenant le Blu-ray du film, le DVD du film en version coloriée et un livret de 40 pages par Marc Toullec.
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