L’ Île rouge
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Thème
Au début des années 70, à Madagascar, dans le vase clos de leur base, des militaires français et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme. C’est leur quotidien, placé sous le signe d’une inquiétude plus ou moins ressentie et exprimée, qui est ici raconté à travers les yeux de Thomas, 8 ans, le fils d’un des sous-officiers de cette base. Un petit garçon à la fois curieux et rêveur : d’un côté il observe attentivement les adultes incrustés dans cette île paradisiaque qu’il occupent indûment, et de l’autre il se déguise en Fantômette une héroïne masquée pour mieux vivre des aventures imaginaires. Un jour, pourtant, le décor de cette existence qu’on perçoit fragile, va s’effondrer. A travers une histoire d’amour biaisée, on comprend que les Malagasys( anciennement, Malgaches) vont enfin prendre les rênes de leur île, pourtant proclamée indépendante depuis 1960. Pour les Français, c’est le signal du retour en métropole, pour Thomas, le moment de l’adieu à son enfance.
Points forts
- L'Île rouge est l’un des rares films français réussis sur le colonialisme. Peut-être, parce que Robin Campillo l’a bâti sur ses souvenirs d’enfant (un enfant curieux, imaginatif et innocent de tout esprit de conquête), qu’il l’a tourné sur les lieux où il avait emmagasiné ces souvenirs, et qu’il a su, en plus, donner à son scénario, pourtant si personnel, une dimension politique, pas un instant, pourtant lourdement militante.
- Visuellement magnifique (et pourtant dépourvu d’effets superfétatoires), L'Île rouge bénéficie d’une mise en scène somptueuse (à la fois simple et savante) et d’un casting sensationnel, en tête duquel Nadia Tereszkiewicz (stupéfiante de justesse et de sensibilité dans son rôle d’épouse et de mère de trois enfants) et le jeune Charlie Vauselle qui, à 11 ans, interprète Thomas, avec intrépidité malgré son apparente fragilité
- L’émotion provoquée par la chanson mélancolique, amère et en même temps jubilatoire qui clôt le film : Veloma, qui fut choisie par les Malagasys pour accompagner leur révolution, et qui est ici, très justement reprise, parce qu’elle parle de la révolution comme d’un adieu à l’enfance.
Quelques réserves
S’il faut en trouver une : peut-être les infimes longueurs dans la seconde partie du film, celle où le cinéaste sort du paradis où vit Thomas, pour montrer la réalité de l’île. Encore qu’on comprenne que le réalisateur ait trouvé « légitime » de laisser « entendre » les revendications et les aspirations d’un pays trop longtemps colonisé.
Encore un mot...
Six ans après 120 battements par minute, l’un des longs métrages les plus poignants et les plus percutants sur les années Sida, Robin Campillo revient avec un film - très personnel aussi - sur ses années passées à Madagascar, celles où, petit garçon, il vécut une enfance heureuse et néanmoins, chargée d’inquiétudes, comme s’il se doutait qu’un jour, il allait devoir quitter cette île, dont il était loin de se douter alors qu’elle ne lui appartenait pas. Intime et en même temps historique, L'Île rouge est un film sensoriel, où tout est à la fois vrai et reconstitué. C’est donc, de ce fait, un film de cinéma ; un film, qui plus est, d’une grande beauté visuelle (photo et cadrages sont époustouflants), réaliste la plupart du temps, mais qui, pourtant, ose, s’aventurer, avec un bonheur fou, dans la fantasmagorie. Parce que L’Île rouge a été inexplicablement oublié par la compétition cannoise, accordons-lui ici la « Palme » du premier « grand film » à sortir en salles, après cette compétition. Poétique, politique et ensorcelant.
Une phrase
« Je ne crois pas beaucoup à l’autobiographie. Bien que dans ce film tout soit « vrai »… et bien qu’on ait tourné sur la base militaire où j’ai vécu enfant, L'Île rouge relève du pur imaginaire… Ce que j’ai essayé de faire, c’est de mettre mes souvenirs en perspective, non pour trouver une vérité historique ou autobiographique, mais plutôt pour créer un monde sensoriel celui de Thomas » ( Robin Campillo, cinéaste ).
L'auteur
Après des études à Aix en Provence, Robin Campillo, né au Maroc en 1962 d’un père sous-officier dans l’armée française, entre à l’IDHEC (ancêtre de la Fémis) en 1983 où il rencontre Laurent Cantet avec qui il montera en 1997 Les Sanguinaires, puis co-écrira et montera, en 2001, L’emploi du temps et en 2007, Entre les murs sacré Palme d’or à Cannes en 2008.
Parallèlement, il écrit, réalise et monte des films qui sont multi-récompensés, notamment, en 2004, Les Revenants ; en 2013 Eastern Boys ( Meilleur film international au Festival de Santa Barbara en 2014 ) et en 2017, 120 battements par minute, une œuvre magistrale sur les années Sida (Grand Prix, Queer Palm et Prix François Chalais au Festival de Cannes 2017, puis, la même année, Prix du Public au Festival de Cabourg, puis, en 2018, trois Césars, dont celui du meilleur film.)
L'Île rouge est le quatrième long métrage de ce cinéaste discret et réfléchi (quatre films seulement en dix-neuf ans), qui continue par ailleurs à collaborer, avec Laurent Cantet et Rebecca Zlotowski pour les scénarios et/ou le montage.
Commentaires
Quelle déception ! Pour avoir vécu à Madagascar lors de son indépendance je n’ai rien retrouvé ! Pas de beaux paysages (on ne sait jamais si on est sur les hauts plateaux ou au bord de la mer), caricature du milieu militaire français, le peuple malgache seulement présent à la fin, … et où en sont-ils 50 ans après ?
Quant à l’histoire de Fantomette…
Quelle déception.. ayant vécu sur la base à la même époque je ne reconnais pas grand chose et quel image vous donnez des militaires qui y séjournait aucune vue de Tana et son Zoma du vendredi même d'Ivato je ne reconnais que la chapelle...même l'entrée de la base n'avait pas de grille juste une chaîne...je n'avais pas pu voir le film à sa sortie et je me suis dépêchée de le commander qu'elle erreur et il y a bien eu deux militaires noyés mais ils ont été retrouvés et je n'ai jamais vu de croix dans l'étang au bout de la base
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