KO
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Thème
Cadre haut placé dans une chaine de télé, Antoine Leconte ( Laurent Lafitte) est un type aussi odieux que dominateur, autant dans son environnement professionnel que dans sa vie privée. Un jour, au terme d’une journée très oppressante, il est plongé dans le coma… Quand il se réveille, plus rien n’est comme avant. On lui a pris son bureau, on lui parle de haut, sa femme ( Chiara Mastroianni) vit avec un autre homme et, parce que les clefs en ont été changées, il ne peut plus rentrer dans sa maison. Rêve ? Réalité ? Cauchemar ? Complot ? Le spectateur est embarqué dans un drôle d’imbroglio. Antoine Leconte, lui est K.O.
- Le scénario est habile, qui, sous ses dehors de thriller, traite de la violence des relations dans les entreprises et au sein du couple, et qui, aussi, évoque le prix humain de certaines réussites.
- Ni réaliste, ni non plus franchement fantastique, K.O. est un film, si on ose dire, « transgenre », qui secoue la tête du spectateur dans tous les sens et, même, par moments, la met à l’envers. Si on se laisse aller, il déclenche une sensation d’apesanteur. A condition d’aimer les états seconds, entre réalité et illusion, vérité et mensonge, ce n’est pas désagréable.
- Une fois de plus, Laurent Lafitte démontre ici qu’il est un immense acteur, capable, en un quart de seconde, de transformer un type charmant, en tueur. Le comédien fascine par cette aptitude qu’il a à jouer dans une même scène des émotions contradictoires. A la fin de ce film, bien malin celui qui pourra dire si son personnage d’Antoine Leconte est devenu, ou pas, sympathique. Mais, entre la première et la dernière image, on aura vu un acteur nous inspirer tour à tour mépris et compassion, empathie et répulsion. Chapeau l’artiste ! A ses côtés, l’élégante Chiara Mastroianni joue, souverainement aussi, l’ambiguïté.
Points forts
- Le scénario est habile, qui, sous ses dehors de thriller, traite de la violence des relations dans les entreprises et au sein du couple, et qui, aussi, évoque le prix humain de certaines réussites.
- Ni réaliste, ni non plus franchement fantastique, K.O. est un film, si on ose dire, « transgenre », qui secoue la tête du spectateur dans tous les sens et, même, par moments, la met à l’envers. Si on se laisse aller, il déclenche une sensation d’apesanteur. A condition d’aimer les états seconds, entre réalité et illusion, vérité et mensonge, ce n’est pas désagréable.
- Une fois de plus, Laurent Lafitte démontre ici qu’il est un immense acteur, capable, en un quart de seconde, de transformer un type charmant, en tueur. Le comédien fascine par cette aptitude qu’il a à jouer dans une même scène des émotions contradictoires. A la fin de ce film, bien malin celui qui pourra dire si son personnage d’Antoine Leconte est devenu, ou pas, sympathique. Mais, entre la première et la dernière image, on aura vu un acteur nous inspirer tour à tour mépris et compassion, empathie et répulsion. Chapeau l’artiste ! A ses côtés, l’élégante Chiara Mastroianni joue, souverainement aussi, l’ambiguïté.
Quelques réserves
La trajectoire d’Antoine Leconte est-elle rêve ou réalité? On aurait aimé que le réalisateur donne quelques indices pour répondre à cette question. Il la laisse ouverte… C’est dommage, on quitte son film sur une impression d’inabouti et d’inachevé. Toute cette histoire d’un revirement de situation sociale, au fond, pour dire et démontrer quoi ?
Encore un mot...
Bâtir un polar psychologique sur une trame ancrée au départ dans une réalité sociale ( celle du monde de l’entreprise), puis bifurquant dans l’univers de la science fiction… L’idée était bonne puisque Fabrice Gobert réussit à nous captiver pendant les quatre premiers cinquièmes de son film. Dommage que le créateur de la série Les Revenants n’ait pas réussi à boucler son scénario.
Reste qu’il ne faut pas bouder son plaisir devant ce film étrange, porté par un Laurent Lafitte qui, au fil de ses rôles, est en train de devenir un acteur incontournable, que ce soit, comme ici, au cinéma, ou à la Comédie Française, cette grande maison de théâtre qu’il a choisi de rejoindre depuis maintenant quelques années.
Une phrase
« Avec Valentine Arnaud, ma co-scénariste, nous avions le désir de parler de la violence au travail, des rapports de pouvoir, du mépris, de l’incapacité qu’ont certains à se mettre à la place de l’autre…Mais nous ne voulions pas aborder ces sujets de manière frontale... Valentine a eu cette idée d’un scénario qui s’inspirerait… de ces comédies américaines où l’on voit la vie d’un type basculer dans un univers totalement différent de celui dans lequel il évoluait jusque là ». (Fabrice Gobert).
L'auteur
Né en 1974, Fabrice Gobert commence par faire des études de commerce, avant de se former au cinéma, notamment, de 1994 à 1998, à Paris III.
Il entre dans la profession en devenant assistant réalisateur sur des films documentaires et en tournant parallèlement son premier court métrage, Camille, qui est présenté dans de nombreux festivals. En 2005, dans le cadre de la série Lettre à un jeune cinéaste, il réalise pour Arte des rencontres filmées avec plusieurs réalisateurs dont Michaël Haneke et Lars von Trier.
En 2010, il écrit et tourne son premier long, Simon Werner a disparu, inspiré de ses années de lycée et qui est sélectionné au festival de Cannes dans la sélection Un certain Regard.
K.O. est son deuxième long. Entre temps, entre 2011 et 2015, ce cinéaste quadragénaire a réalisé treize des seize épisodes de la série Les Revenants, diffusée sur Canal+.
Commentaires
Monsieur PONCET,
Je trouve votre critique pertinente, mais j'aurais aimé avoir votre avis sur une interprétation possible du déroulement de ce film :
! DÉBUT DU SPOILER ! (Je mets juste ceci pour les personnes qui liraient votre critique et les commentaires associés avant d'aller voir le film).
"KO" me fait quelque peu penser à "Inception".
Tout d'abord, on sait que la deuxième partie du film relève de son imagination, Antoine étant dans le coma. C'est en effet la seule certitude qu'on peut avoir.
En revanche, pour moi, dans la troisième partie, Antoine est toujours dans le coma, mais rêve qu'il se réveille et qu'il retrouve sa vie telle qu'elle était dans la première partie. Deux indices qui me laissent penser ceci :
- La soi-disant infirmière, qu'il retrouve sur la pochette d'un de ses vinyls, afin d'expliquer au spectateur qu'il est toujours en train de rêver.
- Le bruit final de l'oscilloscope, qui annonce que son rêve est terminé et qu'il vient de décéder.
Ce n'est qu'une interprétation possible, elle n'engage que moi.
Mais qu'en pensez-vous, Monsieur PONCET ?
Là où le scénario est encore plus intriguant, c'est que la première partie pourrait également faire partie d'un rêve et qu'Antoine est tombé dans le coma avant le début du film.
En effet, lorsqu'Antoine et le personnage joué par Pio Marmaï observent le match de boxe au tout début du film, Antoine se trompe de prénom entre Anouk et Marie (je crois que c'est Marie, à vérifier). Or lorsqu'il se réveille dans la deuxième partie, il se trompe une nouvelle fois de prénom.
Cette erreur d'Antoine est en revanche le seul indice en faveur de cette hypothèse que j'ai pu retenir après visionnage du film. Après, peut-être est-ce simplement pour renforcer le côté volage d'Antoine.
En tout cas, toutes les phrases marquantes de la première partie se retrouvent dans la seconde (tout comme les personnages qui ont presque tous le caractère opposé à celui qu'ils avaient dans la première), ce qui permet ainsi de montrer aux spectateurs qu'Antoine ressasse bien sa vie d'avant (dans l'hypothèse où la première partie est bien réelle).
! FIN DU SPOILER !
Je ne sais pas ce que vous penserez de ces hypothèses, mais je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout.
Pour les internautes, je ne peux que vous conseiller d'aller voir ce film, pour ceux qui aiment Laurent Lafitte, un excellent acteur, et/ou pour ceux qui aiment les films aux multiples interprétations.
Bonjour,
En réponse au commentaire, il me semble au contraire évident que tout le film est un long coma et il y a plusieurs indices en ce sens. Après le combat de boxe, il passe chez une fille qui dit s'appeler Anouk mais qui, à la télé qu'il allume chez elle, présente la météo sur sa chaîne sous le prénom Inès. Au mur, il y a une affiche du film "l'enfer" de Clouzot. Sur son canapé, il fait une petite attaque cardiaque. Le lendemain, en réunion de travail, il est question de remplacer la présentatrice météo et miracle, l'une des possibilités est Inès, soit la Anouk connue la veille et qui présentait déjà la météo ! Comment aurait-elle pu présenter la météo la veille alors que le lendemain elle n'était pas encore choisi ?
Je pense que beaucoup d'indices sont disséminés dans le film... Pour moi le personnage d'Antoine Lecomte est dans le coma sur l'ensemble du film... Probablement victime d'un accident cardiaque peu après le combat de boxe, peut-être même avant et non pas dans le coma suite au coup de feu comme on pourrait être amené à le penser. On devine un personnage odieux, mysogine qui vit a cent à l'heure, gros fumeur, sortant une cigarette à la moindre situation. L'opération cardiaque est mentionnée. La plaie au thorax paraît non cicatrisée. A mon sens, Antoine est entre deux mondes, dans l'antichambre de la mort... A mi chemin entre l'enfer et le Paradis. Mais où va-t-il aller? On pourrait penser que chaque coup de tazer reçu dans le film correspond à un choc électrique pour refaire repartir le coeur... Et après chaque retour, le rêve prend un autre tournant, tout se mélange. Son coma lui permet de revivre des éléments de sa vie mais comme dans un rêve ou un cauchemar. Il ne maîtrise pas, l'activité cérébrale est non contrôlée d'où parfois les incohérences, les incompréhensions. Antoine est en quelque sorte au purgatoire, c'est ici que l'on décidera de quel côté il basculera... On comprend qu'il n'est jamais sorti du coma lorsqu'il aperçoit le boxer/SDF sous les arcades et qui disparaît mystérieusement, ces mêmes arcades où il rencontre "l'infirmière" qui au final n'a jamais existé et s'avère être la fille présente sur une pochette de disque. Son état comateux lui permet finalement de rêver ses excuses auprès de ses collaborateurs, de sa maîtresse (on peut penser qu'elle a vécu un avortement forcé) puis de sa femme. De cette façon Antoine se libère inconsciemment et se rachète juste avant son décès. La scène finale où on entend le son de l'oscillographe ne laisse à mon sens aucun doute quand à sa mort.
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