Knock
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Thème
Tout commence par une course poursuite effrénée dans un port qui pourrait se trouver dans le Sud de la France… Le pourchassé (Omar Sy) finit par échapper à ses poursuivants (dont Pascal Elbé), en s’embarquant in extrémis sur un bateau. Pour y accéder, il s’est déclaré « médecin ». Foutaise ! Mais, c’est à bord que l’ancien filou va commencer à potasser les manuels de médecine, se passionner pour ce métier et entrer petit à petit dans la peau du « docteur Knock »…
Après ce prologue mouvementé, on va le voir arriver, fringant jeune diplômé, dans le petit village de Saint Maurice. Décidé à faire fortune avec sa nouvelle fonction, il va appliquer une méthode qui va se révéler infaillible : convaincre chaque habitant que tout bien portant est un malade qui s’ignore… A force de séduction et de manipulations, il va parvenir à ses fins et devenir l’homme le plus riche de la région. Tout semble aller pour le mieux… Mais deux évènements vont arriver, que le « bon » docteur n’avait pas prévus…
Points forts
- Quel culot de la part de la réalisatrice Lorraine Levy de s’être emparée de Knock, ou le triomphe de la médecine, la pièce de Jules Romains, écrite en 1923, créée triomphalement par Louis Jouvet et immortalisée en 1953 par ce même comédien dans un film dont certaines répliques sont encore dans toutes les mémoires ! Quel aplomb de la part de la cinéaste d’avoir non seulement adapté, mais trituré, transformé cette œuvre grinçante et sombre pour en faire un film solaire et ludique, après en avoir déplacé l’action dans les années 50 ! Et quel toupet elle a eu de donner au personnage originel de Knock, usurpateur et inquiétant, une personnalité aussi humaine et chaleureuse !
Audacieuse jusqu’au bout, Lorraine Levy est allée jusqu’à faire endosser les habits de Knock à un acteur essentiellement connu pour ses performances comiques, totalement à rebours du créateur du rôle ! Et pour couronner le tout, elle s'est servie des qualités d’humanisme et de convivialité de la population de Saint Maurice.
- Ultra chic dans son costume prince-de-galles taillé sur mesures, Omar Sy, sourire aux lèvres, phrasé parfait, incarne sans doute idéalement le Knock rêvé par Lorraine Levy. Nul doute que la sympathique bonhommie qu’il affiche d’un bout à l’autre du film, va le consolider dans sa place d’acteur numéro 1 dans le cœur des Français.
- Autour de lui, la distribution est épatante ! Alex Lutz, Andréa Ferréol, Stéphanie Bataille, Audrey Dana, Ana Girardot, Pascal Elbé… tous les comédiens seraient à citer, car tous semblent s’amuser comme des fous. Leur plaisir est contagieux. Christian Hecq, notamment, compose un inénarrable facteur… La puissance comique de ce comédien est, décidément, incroyable…
Quelques réserves
On l’a bien compris, ce Knock 2017, entièrement vidé de la charge satirique dont l’avait lestée son créateur Jules Romains, qui spéculait sur la peur de la maladie et pointait, avec un humour grinçant, le charlatanisme, va sans doute provoquer des cris d‘orfraie chez les fans de l’œuvre originale. Et à juste titre. Le fait est qu’on est obligé de constater que la « solarité » bon enfant recherchée par Lorraine Levy pour moderniser cette œuvre de 1923 s’est faite ici sur le dos de son sens et de sa profondeur.
On s’interroge légitimement sur le bien-fondé de cette « reprise » (pour ne pas dire remake), qui aurait mis… huit ans à voir le jour… Pourquoi Lorraine Lévy n’a-t-elle pas consacré tout ce temps à écrire (et monter) un scénario original ? Son Knock va sans doute plus gratouiller que chatouiller !
Encore un mot...
Ce Knock lifté et ripoliné aux couleurs acidulées des années 50 pourra-il séduire? Oui, il le pourra sans doute, à condition d’oublier la force de l’œuvre originale, sa noirceur, son cynisme et son pessimisme; à condition aussi d’être client de ces comédies, bien ficelées et rythmées, qui ne cherchent pas midi à quatorze heures et sont portées par des acteurs bénéficiant d’un bon capital sympathie.
Incarné par un Omar Sy charismatique et chaleureux, ce Knock version Lorraine Lévy devrait faire le bonheur de tous ceux qui aiment aller au cinéma en famille, dans l’unique but de se détendre et d’être ensemble pour oublier les noirceurs de la vie.
Une phrase
« Tout en conservant les situations ou les répliques cultes chères au public (Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?), j’ai tenté d’ouvrir mon adaptation à plus de situations rocambolesques, de scènes de pure comédie, mais aussi à plus d’émotion. Je trouvais intéressant de donner au spectateur des clés pour comprendre Knock et lui permettre ainsi de souffrir et de rire par et pour lui ». (Lorraine Levy, scénariste-réalisatrice).
L'auteur
Fille de l’écrivain et résistant Raymond Lévy, sœur de l’écrivain Marc Levy, Lorraine Lévy, née en janvier 1959 à Boulogne-sur-Seine, commence par faire des études de lettres et de droit, puis entre dans une maison d’édition spécialisée dans les arts plastiques. Mais l’écriture et le théâtre la taraudent.
Pour porter les pièces qu’elle écrit à ses heures perdues, elle fonde, en 1985, la Compagnie de l’Entracte et devient en même temps scénariste, d’abord pour la télévision (La série Joséphine Ange gardien lui doit quelques épisodes), puis pour le cinéma. Elle signe notamment, en 2004, le scénario de « Ma meilleure amie » ,d’Elisabeth Rappeneau. La même année, elle se lance dans la réalisation, en portant pour le grand écran une histoire qu’elle a écrite, « La première fois que j’ai eu 20 ans », premier long métrage au générique duquel on trouve Marilou Berry. Elle récidive en 2008 en réalisant « Mes amis, mes amours », qu’elle a adapté du roman éponyme de son frère.
« Knock » est son cinquième film pour le cinéma, son premier avec Omar Sy, mais son troisième avec Pascal Elbé
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