Jusqu’au bout du monde

Pour son deuxième film en tant que réalisateur, Viggo Mortensen nous propose un western à la fois magnifique, sentimental, romantique et féministe. Par la même occasion, il offre aussi à Vicky Krieps un de ses plus grands rôles. Captivant…
De
Viggo Mortensen
Avec
Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

 L’Ouest américain, dans les années 1860. Après sa rencontre avec Holger Olsen (Viggo Mortensen), un immigré d’origine danoise, l’indépendante Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps), vendeuse de fleurs de son métier, accepte de le suivre dans le Nevada pour vivre avec lui. Mais lorsque la Guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager aux côtés des Nordistes. Restée seule, Vivienne se retrouve confrontée aux voyous de la région, notamment au maire corrompu de la ville (Danny Huston) et au fils d’un riche propriétaire terrien (Solly McLeod) qui se trouve être un salopard de première. Lorsque Olsen rentre, plus rien entre Vivienne et lui ne sera comme avant. Sauf l’amour qu’ils se portent… 

Points forts

  • Le genre du film. Jusqu’au bout du monde est un western, un vrai. Viggo Mortensen l’a nourri de ses ingrédients traditionnels, sans en oublier aucun : des fusillades aux chevauchées fantastiques, en passant par les bagarres, la splendeur grandiose des paysages, le saloon, les cow-boys plus ou moins virilistes ou machistes… Le « plus » apporté par le cinéaste est qu’il l’a nanti d’une personnalité inhabituelle. Pour la première fois,  c’est une femme forte et indépendante qui est au centre de l’histoire, ce qui fait de Jusqu’au bout du monde le premier western féministe de l’histoire. Autre  particularité : contrairement à d’habitude, ses personnages ne sont pas tous texans ou californiens. Viggo Mortensen, qui est un citoyen du monde, leur a injecté de la diversité.

  • La mise en scène. Elle est sobre et simple, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une belle élégance et une magnifique amplitude.  Autre « point fort » : elle ne comporte aucun anachronisme. Même la musique est dans le « jus » de l’époque.

  • Le duo Vicky Krieps et Viggo Mortensen fonctionne particulièrement bien. Son alchimie crève l’écran.

Quelques réserves

 Mis à part le tout premier plan du film qui risque de rester une énigme pour une majorité de spectateurs, aucune réserve.

Encore un mot...

Comment ne pas user de superlatifs à propos de ce western qui, tout en respectant les « clous » de la tradition, réussit à « flirter » avec la romance et à « refléter » les préoccupations féministes du monde d’aujourd’hui ? On a coutume de dire que les deuxièmes œuvres sont souvent moins abouties que les premières. Jusqu’au bout du monde fait mentir cette assertion. Viggo Mortensen est non seulement l’acteur que l’on sait depuis longtemps, mais il est aussi un réalisateur avec lequel il faut désormais compter.

Une phrase

« L’idée de ce film est née d’une image de ma mère… qui a grandi à proximité de forêts d’érables dans le Nord-Est des Etats-Unis près de la frontière canadienne. Je me suis imaginé qu’elle était l’un des personnages de ces vieux livres qu’elle lisait dans les années 30 et que j’ai conservés… Mon esprit m’a transposé au XIX° siècle, avant de divaguer vers une histoire d’amour. Je dédie ce film à ma mère car j’ai donné à Vivienne, mon héroïne, son tempérament. » ( Viggo Mortensen, acteur, scénariste et réalisateur). 

L'auteur

Acteur, réalisateur, scénariste, producteur, musicien, photographe, peintre, éditeur et poète américano-danois… Si l’ on devait résumer par un adjectif la personnalité de Viggo Mortensen, né le 20 octobre 1958 à New York d’un père danois et d’une mère américaine, ce serait « éclectique ».

Après avoir vécu ses onze premières années en Argentine où ses parents s’étaient installés après une première escale au Danemark, le petit garçon, devenu polyglotte, retourne vivre aux Etats-Unis pour suivre ses études. Celles-ci achevées, il repart au Danemark, puis en Angleterre, avant de revenir, en 1982, aux Etats-Unis pour y suivre une formation théâtrale, car il a décidé de devenir acteur. Dix années passent, pendant lesquelles il est cantonné à des rôles secondaires et où, pour vivre, il est tour à tour docker ou chauffeur de poids lourd. Sa carrière commence vraiment en 1991, lorsque Sean Penn lui offre un rôle d’ex-taulard dans The  Indian Runner. Il se lie  alors d’amitié avec Denis Hopper et enchaîne les tournages. Mais il lui faudra encore dix années pour atteindre une renommée mondiale : ce sera, en 2002, avec le rôle d’Aragorn, dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson.

Définitivement lancé sur le plan international, le comédien alternera ensuite grosses productions et cinéma d’auteur. Parmi ses films : Treize viesLes Crimes du futur, Green Book : sur les routes du Sud…

En 2020, il passe pour la première fois derrière la caméra avec Falling, un film sur les difficiles relations entre un père malade et son fils homosexuel, qu’il a écrit et produit. Jusqu’au bout du monde est le deuxième film de cet artiste aux multiples talents, qui, par ailleurs, est passionné de foot et de hockey sur glace, vote « écolo », est capable de s’exprimer en sept langues (anglais, espagnol, danois, français, italien, suédois et norvégien) et est aussi fasciné  par la légende du Roi Arthur.  

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