Juillet - Août

Un tendre récit d'apprentissage
De
Diasteme
Avec
Patrick Chesnais, Pascale Arbillot, Thierry Godard
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

C’est le début de l’été. L’école est finie . Laura (14 ans) et Joséphine (17 ans) sont en vacances. Filles de parents séparés, elles vont aller passer juillet avec leur mère et beau-père, dans un Sud assez bobo, plutôt aisé, et très « night-clubbé » (pardon pour ce néologisme anglophone !). Le mois d’août est prévu avec leur père, resté célibataire, dans une Bretagne assez rustique, plutôt isolée et très « balades-en –mer-par-temps-de-crachin ». 

Cet été là, à tous points de vue si contrasté, sera pour ces jeunes sœurs l’occasion d’un apprentissage, parfois perturbant.

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, écrivait Rimbaud. On l’est donc encore moins à quatorze… Mais le goût pour les bêtises et la transgression des interdits n’empêchent ni la tendresse,  ni l’envie  de grandir, ni le besoin de mûrir…

Points forts

- Et d’abord la surprise que nous fait  Diastème en changeant (une fois encore) de registre. On l’avait quitté (au ciné) sur le portrait coup de poing d’un  jeune skin en mal de rédemption, on le retrouve ici dans un très tendre récit d’apprentissage, celui de deux adolescentes, qui, comme  beaucoup de filles de leur âge, se cherchent à coup de provocs, de  rebellions, de fredaines et de p’tites folies.

- Parce qu’il fait la part belle, aussi, et sans chichi, à la vie quotidienne en famille, avec ses coups de gueule et ses grandes réconciliations, « Juillet Août » a le charme du vécu.

- La réussite de la distribution. Car l’interprétation est « nickel », tant en ce qui concerne les rôles des parents (Patrick Chesnais, Pascale Arbillot et le trop rare sur grand écran, Thierry Godard), que ceux des « ados ». Mention spéciale  pour les deux jeunes comédiennes qui interprètent les deux sœurs, Alma Jodorowsky  pour la grande et la malicieuse et effrontée Luna Lou pour la cadette. Cette dernière a tout de la graine de star.

- Les images de la baie de Bretagne où se passe le mois d’août du film, qui  sont  d’une amplitude magnifique.

- Les chansons, qui, signées Alex Beaupain pour les paroles, Frédéric Lo pour les musiques, Jérémie Kisling pour l’interprétation, enrichissent le film d’une dimension à la fois poétique et sentimentale.

Quelques réserves

Pour faire le lien entre les deux parties du film et sans doute en pensant que cela  lui donnerait de la tension, Diastème a imaginé une sombre histoire de vol de bijoux. Elle n’était pas nécessaire, d’autant qu’elle est assez nébuleuse.

Encore un mot...

Inutile de reprocher à ce film de n’être finalement qu’une chronique sur l’adolescence. Il n’a pas eu d’autre ambition. Il a été écrit comme cela, au fil de l’observation, sans aucun objectif de transgression ou de provocation. En leur temps « La Boom » ou « Diabolo menthe » n ‘avaient pas non plus révolutionné le cinéma. Et pourtant le public les avait aimés. On souhaite la même punition à ce « Juillet Août », élégant, rythmé, attachant, qui montre la vérité des êtres, adultes et ados, et dit, aussi, leurs interrogations.

Une phrase

« La cohabitation entre ados et adultes n’est ni exempte de tendresse (souvent non-dite), ni d’exaspérations (parfois bruyantes) ». Diastème

L'auteur

Patrick Asté, dit Diastème, est un créateur qui, s’il avait appartenu à la gente animale, serait sans doute né furet, puisqu’à l’instar de ce petit mammifère si facilement apprivoisable, et pourtant insaisissable, il passe par ici, mais repasse par là, sans qu’on sache jamais d’où il va surgir. Car voilà un homme qui, quand il n’écrit pas des pièces, des romans ou des scénarii, met en scène pour le théâtre, ou réalise pour le cinéma ou compose et interprète de la musique. Et cela dans un ordre qui, depuis quelques années semble aléatoire…

Quand il est ado, celui qui est encore Patrick Asté semble vouloir se consacrer à la musique, et d’ailleurs, il commence par faire des tournées rock. A vingt ans, changement de programme et de  patronyme, il bifurque vers le journalisme, puis, de fil en aiguille, se lance dans la littérature (il publie notamment en 1997, « Les Papas et les mamans »), le cinéma et le théâtre. Avec pas mal de bonheur, puisque sa première pièce « La nuit du thermomètre », vaut à ses deux comédiens principaux, Emma De Caunes et Frédéric Andrau, d’être nommés dans la catégorie « révélation théâtrale » aux Molière 2003. Suivront, entre autres,  en 2004,« 107 ans », adapté de son troisième roman, et, en 2009, « L’Amour de l’art » .

Côté cinéma, il commence par écrire des scénarii (dont « Coluche, l’histoire d’un mec ») et se lance dans la réalisation. Son premier long métrage, «  Le Bruit des gens autour », écrit avec Christophe Honoré, sort en juillet 2008.

En 2014, il réalise  « Un Français », un film tourné, sans gant, sur la trajectoire d’un skinhead d’extrême droite.

« Juillet-Août » est le troisième « long » de ce créateur atypique.

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