IRRÉDUCTIBLE

Jérôme Commandeur a mis en plein dans le mille. Aussi irrésistible et grinçant que potache et attendrissant, “Irréductible” est reparti de l’Alpe d’Huez avec le Grand Prix… Amplement mérité !
De
JÉRÔME COMMANDEUR
Avec
JERÔME COMMANDEUR, LAETITIA DOSCH, PASCALE ARBILLOT, CHRISTIAN CLAVIER…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Paisible employé aux « Eaux et forêts » à Limoges, Vincent Peltier (Jérôme Commandeur) profite au maximum de sa petite vie tranquille de fonctionnaire planqué. Quand une inspectrice ministérielle chargée de dégraisser la Fonction publique (Pascale Arbillot, formidable en garce sexy) lui propose un chèque de départ, il refuse. Entre cette dernière, coincée par son ministre (Gérard Darmon, libidineux à souhait) et lui, le rebelle réfractaire à tout va, commence alors une belle guerre des nerfs. Elle aura beau lui proposer, pour le dégoûter, des mutations dans les pires coins des territoires français, dont la jungle, le Groënland, etc., il va résister. Cela, pour ne pas perdre ce statut qui depuis son enfance, le faisait rêver pour tous ses avantages. Une femme (Laetitia Dosch) va surgir bien sûr. Une femme d’une générosité sans borne qui fera comprendre  à l’irréductible Vincent que le but de la vie, n’est pas seulement d’essayer d’en faire le moins possible, mais que ce peut être aussi de rendre des défavorisés plus heureux. Entre-temps, il va s’en passer de belles ...

Points forts

  • Pour son premier film en solo, Jérôme Commandeur est allé chercher son sujet dans un des pays rois de la comédie, l’Italie, qui se trouve être par ailleurs celui d’origine de sa mère et où il passa, enfant, toutes ses vacances. Complètement emballé par le film Quo Vado ?  de Gennaro Nunziante sorti sur les écrans italiens en 2016 et devenu depuis un phénomène de société en réalisant plus de 9 millions d’entrées (un record absolu, qui a balayé, là-bas, même Star Wars VII), il a eu l’idée de faire un remake de ce film qui chambre les fonctionnaires, en le francisant bien sûr, car l’humour dans le pays de Francis Véber n’est pas le même que dans celui de Vittorio de Sicca et en l’actualisant aussi, avec des thèmes devenus majeurs dans les années 2020, notamment ceux des migrants et des enjeux climatiques. Pour donner à son histoire encore plus de peps, il lui a rajouté des personnages, tous plus loufoques et improbables les uns que les autres. Et pour qu’on en retienne bien l’intitulé, il a choisi de lui donner un titre qui claque : Irréductible, en clin d'œil, bien sûr à l’intrépide Gaulois Astérix.
  • Son scénario relevant au bout du compte du petit chef d’œuvre, il n’a eu aucun mal à « débaucher »  parmi la crème des comédiens français. C’est ainsi qu’on retrouve à son générique non seulement Laetitia Dosch en femme moderne et généreuse, mais aussi, dans le désordre, Gérard Depardieu en défenseur poétique de la France, Christian Clavier en syndicaliste du rail, Valérie Lemercier en  désopilante scientifique spécialiste des ours polaires, etc…
  • Avec un casting comme celui-là, il a été hors de question pour le cinéaste de mégoter sur les moyens techniques. Il s’est donc offert le luxe de ne tourner qu’en décors naturels, ce qui a transporté toute son équipe du Groënland aux forêts tropicales. Le grand jeu quoi ! 

Quelques réserves

Franchement, on a beau chercher (dialogues, rythme, interprétation) on n’en voit pas

Encore un mot...

Après le demi échec de son premier film, Ma famille t’adore déjà, co-réalisé avec Alan Corno, fallait-il que Jérôme Commandeur puisse se rassurer avec un franc succès public pour retrouver le goût du cinéma ? En tous cas, il a attendu la fin de la triomphale tournée de son dernier one-man-show (Tout en douceur) pour retourner sur les plateaux de ciné, mais cette fois, en solo, avec la triple casquette de scénariste, de réalisateur et d’acteur. Le résultat de ce petit exploit pour un (presque) débutant en matière de réalisation est cette comédie à la fois tendre, grinçante et attendrissante, où il tient la barre du rôle-titre avec une maestria confondante. Il faut dire que pour ce film tourné entièrement en décors naturels, l’humoriste s’est entouré d’une équipe technique hors-pair et d’une escouade d’acteurs qui ne le sont pas moins. Irréductible a amplement mérité son Grand Prix au dernier Festival de l’Alpe d’Huez. Futé, désopilant et…généreux. 

Une phrase

« J’aime les comédies qui partent du réel. Souvent je parle avec des copains qui me disent « je ne suis pas entré dans l’histoire car je n’y ai pas cru ». Là je suis parti de quelque chose de concret, puis j’ai décidé de jeter Vincent dans une sorte de tambour de machine à laver ». ( Jérôme Commandeur).

L'auteur

S’il est presque un « bleu » en matière de réalisation ciné ( Irréductible est le premier film qu’il réalise en solo ), Jérôme Commandeur, né à Argenteuil en 1976, a déjà derrière lui une carrière très fournie, en tant qu’acteur et humoriste français. 

Si enfant, il rêve d’abord d’être commandant de bord, il passe, après son bac, une licence de lettres et se lance dans une maîtrise, qu’il abandonne pour assouvir sa passion pour le spectacle.

C’est en 1997 qu’il se fait connaître grâce à l’émission, sur M6, Graines de star, à laquelle il participe pendant deux ans, avant de partir sur F2 animer Rince ta baignoire et de collaborer, à partir de 2002 sur Canal + à l’Hypershow.

L’humoriste ne quittera plus la télé jusque dans les années 2010 où il va, en plus, enchaîner les rôles sur grand écran, essentiellement dans des comédies populaires  (Les Tuche, Rien à déclarer, Hollywoo…)

C’est pourtant à la radio qu’il va devoir sa notoriété. Europe 1 lui confie une chronique qui va cartonner. Après avoir navigué dans plusieurs émissions, il devient chroniqueur récurrent chez Cyril Hanouna, où parallèlement, ses imitations de personnages lui permettent de dévoiler une autre facette de son talent. Le cinéma le réclame de plus en plus, la scène aussi, où il revient au one-man show pour des spectacles qui ne désemplissent pas. 

En 2016, il se lance dans la réalisation de ciné en co-signant  Ma famille t’adore déjà.

Irréductible est son deuxième long métrage, mais le premier qu’il  a écrit et réalisé seul.

Et aussi

- EN ROUE LIBRE  de DIDIER BARCELO - Avec MARINA FOÏS, BENJAMIN VOISIN, ALBERT DELPY…

Louise, infirmière divorcée, est fatiguée, très fatiguée. Angoissée aussi, très angoissée. Un matin, elle monte dans sa voiture pour aller travailler… Paralysée par une crise de panique, elle n’arrivera plus à en sortir. Pour passer le temps, elle va rouler, puis s’arrêter à l’endroit même où un jeune (et tendre) malfrat prénommé Paul qui a décidé de voler un véhicule, monte dans le sien et démarre, avec elle dedans bien sûr. C’est le début d’un road-movie mouvementé, où ce drôle de tandem va faire de drôles de rencontres ( un vieil homme têtu, une autostoppeuse étrange, etc. ) qui va les rapprocher…

Quelle jolie surprise que ce premier long-métrage de Didier Barcelo (un nom à retenir)  aussi finement écrit qu’il est formidablement réalisé, et qui mélange les genres (road-trip, comédie loufoque et drame intime) avec une grande maestria. Chic, la distribution est à la hauteur de la réussite technique du film. Marina Foïs est sensationnelle en quadra  flippée. Quant à Benjamin Voisin, César du Meilleur Espoir pour Les Illusions perdues et qui ici fait penser à un Belmondo jeune, il confirme qu’il est un des meilleurs comédiens de sa génération. Singulier et captivant.

Recommandation : 4 coeurs

 

- ENTRE LA VIE ET LA MORT de GIORDANO GEDERLINI - Avec ANTONIO DE LA TORRE, MARINE VACTH, OLIVIER GOURMET…

Leo Castaneda est espagnol, mais il vit à Bruxelles où il conduit les métros de la ligne 6. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme désespéré au bord du quai, avant que ce dernier ne se jette sur les rails. Le suicidé est son fils, Hugo, qu’il avait perdu de vue depuis deux ans et dont il va découvrir qu’il était impliqué dans un braquage sanglant. Contre la police belge, il va mener sa propre enquête et finir par se trouver face à de dangereux criminels…

Pour son premier film en tant que réalisateur, Giordano Gederlini, le co-scénariste des Misérables de Ladj Ly propose un polar urbain âpre, noir et crépusculaire, avec des personnages très dessinés et très incarnés, se mouvant dans un Bruxelles qu’on découvre ici d’une surprenante photogénie. Si Entre la vie et la mort souffre à certains moments des défauts qu’ont parfois les œuvres des débutants (problèmes de rythme et de récit) , il est en revanche porté par une distribution qui fait oublier ses petites ratées. Olivier Gourmet est comme d’habitude impeccable, la trop discrète Marine Vacth joue les enquêtrices avec une détermination et un sérieux impressionnants. Quant à Antonio de la Torre, il laisse un souvenir ébloui de son rôle de père, taiseux, douloureux, prêt à tout pour venger son fils. Radical et efficace. 

Recommandation : 3 coeurs

 

LA TRAVERSÉE de VARANTE SOUDJIAN - Avec ALBAN IVANOV, AUDREY PIRAULT, LUCIEN JEAN-BAPTISTE…

 Après de longues et épuisantes tractations, deux éducateurs de bonne volonté ( Audrey Pirault et Lucien Jean-Baptiste ) ont obtenu l’autorisation d’emmener cinq adolescents en difficulté scolaire et familiale faire une croisière en Méditerranée. Hélas, une fois arrivés au bateau, un magnifique catamaran, ils tombent sur Riton ( Alban Ivanov, sensationnel). Mauvaise pioche : s’il est un excellent skipper, Riton est surtout un ancien flic de la BAC qui a tout quitté pour fuir ces « jeunes de banlieue » qui lui en ont fait voir de toutes les couleurs. La traversée qui doit durer une quinzaine de jours s’annonce mouvementée, orageuse et rocambolesque. Elle va l’être , évidemment, mais pas que…

Il est difficile de résister à ce film dont son réalisateur a coché toutes les bonnes cases. L’histoire, sympathique et émouvante, parle, sans mièvrerie, de l’altérité et du choc des cultures ; ses personnages (tous très bien incarnés) ont chacun une personnalité à la fois énervante et attachante ; ses dialogues sont aussi percutants que pertinents ; son décor (la Méditerranée) est de rêve et son message est optimiste. Ajoutez à tout cela, un rythme soutenu ( qui est loin de celui d’une croisière pépère ! ), une bonne dose d’humour, pas mal de burlesque et un peu de tragique. Au bout du compte, vous avez une des comédies familiales les plus divertissantes de ce début d’été.

Recommandation : 3 coeurs

 

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