Iris
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Thème
Librement inspiré du film « Chaos » d’Hideo Nakata, Iris est un thriller à nombreux tiroirs…
Tout commence par une banale scène de restaurant. A la fin d’un repas en amoureux, un homme, un riche banquier (Jalil Lespert) s’attarde pour payer l’addition, pendant que sa femme (Charlotte Lebon) va l’attendre dehors.
Il ne la reverra pas. Malgré la pluie battante, elle a disparu. Quelques plans plus tard, on la retrouve chez un garagiste très endetté (Romain Duris), à qui elle propose, pour une raison obscure, mais contre beaucoup d’argent, de simuler son enlèvement… C’est le début d’une histoire qui ne va pas cesser de rebondir, jusqu’à son incroyable dénouement…
Points forts
- Tiens ! Après son « Saint-Laurent » qui retraçait, avec autant de munificence que de minutie, la vie et l’univers du grand couturier, Jalil Lespert se lance dans le thriller. On aime bien son audace ! D’autant que pour cet essai dans un genre qui semblait assez loin de lui, le cinéaste nous a sorti le grand jeu et a travaillé sur la sophistication de son scénario. On met au défi les plus fins limiers de deviner la fin de cette histoire, bourrée de coups de théâtre, aussi tortueuse que pleine de sensualité plutôt débridée.
- Grand jeu aussi pour les décors. Jalil Lespert , qui a dû disposer d’un budget conséquent, nous balade beaucoup dans un Paris splendidement filmé (vues aériennes de la capitale, d’une grande beauté), des appartements haussmanniens vastes comme des palais, et des boîtes de nuit échangistes d’un luxe kitschissime. Mis à part l’atelier du garagiste, au rendu soigneusement crasseux, esthétiquement, tout ça a un chic fou !
- A décors somptueux, évidemment, casting cinq étoiles ! Avec d’abord, en tête de distribution, dans le rôle –titre, Charlotte Lebon. Retrouvant pour la seconde fois le réalisateur de « Saint-Laurent » ( dans ce film, elle était Victoire, le mannequin-muse du couturier), la comédienne canadienne joue ici les femmes fatales et sulfureuses, pour laquelle deux hommes vont se damner. C’est un contre-emploi pour la jeune femme réservée qu’elle est dans la vie. Mais elle le réussit avec une sensualité et un aplomb assez interloquants, jusque dans ses scènes (inattendues) de bordage.
Face à elle, dans le rôle du garagiste fauché et aux aguets, un Romain Duris, loin, lui aussi, de ses habituels personnages de séducteur. Ambigu, pervers, et fragile en même temps, il dégage une masculinité et une charge émotionnelle impressionnantes.
Jalil Lespert en personne complète le trio phare du film. Le comédien réalisateur est parfait dans son rôle de banquier dont le calme apparent cache des failles inavouables.
Quelques réserves
- « Qui trop embrasse mal étreint »... Une fois encore, on vérifie ici le bien-fondé de ce dicton. Certes, quand il s’agit d’un thriller, il est louable de multiplier les fauses pistes. Mais trop, c’est trop. On finit par se perdre dans le dédale des rebondissements de cet « Iris ».
- Autre point faible d’ « Iris », sa « sur-« esthétisation ».On comprend que Jalil Lespert ait voulu le réussir visuellement . Mais fallait –il autant en « lécher » chaque image ? Cela « glace » un peu le film, le met à distance du spectateur et gomme (malheureusement) son côté sulfureux, qui en faisait une de ses singularités...
Encore un mot...
Un thriller chic et choc qui, en plus, sent le soufre et joue, frontalement, sans complexe, avec les codes du film noir sensuel… On sent que Jalil Lespert a potassé ses Hitchcock et ses De Palma.
Son film soufre malheureusement d’une intrigue trop compliquée, et par moments, même, incohérente?
Ce mal (bénin) est en grande partie compensé par une distribution « épatante ». On n‘est pas prêts d’oublier la prestation ensorcelante de la ravissante Charlotte Lebon , ni celle, si magnétique de Romain Duris. Le film vaudrait le déplacement rien que pour ces deux-là…
Une phrase
« Ce que j’adore dans les thrillers », c’est qu’il y a la distance de la convention. Il s’agit vraiment de fiction, c’est comme un tour de train fantôme. Il ne faut pas prendre trop au sérieux les choses. Et faut avoir envie d’y croire pour que ça marche ». ( Jalil Lespert).
L'auteur
D’origine franco-kabyle, Jalil Lespert, né le 11mai 1976 à Paris, commence par faire des études de droit, pour faire plaisir à sa mère, juriste. C’est en accompagnant son père, comédien, au casting de « Jeux de plage », un court métrage de Laurent Cantet, qu’il décroche son premier rôle. Adieu le droit ! Le jeune homme se tourne vers le métier d’acteur. Ce sera d’abord, en 1997, « Sanguinaires », puis, en 1999, « Ressources humaines » du même Laurent Cantet. Sa prestation, dans ce film dont il est le seul acteur professionnel, lui vaut le César du meilleur espoir masculin.
Il enchaîne alors les rôles, jusqu’à ce qu’en 2007, il décide de passer derrière la caméra pour « 24 Mesures », avec Benoit Magimel. En 2011, il poursuit avec « Des Vents contraires », adapté du roman d’Olivier Adam. En 2014, son biopic « Yves Saint-Laurent », où il dirige Pierre Niney, reçoit sept nominations aux Césars 2015.
Le cinéaste, qui n’a jamais arrêté son métier de comédien sort aujourd’hui « Iris ». En tête de distribution de ce polar qui est son quatrième film, et dans lequel, pour la première fois, il s’est réservé un rôle, deux acteurs de haute envergure, Charlotte Lebon et Romain Duris.
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