Inferno
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Thème
Dans les rues de Rome, un homme court à perdre haleine pour échapper à ses poursuivants. Il finit par grimper au sommet d’une tour d’où il se laisse tomber pour s’écraser au sol. Peu après, un autre homme, le professeur Langdon lui-même, se réveille dans un lit d’hôpital à Florence avec un joli mal de crâne et la tête pleine d’hallucinations partagées par le spectateur : des rues débordant de cadavres, une mer de sang engloutissant les habitants, l’enfer… Une jolie doctoresse (interprétée par Felicity Jones) s’emploie à calmer notre professeur américain qui ne comprend pas ce qu’il fait à Florence. Mais très vite, il n’a plus le temps de penser. Une jeune policière débarquant à moto dégaine une arme pour l’occire. La doctoresse et son patient ont tout juste le temps de s’éclipser par une porte dérobée.
Commence alors une fuite éperdue à travers Florence, ses palais, ses églises et ses musées, itinéraire magique pour le spectateur, puis, sur le même rythme, à travers Venise et enfin, toujours en courant, à travers Istanbul la belle, où l’énigme sera résolue. Mais quelle énigme ? L’homme qui s’est suicidé à Rome est un milliardaire américain (joué par Ben Foster) qui a fomenté un complot destiné à détruire une grande partie de l’humanité. Le professeur est mêlé malgré lui à cette conspiration gigantesque que la mort de son instigateur ne peut arrêter. Le professeur va tout tenter pour faire échouer le terrible complot, aidé, ou pas, par la jolie doctoresse, par un Français soi-disant membre de l’OMS (Omar Sy) et par la directrice de l’OMS (Sidse Babett Knudsen). On aura compris qu’il s’agit d’empêcher une attaque bactériologique à l’échelle planétaire, excusez du peu.
Points forts
L’intrigue est à la fois simple et complexe, sérieuse et farfelue. Un milliardaire a consacré sa fortune à vouloir aider le genre humain… en l’éliminant. On a les bienfaiteurs de l’humanité qu’on peut. Celui-ci pense qu’on est trop nombreux sur terre, que la surpopulation nous conduit à une catastrophe humanitaire, une thèse qu’on a vu enfler ces dernières années. Autant la provoquer, cette catastrophe, pour sauver une partie de l’humanité, tant pis pour l’autre. Son projet ? Éparpiller dans un endroit où la foule est dense le virus de la peste. Le bienfaiteur a ses aficionados. Quand il meurt du haut de sa tour, ils vont continuer son œuvre, à moins que le professeur Langdon n’arrête les frais. Il y a donc une course contre la montre, contre la mort, qui ne laisse jamais en repos le spectateur venu pour ça.
L’intérêt des superproductions est de pouvoir louer des hélicoptères ou d’activer des drones pour revisiter les sites devenus patrimoines mondiaux de l’humanité. Quel régal de voir du haut du ciel, Rome, Florence, Venise, Istanbul, ces villes bonifiées par les siècles. On en voit ainsi les strates successives comme un puzzle savant et nécessaire. On ne s’en lasse pas.
Durant les deux premiers tiers du film, on visite donc Florence, ses palais, ses souterrains, ses entrées et ses multiples sorties secrètes. On s’accroche à l’écran au début et on ne s’en décroche plus. On emprunte le fameux Corridor de Vasari, passage protégé à l'époque des Médicis, qui part du Palazzo Vecchio, traverse la galerie des Offices, surplombe le Ponte Vecchio et arrive au Palais Pitti, utilisé par Langdon pour échapper à ses ennemis.
Pourquoi Inferno ? Parce que notre professeur a en main, venu d’on ne sait où, lui ne le sait pas, alors le spectateur…, une sorte de bâton électronique, qui projette une illustration d’un manuscrit de L’Enfer de Dante par Botticelli (1445-1510), conservé, s’il vous plaît, à la Bibliothèque apostolique vaticane. Cet instrument peut conduire le professeur vers la machine infernale. Comment ? Impossible à dire et pas sûr qu’en voyant le film des centaines de fois, on arrive à le savoir…
Quelques réserves
C’est un film d’action sacrément bien fait, et si l’on y réfléchit quelques secondes, on est perdu, c’est sans queue ni tête. Mieux vaut plonger sans trop se poser de questions.
Encore un mot...
La surpopulation galopante est un thème dans l’air du temps, on l’a dit. Dans « Le parfum d’Adam », publié en 2014, Jean-Christophe Rufin en fait le thème d’un roman écologique de haute tenue. Le roman de Dan Brown est plus fantaisiste sous ses airs d’érudition. Mais les deux concluent que la solution proposée, détruire une partie de l’humanité pour que l’autre survive dans de bonnes conditions, est parfaitement délétère, ouf ! Chez Rufin, on affine le projet : on détruirait seulement les pays pauvres. Pourquoi pas ? C'est cohérent… Chez Brown et par conséquent chez Howard, on ne fait pas dans le détail, c’est le monde entier qui est visé, et qui pourra s’en sortir ? Reste que l’élimination des humains par des virus ou par des moyens chimiques, ce n’est, aujourd'hui, pas que du cinéma. Mais restons dans le divertissement.
Une phrase
- « Florence est une ville splendide. Faire un mauvais plan ici est une chose impossible, il n’y a que beauté, mystères et énigmes ». Ron Howard
- « Nous créons notre propre enfer. L’ignorance est le principal danger auquel l’humanité est confrontée ». Tom Hanks
L'auteur
À 62 ans, Ron Howard reste fidèle à un filon qui lui vaut les foudres de la critique et la faveur du grand public. Avec « Inferno », c’est la troisième adaptation d’un roman de Dan Brown (200 millions de romans de cet auteur vendus à travers le monde), après « Da Vinci Code » (81 millions d’exemplaires vendus) qui a fait l’ouverture du Festival de Cannes en 2006, « Anges et Démons » (2009) et aujourd’hui « Inferno »; toujours avec l’inusable Tom Hanks en professeur Robert Langdon, à Harvard, spécialiste des symboles.
Ron Howard a été acteur dans une vingtaine de films et séries télévisées avant de passer à la réalisation, avec des hauts et des bas tant auprès de la critique que du public. Gardons les hauts : « Le journal » en 1994, « Apollo 13 » en 1995, « Frost/Nixon » en 2008, plus quelques bons thrillers comme « La rançon » (1996) et quelques films romanesques qui n’ont pas eu le succès qu’ils méritaient, tel « Horizons lointains » (1992).
Quant à « Inferno », on peut présager un bon succès public bien que la critique soit, paraît-il, vent debout aux Etats-Unis. À ce propos, il me souvient que les péplums de Cecil B de Mille étaient honnis par une partie des jeunes de la Nouvelle Vague. Aujourd’hui, le même Cecil B de Mille est adulé par les rats de cinémathèque. Comme le sera peut-être après sa mort Ron Howard (et aussi Claude Lelouch, dont on va revoir au cinéma une vingtaine de films comme « Un homme et une femme », palme d’or 1968, lui aussi traîné dans la boue par la critique intellectuelle – parce qu’il y a, selon toi, une critique manuelle ? me demandait perfidement une collègue. Ça m’avait bâillonné... Je répondrais aujourd’hui qu’il y a une critique pensante stalinienne qui démolit systématiquement des films drainant un nombreux public comme « L’Odyssée » récemment. Il suffit d’écouter « Le masque et la plume »).
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