INCROYABLE MAIS VRAI
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Thème
Tout commence d’une façon banale. Un couple en mal de tranquillité, Marie (Léa Drucker) et Alain (Alain Chabat) se porte acquéreur d’une maison, en apparence calme, jolie et pratique. Mais son vendeur les prévient que cette maison a un étrange pouvoir. Si on passe la trappe de sa cave, on est propulsé de douze heures en avant dans le temps, tout en rajeunissant de trois jours. De quoi déboussoler Marie la coquette qui va multiplier les visites dans ce lieu magique jusqu’à…mais chut !
Pour soigner sa déprime face au comportement de sa femme qui lui échappe de plus en plus, au sens propre comme au sens figuré, Alain, lui, va se prendre de passion pour la pêche à la ligne et se rapprocher de son patron (Benoît Magimel), un drôle de zozo un peu beauf sur les bords qui, pour plaire à son épouse (Anaïs Demoustiers) s’est fait greffer un sexe électronique. Et advienne que pourra , car l’engin peut être sujet aux ratées ! Dingue ce scénario? Oui et tant mieux !
Points forts
- Quand il est en « phase » réalisateur, Quentin Dupieux a tout d’un Lucky Luke de la pellicule : il sort des films plus vite que son ombre. Un an à peine après Mandibules et juste après la présentation en sélection officielle à Cannes de son dernier né, Fumer fait tousser (dont on attend la date de sortie ), voilà que son avant-dernier né débarque sur les écrans.
- Quand on est « barré », on le reste. Comme les films précédents du cinéaste, Incroyable mais vrai est donc évidemment placé sous le double signe de la fantaisie et de l’humour décalé. Sa grande nouveauté est de s’adresser cette fois-ci au grand public, mais sans céder un pouce de terrain à la loufoquerie dingo qui a fait sa singularité. Un joli grand écart ! Et cela en s’interrogeant en plus sur des questions aussi importantes que la masculinité, le jeunisme et la sexualité.
- Comme à son habitude, le cinéaste s’est entouré de comédiens qui ont su à merveille se couler dans son univers surréaliste. Léa Drucker restitue avec un premier degré touchant la pathétique quête de jouvence de sa Marie ; dans son rôle d’Alain, Alain Chabat interprète avec une douceur incroyablement candide les gentils timides ; Benoît Magimel incarne pour sa part les rouleurs de mécanique avec un sérieux hilarant. Quant à Anaïs Demoustiers, elle joue les maitresses plus plus plus avec une classe folle, sans avoir l’air d’y toucher. Un quatuor d’acteurs au sommet qui n’est pas étranger à la réussite de cette fable fantastique !
Quelques réserves
En l’occurrence, aucune. Quentin Dupieux ayant compris qu’au cinéma aussi les histoires les plus courtes sont parfois les meilleures, il s’est bien gardé d’étirer son scénario. Celui d’Incroyable mais vrai ne fait qu’une heure 18 ? Et alors ? On en sort malgré tout, heureux, rassasié « d’humour », avec le sentiment d’avoir fait le plein de gaieté.
Encore un mot...
Pour la sortie d’Incroyable mais vrai, Diaphana, son distributeur, a mis les petits plats dans les grands. Devant le succès du neuvième long métrage de Quentin Dupieux lors de son passage hors compétition au dernier Festival de Berlin, il a choisi de le diffuser en France sur 350 copies. Il faut dire que cette comédie, à la fois d’auteur et grand public (on assume cet apparent paradoxe), d’une loufoquerie et d’une drôlerie épatantes, est portée, on le répète par un quatuor d’acteurs impeccables de finesse et de fantaisie. Délicieusement grinçant et délirant.
Une phrase
« C’est clairement le film de Quentin que je préfère, justement parce qu’il touche à des questions profondes, du temps qui passe à l’usure du couple sans s’écarter d’une certaine étrangeté ou d’une loufoquerie totalement intégrée au propos. Ce qui renforce ce mélange de folie douce et d’interrogations très contemporaine, de la place des hommes et des femmes dans la société, à leur forme de compétition dans la séduction » ( Anaïs Demoustier ).
L'auteur
Né le 14 avril 1974, Quentin Dupieux est un artiste éclectique et multicartes qui cumule d’être à la fois compositeur de musique électronique (sous le pseudonyme de Mr Oizo), réalisateur et scénariste.
Quoiqu’il fasse, cet admirateur de Luis Bunuel et d’Alain Chabat se démarque de ses confrères. Impossible de le faire entrer dans le moindre moule. Quand il crée sous la casquette de Mr Oizo, ses compositions musicales sont fondées sur « l’inécoutable et l’envie de stopper la track ». Quand il tourne des films, il les place sous les signes du loufoque et de l’absurde.
Son premier film, réalisé en 2001 et qui s’intitulait Nonfilm était un « long métrage » de …47 mn sur une mise en abyme inracontable du tournage lui-même. Son second, Steak, en 2007, déroulait l’histoire abracadabrantesque de deux copains (Eric Judor et Ramzy Bedia) dont l’un se fait arrêter à la place de l’autre. Le troisième, Rubber, qui eut l’heur de participer à la Semaine de la critique à Cannes en 2010 retraçait, sur une musique signée… Mr Oizo, le parcours de Robert, un pneu, oui oui, un pneu, qui était pris de folie meurtrière en plein désert californien. Suivront six films tout aussi bizarres dont Au Poste en 2018, Le Daim en 2019, une comédie meurtrière avec Jean Dujardin et Mandibules en 2020, un délire absurde animé par deux potes un peu simples d’esprit qui s’entendent comme larrons en foire.
Incroyable mais vrai est le neuvième film de ce réalisateur hors norme qui observe notre époque avec une lunette assez déformante.
Et aussi
- JE TREMBLE, Ô MATADOR de RODRIGO SEPULVEDA- Avec ALFREDO CASTRO
Dans le Chili de 1986, sous la dictature de Pinochet, un travesti vieillissant, que tout le monde appelle « la folle », rencontre dans des circonstances inattendues Carlos, un jeune révolutionnaire hétéro et activiste du Front Patriotique. Ces deux êtres qui n’ont en apparence rien en commun (ni les idées politiques, ni la sexualité, ni la façon de vivre) vont pourtant créer entre eux des liens très forts, quoique ambigus . A un point tel que « la Folle » va accepter que son nouvel « ami », engagé dans un projet d’assassinat du dictateur au pouvoir, planque des armes chez lui…
Le cinéaste chilien Rodrigo Sepulveda (Aurora) a adapté le roman éponyme de Pedro Lemebel et l’a restitué sous la forme d’une (chaste) romance sous-tendue par un thriller politique. Non seulement son film, magnifié par une photo magnifique, est formidablement enlevé ( le scénario mixe adroitement suspense et peinture sociétale du Chili des années 80) mais il est aussi interprété par un Alfredo Castro bouleversant de courage et de mélancolie. Passionnant et émouvant.
Recommandation : 4 coeurs
- LE PRINCE de LISA BIERWIRTH- Avec URSULA STRAUSS, PASSI, NSUMBO TANGO SAMUEL…
Galeriste à Francfort, Monika n’a rien en commun avec Joseph, un diamantaire congolais en attente de régularisation, dont les combines plus ou moins légales le mènent régulièrement en prison. En dépit de leurs différences, ils vont tomber fous amoureux. Mais le doute va s’installer entre eux, et mettre à mal leur passion…
Pour son premier film, la cinéaste allemande Lisa Bierwirth a choisi le réalisme. Son film qui remet en question l’idée que l’amour peut triompher de tout, notamment des différences de culture et d’éducation, prend le contre-pied de la comédie romantique. Ce parti-pris de la relation d’un amour qui naît, puis se dissout sous les coups de boutoir du regard des autres et des échecs professionnels, puis, finalement renaît est ce qui le rend intéressant. Dommage que la cinéaste ne tienne pas le rythme de son scénario jusqu’au bout. C’est d’autant plus dommage que, du premier au dernier plan, les comédiens Ursula Strauss et Passi (oui, le chanteur dont c’est ici le premier rôle au cinéma) sont plus que convaincants.
Recommandation : 3 coeurs
- JE T’AIME… FILME MOI ! d’ALEXANDRE MESSINA- Avec CHRISTOPHE SALENGRO, MICHEL CREMADES, KARINE VENTALON…
Comment résumer ce film d’une originalité folle qui tient à la fois du reportage et de la comédie à l’italienne, un film qui relate les errances de deux frères très différents l’un de l’autre (l’un, très dégingandé, enfermé et nostalgique, l’autre petit, entreprenant, disert et gai ), partis sillonner les routes de France dans un petit camion, à la recherche de gens qui acceptent de répondre à cette question : « c’est quoi l’amour pour vous? » et, si nécessaire, à son corollaire : « Pour qui ? ». Le résultat est formidable, qui tient du kaléidoscope, où se mêlent, dans un joyeux charivari, réponses « fictionnées » et vrais témoignages. Ça tangue, ça valse, ça nous fait tour à tour rire et pleurer d’émotion. Dans un même procédé de méli-mélo, les interviewés sont, tour à tour aussi, des inconnus et des célébrités, comme Pierre Richard, Pierre Santini, Thomas Dutronc, etc… Il y a, en plus, des extraits de films, des rencontres, des séquences charmantes et d’autres plus poignantes. C’est gai, c’est triste, c’est nostalgique aussi parce qu’on y retrouve celui qui fut le président de Groland, le grand Christophe Salengro, disparu en 2018 des suites d’un cancer. Ce film foutraque aurait sans doute fait rire ce comique à l’irrésistible regard de chien battu. Tendre, sincère et singulier.
Recommandation : 4 coeurs
Commentaires
Film nul au possible, je suis parti 5 minutes avant la fin...Cela faisait des années que je ne voyais pas un film aussi con. Angoissant, pas drôle du tout et sans intérêt du début à la fin. Je déconseille fortement.
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