Il a déjà tes yeux
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Thème
Paul, fleuriste de son métier (Lucien Jean-Baptiste) est marié, et fou amoureux de sa femme, la belle et pétulante Sali (Aïssa Maïga). Tout irait pour le mieux, s’ils arrivaient à avoir un enfant.
Un jour, ils reçoivent le coup de fil qu’ils attendaient tant. La DASS les informe que leur dossier d’adoption est approuvé et qu’un bébé les attend.
Quand ils arrivent, surprise ! Certes, le bébé est un adorable petit garçon de six mois. Mais il est blanc et eux, sont noirs. La comédie démarre, qui va évidemment se jouer des clichés traditionnels, dans un grand maelström de rires, de cocasseries, de surprises, de chocs, et d’émotions…
Points forts
Quelle jolie idée, ce scénario autour d’une situation d’adoption encore inédite en France ! Elle a permis à Lucien Jean-Baptiste de tresser une réjouissante comédie sur la différence (un de ses sujets de prédilection), avec toute la tendresse qu’on lui connaît ; de parler, avec humour, du choc (inévitable) des cultures quand elles doivent se côtoyer ; d’aborder, aussi, les problèmes de l’assimilation, ceux de la transmission et de l’héritage, et surtout, de démontrer que l’amour est un sentiment qui annihile frontières et couleurs.
Pour en avoir vu de (trop) nombreux exemples, on sait que les films bâtis sur les bons sentiments basculent souvent dans le mélo larmoyant et/ou manichéen. « Il a déjà tes yeux » ne tombe à aucun moment dans ce piège. Même si on y rit parfois jusqu’aux… larmes, et qu’à d’autres moments, on y pleure d’émotion, ce film fait preuve, de bout en bout, d’une belle tenue émotionnelle, due, sans doute, au sens de l’autodérision, et à la pudeur de son auteur.
Le film a un bon tempo, ni trop rapide (les scènes ne sont pas « clippées »), ni top lent (aucun gag n’est «surexploité »). Résultat le comique de situations fonctionne à plein régime, sans embardée notable vers la caricature.
La distribution est épatante. Aïssa Maïga et Lucien Jean-Batiste forment un beau couple de parents, drôles, tendres, aimants et responsables à la fois. Leur bébé, Benjamin dans le film, Marius dans la vraie vie, est plus que craquant. Les seconds rôles sont formidables. Zabou Breitman est (comme à son habitude) plus que parfaite en assistante sociale un peu trop zélée et très suspicieuse, Marie-Philomène Nga est hilarante en grand-mère qui n’arrive pas à digérer l’arrivée d’un petit fils dont - c’est le moins qu’on puisse dire - elle ne rêvait pas ! Quant à Vincent Elbaz, il est à mourir de rire dans son rôle de meilleur copain des parents adoptants. Quelle composition pour ce (très grand) comédien ! Sa prestation, évoque ici celle d’un Patrick Dewaere.
Quelques réserves
Inutile de chercher la petite bête. Il faut regarder ce film, à hauteur d’écran, sans surplomb « intello », avec fraîcheur, disponibilité, et bonne humeur. Il sera parfaitement à sa place à L’Alpe d’Huez, qui est le festival référent en matière de comédie à la fois intelligente et populaire (non, ce n’est pas antinomique !).
Encore un mot...
Huit ans après « La Première étoile », Lucien Jean-Baptiste a donc choisi de revenir à son sujet favori, la différence, et dans une veine qui lui est chère, la comédie sociale. Il aurait pu faire moins bien. C’est dix fois mieux, mieux filmé, mieux rythmé, encore plus drôle, encore plus fin, encore plus truculent, encore plus tendre. On devrait sortir de ce film, heureux , un peu plus tolérant, et donc, un peu plus ouvert au monde.
Une phrase
« J’aime aborder dans mes films le problème de la diversité, du contraste noir-blanc, qui, outre des moments de comédie pure, génère de l’émotion et de la poésie. Quand on fait faire aux noirs des choses habituellement effectuées par des blancs, ça provoque de drôles de réactions ! C’est pour cette raison que j’adore les inversions de rôles ». Lucien Jean-Baptiste.
L'auteur
Né le 6 mai 1964 en Martinique, Lucien Jean-Baptiste a trois ans quand il arrive à Paris, où il vit depuis. Il commence par travailler dans la publicité et l’évènementiel.
Bien qu’il y réussisse il décide de tout plaquer, dix ans plus tard, pour réaliser un rêve d’enfant : être comédien. Il entre alors au cours Florent, et débute assez vite comme acteur de doublage (Il devient, entre autres, la voix régulière de Chris Rock et celle de Will Smith). Après quelques expériences théâtrales, il tient plusieurs petits rôles au cinéma.
En 2009, pour sortir des emplois standardisés dans lesquels on le cantonne, il écrit et réalise son premier film, « La Première étoile », une comédie en partie autobiographique, et dans laquelle il tient un des rôles principaux. Bingo : son film rafle deux prix au Festival de l’Alpe d’Huez ! Sa carrière de cinéaste est lancée.
En 2012, il réalise et écrit un très personnel « 30° Couleur ». En 2016, c’est « Dieu merci ! », qui revient, avec drôlerie et dérision, sur ses propres et difficiles débuts de comédien.
Moins de deux ans après, avec ce « Il a déjà tes yeux », le cinéaste confirme son goût pour la comédie sociale. Présenté en avant-première au dernier festival d’Angoulême, ce film, qui a pour thème l’adoption, avait fait un carton. Il s’annonce comme « LA » comédie française de ce mois de janvier.
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