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La Fondation Louis Vuitton présente en partenariat avec le Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et le Musée Pouchkine de Moscou une partie de la collection de Sergueï Chtchoukine (1854-1936), riche industriel et l'un des plus grands mécènes russes, visionnaire audacieux, admiré par les progressistes et violemment critiqué dans ses choix par la grande bourgeoisie réactionnaire de l'époque.
Il s'est d'abord intéressé aux paysagistes anglais et aux préraphaélites avant de se prendre de passion pour les impressionnistes et les avant-gardes français qu'il découvre à partir 1895 à Paris où Il rencontre Paul Durand-Ruel auquel il achète ses premiers Monet, Ambroise Vollard auquel il achètera 37 Matisse, les Stein et Daniel-Henry Kahnweiler. Il réunit ainsi au début du XX siècle une collection de 275 chefs-d'oeuvre qu'il rassemble au Palais Troubetzkoï à Moscou et qu'il ouvre au public trois jours par semaine. Les peintres de l'avant-garde russe y puiseront leur inspiration.
En 1918, il quitte clandestinement la Russie pour rejoindre sa seconde femme et leur fille à Paris. Sa collection est alors nationalisée par Lénine et installée au musée d'Etat de l'Art Occidental moderne à Moscou avec la collection Morosov.
En 1948 Staline ordonne la dispersion des collections de ce musée et ce sont les directeurs des musées de l'Ermitage de Leningrad et du musée Pouchkine de Moscou qui obtiennent l'exhumation et répartition de ces oeuvres.
Points forts
L'événement est tout simplement unique et extraordinaire et il faut saluer en tout premier lieu l'important travail des historiens d'art pour sortir de l'oubli Sergueï Chtchoukine et faire revivre sa collection incomparable. Toutes les volontés rassemblées et mises en oeuvre par le trinôme Fondation Vuitton/Musée de l'Ermitage/Musée Pouchkine pour présenter à Paris ces chefs-d'oeuvre de l'Art Moderne français sont phénoménales. Bravo à Bernard Arnault pour qui "le rêve est devenu réalité", à Anne Baldassari, commissaire de l'exposition, aux conservateurs de ces musées et ambassadeurs français et russes.
L'exposition s'ouvre sur deux beaux portraits de Sergueï Chtchoukine, l'un en buste (1915), l'autre en pied (1916), peints par Xan Krohn.
Le parcours se déroule en 13 grandes séquences permettant de suivre l'évolution des goûts artistiques du collectionneur, des toiles romantiques et symbolistes jusqu'à la modernité éclatante de Matisse et Picasso.
Quatre salles proposent en fin de parcours une confrontation entre peintres français et peintres de l'avant-garde russe : Malévitch, Rodchenko, Tatline, Klioune...
On peut admirer entre autres 23 Matisse sur les 37 de la collection initiale, 29 Picasso sur les 50, 12 Gauguin sur les 16, 8 Monet sur les 13 ainsi que 8 Cézanne, des Derain, Courbet, Degas, Pissaro, Renoir, Signac, Van Gogh, Douanier Rousseau, Braque...
C'est époustouflant !
Un coup de coeur particulier pour le Salon Rose où sont rassemblés 13 tableaux de Matisse, d'une beauté à couper le souffle.
Quelques réserves
Le seul point faible est l'affluence de monde ! Donc armez-vous de patience pour faire la queue à l'entrée de la fondation puis à l'entrée de chaque salle. Mais vous ne le regretterez pas.
Encore un mot...
C'est un événement exceptionnel pour une collection éblouissante.
Précipitez-vous !
Une phrase
- Matisse : "Quand je ne voulais pas me séparer d'une toile, je disais "celle-là je l'ai ratée". Je vais vous monter autre chose..."
- Chtchoukine à Matisse : "Je prends finalement celle que vous avez ratée."
La réaction:
Klioune: "parmi les artistes russes d'avant-garde, déjà à cette époque, s'était établie l'opinion que ce n'était pas l'académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg qui était chez nous la plus grande école artistique, mais la galerie de Sergueï Chtchoukine (...) Pour nous qui voyions pour la première fois les oeuvres d'illustres artistes français contemporains, des peintres splendides, l'impression fut tout simplement stupéfiante."
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