HHhH

On aura toujours du mal à comprendre comment est-ce possible...
De
Cédric Jimenez
Avec
Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O'Connel, Gilles Lellouche
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Après avoir été radié de l’armée régulière allemande pour  avoir couché avec une prostituée alors qu’il était fiancé, l’officier Reinhard Heydrich va sous l’impulsion de sa promise, s’initier à l’idéologie nazie, dont il devient un soutien fervent et actif. Missionné  assez vite par Himmler pour concevoir la « solution finale » (extermination totale des juifs), il crée les Einzatzgruppen  (unités chargées des tueries de masse) et devient l’un des hommes les plus dangereux et cruels du régime. Nommé à Prague pour prendre le commandement de la Bohême-Moravie, on va le surnommer le boucher de Prague.

Deux résistants vont se dresser face à ce monstre; deux jeunes soldats, l’un tchèque, l‘autre slovaque. Ils réussiront à éliminer  Heydrich. Le cours de l’Histoire basculera, mais à quel prix !

Points forts

- Quand on évoque les principales figures de la barbarie nazie, certains noms, comme celui d’Himmler et Goering, surgissent aussitôt dans les mémoires. Celui de Reinhard Heydrich est moins connu. Ce hiérarque fut pourtant l’un des pires du régime hitlérien. En 2009,  un livre signé Laurent Binet,  HHhH avait retracé le parcours de cet homme.  Pour ceux qui n’ont pas lu ce livre (prix Goncourt du premier roman en 2010) et  ceux qui s’intéressent à l’histoire du nazisme, le film de Cédric Jimenez , co-écrit avec David Farr ( le directeur adjoint de la Royal Shakespeare Company) est très intéressant. On y voit notamment les ravages de l’idéologie nazie sur un homme, au départ « ordinaire », amateur de musique, bon mari et bon père. On y redécouvre aussi les monstruosités du  régime nazi envers les juifs et les opposants. A travers le portrait d’un homme, voici, écrite en images, une page terrible de l’Histoire de la fin de la  première moitié du XXème…

 - La mise en scène de ce HHhH est adroite, pleine de relief et de lyrisme. Cedric Jimenez connaît son alphabet cinématographique par cœur et il le montre et il en joue. Son image est belle, très « hollywoodienne ».

 - Force de jeu, gestuelle minimaliste, regard d’une acuité impressionnante, …l’interprétation de Jason Clarke en Heydrich est exceptionnelle. A aucun moment, il ne cherche à atténuer l’abjection  et la rigidité psychique de son personnage. Silhouette diaphane, blondeur aryenne, dureté sans faille,  Rosamund Pike, qui joue sa femme, impressionne tout autant.  Le reste du casting est excellent aussi.

Quelques réserves

Quel dommage que le film soit scindé en deux : d’abord, une première partie consacrée à Heydrich (ascension, prise de pouvoir et assassinat) puis,  une seconde, dédiée à la  Résistance  (portraits de ces hommes, formation de leur réseau, préparation de l’assassinat de Heydrich et extermination).

Cette construction en deux volets  retire de sa force au film. Après la mort de Heydrich, HHhH relève du simple film de guerre avec son lot d’horreurs; horreurs, qui plus est, on peut  le déplorer,  (trop) complaisamment  filmées. Ce volet n’apporte rien à la réflexion suscitée pendant le précédent, à propos de  la fascination du nazisme sur une grande partie d’un peuple.

Encore un mot...

Les lecteurs de Laurent Binet trouveront sans doute que ce film rend peu compte du vertige romanesque et historique suscité par son livre. Mais ceux qui ne connaissent pas ce récit  regarderont ce HHhH signé Jimenez avec intérêt, ne serait-ce que parce qu’il pose une question encore d’actualité aujourd’hui : comment une idéologie peut-elle  conduire un homme à la déshumanisation et le transformer en monstre ? Pour cette raison, et aussi son interprétation, ce film, malgré ses défauts (grandiloquence de certaines séquences  et déséquilibre du scénario) vaut d’être vu.

Une phrase

« Les hommes comme Heydrich sont tellement négatifs et épouvantables qu’on a tendance à croire qu’ils n’existent pas d’un point de vue biologique. L’humaniser n’était pas mon but. Je voulais seulement le faire exister en tant qu’être humain, et montrer que, aussi mauvais soient-ils, on peut croiser des hommes comme lui dans la rue » (Cédric Jimenez).

L'auteur

Né le 26 juin 1976 à Marseille, Cédric Jimenez débute sa carrière cinématographique par le documentaire. En 2003, de retour en France après un long séjour à New York, il  signe " Who’s The B.O.S.S.", un, reportage sur  le label de musique hip hop qui a vu naitre notamment NTM. Il participe ensuite à l’écriture de Scorpion (signé Julien Séri), qui porte sur la résurrection d’un boxeur thaï déchu.

 En 2012, il passe à la réalisation. D’abord, cette année là,  en tandem -il co-signe  Aux Yeux de tous avec Arnaud Duprey-, puis tout seul, en 2014,  avec "La French", un polar qui s’inspire de l’assassinat du juge Michel dans sa ville natale.

"HHhH" est son troisième long métrage. Pour le tourner, il a obtenu un casting international.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Vous pourriez aussi être intéressé