Green book : Sur les routes du Sud
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Thème
En 1962, Tony Lip, un videur de boite de nuit italo-américain connu pour sa débrouillardise, sa truculence et son coup de poing facile (Viggo Mortensen), est engagé par Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale (Mahershala Ali). Son job ? Conduire et protéger ce dernier lors de la tournée qu’il va entreprendre dans le Sud américain ségrégationniste. Durant son périple, le tandem va s’appuyer sur le Green book, un guide qui répertorie alors les établissements accueillant les afro-américains, et où, donc, Shirley ne sera ni humilié, ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement pour les droits civiques est alors encore balbutiant, Tony et Shirley vont être confrontés au pire. Malgré leurs différences et leurs différends, ils vont finir leur épopée comme les deux doigts d’une main, unis par leur générosité, leur humour, leur rejet pour toute forme de discrimination…
Points forts
- C’est une histoire tellement forte, tellement poignante, à la fois tellement enthousiasmante et tellement révoltante qu’on pourrait la croire sortie de l’imagination, souvent très féconde, des scénaristes américains. Et pourtant elle est vraie. Les deux personnages du tandem du film ont bel et bien existé. Don Shirley, le pianiste, et Tony Lip, son chauffeur-leurs noms n’ont pas été modifiés- ont vraiment accompli un voyage dans le Sud si raciste de l’Epoque et il sont réellement devenus amis.
- Si Green book…existe aujourd’hui, c’est grâce au fils ainé de Tony Lip, Nick Vallelonga. Aujourd’hui producteur et réalisateur, il y a des années qu’il rêvait d’un film sur son père, tant, dit-il, « il était un personnage hors du commun, truculent et fantasque ». Et dans ce but, il l’avait fait beaucoup parler au crépuscule de sa vie.
- Quand en 2013 son père, puis Don Shirley décédent, Nick Vallelonga décide qu’il est temps de raconter leur histoire. Pour des raisons évidentes de distanciation, il confie les rennes du projet à Peter Farrelly qui justement, cherche un sujet de drame. Les deux hommes développent ensemble le scénario.
- Pour interpréter les deux du duo, ils font appel à Marhershala Ali, l’acteur oscarisé de Moonlight et à Viggo Mortensen, l’acteur que l’on sait.
- Portés par un script du tonnerre et des dialogues percutants, les deux comédiens sont magnifiques. En videur de boite de nuit italien lourdingue et mal élevé, Viggo Mortensen, qui a pris quinze kilos pour le rôle et a appris à parler comme de Niro, est aussi drôle qu’ahurissant. En pianiste aussi virtuose que coincé, seul et arrogant, Mahershala Ali est tout aussi époustouflant. Il vient d’ailleurs de rafler un Golden Globe.
Quelques réserves
Je n'en vois aucun.
Encore un mot...
C’était son premier film en solo. Il ne l’a pas raté. Avec Green Book : sur les routes du Sud, Peter Farrelly signe le road movie le plus captivant qu’on ait vu depuis longtemps. Aussi drôle qu’émouvant, il réussit à être, à la fois, très feel good et à porter, sans aucune pesanteur idéologique, une réflexion sur le racisme et les inégalités. Enthousiasmant, on vous dit !
Une phrase
«A bien des égards nous sommes aujourd’hui encore confrontés aux mêmes problèmes que ceux qui sont décrits dans le film. Green book : Sur les routes du Sud dresse un parallèle entre l’Amérique de 1962 et celle de maintenant par le biais d’images et de concepts miroirs. Je pense que les spectateurs trouveront cela aussi révélateur que divertissant ». ( Viggo Mortensen, comédien)
L'auteur
Réalisateur, producteur, scénariste et romancier, Peter Farrelly , né le 17 décembre 1956 au Rhode Island, est aujourd’hui connu dans le monde entier pour les comédies, à la fois décalées, irrévérencieuses et touchantes qu’il a signées avec son frère Bob. On doit au duo d’énormes succès comme Mary à tout prix (1998), Kingpin ( 1996), l’Amour extra large (2001), Deux en Un (2003) ou encore Dum & Dumber (1994) qui a lancé la carrière de Jim Carrey.
Il y a longtemps que ce créateur aux multiples talents voulait réaliser un film dramatique. Mais il attendait, dit-il, "la bonne histoire ". Il l’a trouvée avec ce Green Book : Sur les routes du Sud. Formidablement accueilli à sa sortie aux Etats-Unis (Golden déjà empochés, Oscars en vue), ce film devrait, selon toute vraisemblance, recevoir le même type d’accueil en France. Pour lui , Peter Farrelly a travaillé pour la première fois sans son frère, mais s’est adjoint, pour l’écriture du scénario, les services du fils de Tony Lip, Nick Vallelonga, .Un tandem de grands cinéastes pour écrire un film sur un duo... Il y avait peu de chances que leur « coup » soit raté !
Et aussi
- « La Mule » de Clint Eastwood, avec Clint Eastwood, Bradley Cooper, Alison Eastwood…
A bientôt 90 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Son entreprise d’horticulture a fait faillite et risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot en apparence tranquille, chauffeur. Sans se douter, qu’en fait, il va convoyer de la drogue pour un cartel mexicain. Quand il s’en rend compte, c’est trop tard. Il est pris au piège. Un piège dont il cherche à d’autant moins à se dépêtrer qu’il va se révéler de plus en plus lucratif, au fur et à mesure que ses cargaisons de drogue vont augmenter. Quand il roule, Earl a une paix royale, son âge lui sert d’alibi. Qui pourrait soupçonner un monsieur d’âge canonique de transporter de la drogue ? Jusqu’au jour où un agent de la DEA (Bradley Cooper) va se lancer à ses trousses…
Il fallut toute la force d’une histoire vraie pour donner envie à Clint Eastwood de revenir devant et derrière la caméra. Parce qu’il a une personnalité bien affirmée, celui qui est l’un des derniers géants d’Hollywood a une fois de plus réalisé un exploit : signer un film personnel avec une histoire qui ne lui ne lui appartenait pas. Non seulement La Mule est un thriller en forme de road movie, mais c’est aussi un drame crépusculaire sur un homme qui se rend compte qu’à force de bourlingue, il est passé à côté de sa vie.
Même s’il souffre par moments d’un peu trop de lenteur (mais on sait que Clint n’est pas amateur d’ellipses !), La Mule est un film qui captive, émeut et aussi fait sourire par son autodérision. A 88 ans, le grand Eastwood, 38 films à son compteur de réalisateur, montre qu’il n’a pas dit son dernier mot.
Recommandation : EXCELLENT
-« L’Ordre des médecins »- de David Roux- Avec Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot…
A 37 ans, Simon est un médecin aguerri. L’hôpital, c’est sa vie. Dans son service de pneumologie, il a appris à côtoyer la maladie et à affronter la mort. Le jour où sa mère est hospitalisée dans un état critique, ses certitudes vacillent, son univers s’écroule…
Décidément depuis Hippocrate (Thomas Lilti, 2014), les films sur le milieu médical s’invitent plus souvent sur le grand écran. Quatre mois à peine après la sortie de Première année (du même Thomas Lilti), voici l’Ordre des Médecins. Il faut dire d’emblée que ce film, le premier de David Roux, est remarquable par la précision de la reconstitution de l’univers hospitalier, la force de son scénario, la justesse de ses dialogues, l’humanisme tendre qui se dégage de chacune de ses scènes et aussi l’engagement de ses interprètes, dont Jérémie Rénier, qui démontre, une fois encore, à quel point il est un grand acteur. Et puis, quel plaisir de revoir Marthe Keller. Dans son rôle de mère qui sent qu’elle va devoir lâcher prise, elle est bouleversante.
Recommandation : EXCELLENT.
-«Yao » de Philippe Godeau- Avec Omar Sy, Lionel Louis Basse…
Seydou Tall, un célèbre acteur français, est invité à Dakar pour promouvoir son nouveau livre. C’est la première fois qu’il se rend dans son pays d’origine. Quand il arrive, il rencontre Yao, un garçon de treize ans qui, à l’insu de sa famille, a fait, seul, 387 kilomètres pour l’approcher. Très touché, le comédien décide fuir ses obligations et de raccompagner l’enfant chez lui, en voiture. Au fil de la route, Seydou va s’apercevoir qu’en fait, il roule aussi vers ses racines…
Omar Sy, tête d’affiche et co-coproducteur…Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le comédien préféré des français, a mis beaucoup de lui même dans ce Yao, écrit « sur mesure » pour lui, sa sensibilité, sa joie de vivre, sa générosité. Ce Seydou Tall, si populaire et si solaire, fils d’africain devenu star, homme taraudé par ses obligations de père, c’est son double de ciné, bien sûr, un peu fictionnel, très personnel. Il l‘interprète évidemment, avec une sincérité et une justesse touchantes. Sous la splendeur ocre des paysages africains, Yao est teinté du gris de la mélancolie. Joyeux et bon enfant dans sa forme, ce road movie sur un « retour au pays de ses ancêtres » est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Visuellement, il est splendide.
Recommandation : BON
-« Continuer »- de Joachim Lafosse- Avec Virginie Efira, Kacey Mottet Klein…
Sybille, mère divorcée, ne supporte plus de voir Samuel, son ado de fils, sombrer dans la violence. Dans l’espoir de le retrouver et le ramener à la raison, elle l’entraine chevaucher, pour un long périple, à travers le Khirghiztan. Ensemble, ils vont affronter beaucoup de choses, un environnement aussi splendide qu’hostile, une culture qui leur est étrangère et surtout…eux-mêmes !
Sur le papier, tout semblait réuni pour que Continuer soit un beau film. Il était adapté d’un roman fort et bouleversant de Laurent Mauvignier, sa réalisation était prise en mains par un homme qui sait, d’habitude, ce que (bonne) réalisation veut dire, ses décors promettaient d’être splendides et son casting était alléchant. Las ! Si effectivement les paysages sont grandioses et les acteurs justes, entre ces derniers, rien ne fonctionne. La faute en incombe en grande partie à des dialogues d’une platitude consternante ( trois scénaristes quand même !) . Le résultat est ce road movie totalement dépourvu d’enjeu psychologique et d’émotion. Restent le dépaysement et la beauté sauvage des chevaux. Ce n’est pas tout à fait rien, mais au bout d’un moment, on a envie de dire stop à ceContinuer.
Recommandation : BOF !
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