FUMER FAIT TOUSSER
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Thème
Ça commence bien ! Affublés de ridicules combinaisons de latex bleu électrique, cinq zozos, copies parodiques de « super-héros » réunies sous le nom de Tabac Force (Anaïs Demoustiers, alias Nicotine ; Gilles Lellouche, alias Benzène ; Vincent Lacoste alias Méthanol ; Jean-Pascal Zadi alias Mercure et Oulaya Amamra alias Ammoniaque) s’acharnent à zigouiller une tortue très effrayante, essentiellement en lui balançant de la fumée de cigarette. Ils y arrivent, mais question cohésion du groupe, ce n’est pas vraiment ça.
Pour remédier à leur difficulté à travailler en groupe, leur « patron », chef Didier, un rat libidineux et baveux ( à qui Alain Chabat prête obligeamment sa voix ) les envoie en retraite à la campagne. Chacun des membres du quintette va y aller de sa petite histoire. Ç’est gratiné ! Mais seulement en apparence parce que sous ses allures de farce parodique, Fumer fait tousser est finalement très connecté au réel, notamment à l’état de la planète par exemple.
Points forts
- Il est insaisissable Quentin Dupieux, un peu comme le furet de la fable, toujours à courir , mais il ne réapparaît jamais là où on l’attend. On l’avait quitté dans une drôle de maison hantée pour une histoire d’aujourd’hui assez macabre ( Incroyable mais vrai), et voilà que, sous le prétexte qu’il adorait ça quand il était petit, on le retrouve dans une parodie des films de super-héros des années 80. Evidemment son film a "d' la gueule “, qui relate les aventures de cinq justiciers aux bras cassés, réunis en bande pour nettoyer la planète de tous ses pollueurs et empêcheurs de tourner en rond, avec une arme soi-disant imparable : de la fumée de cigarette, censée filer le cancer. Loufoque et « abracadabrantesque », ce scénario ? Mais c’est cela qui décoiffe, transporte et fait son charme
- Comment résister à ses personnages qui se trimballent dans des combinaisons grotesques, tous plus « branques » et « siphonnés » les uns que les autres et dans la bouche desquels le cinéaste a placé des répliques irrésistiblement drôles ? Comment ne pas s’esclaffer devant les aventures effrayantes et même un peu gore, qu’ils se racontent entre eux pour se faire passer pour des super-héros ? On rit, évidemment, mais parfois jaune lorsque leurs histoires se rapprochent un peu trop du réel. Car c’est bien là que se niche la nouveauté de ce nouveau film : derrière la farce, on peut voir un état de notre monde qui n’est ni rassurant, ni joli-joli.
- Forcément, quand un réalisateur a cette force de loufoquerie et de parodie là, il attire les acteurs sûrs de trouver avec lui l’occasion de s’échapper des films trop formatés. Depuis quelques années, (presque) toutes les stars en mal de “ rigolade" veulent tourner avec lui. Le résultat est que tous ses castings sont en or. Au générique de ce film: Jean-Pascal Zadi, Vincent Lacoste, Oulaya Amamra, Anaïs Demoustiers , Alain Chabat et Gilles Lellouche. Un régal.
Quelques réserves
Le film étant une comédie à sketches, ces derniers n’ont pas tous la même force comique.
Encore un mot...
Des casting “béton”, des budgets en hausse et une notoriété grandissante…Malgré ses univers improbables, son impertinence décalée, ses blagues potaches (parfois « à deux balles »), et ses scénarios qui osent tout, Quentin Dupieux est assurément le cinéaste qui monte, qui monte. Tant mieux ! Il est celui qui nous rappelle nos « récrés ». On regarde ses films, et on a l’impression d’avoir 8 ans. Ça fait un bien fou !
Une phrase
« Heureusement pour le moral des spectateurs, Fumer fait tousser se contentera de remplir joyeusement sa fonction de divertissement inconséquent, sans imposer de discours ou de morale. Et ceux qui souhaiteront oublier leurs soucis en se payant une bonne tranche de rigolade n’y verront probablement que du feu. Le feu de la cigarette dont il est ici question » (Quentin Dupieux, réalisateur).
L'auteur
Né le 14 avril 1974, Quentin Dupieux est un artiste éclectique et multicartes qui cumule d’être à la fois compositeur de musique électronique (sous le pseudonyme de Mr Oizo), réalisateur et scénariste.
Quoiqu’il fasse, cet admirateur de Luis Bunuel et d’Alain Chabat se démarque de ses confrères. Impossible de le faire entrer dans le moindre moule. Quand il crée sous la casquette de Mr Oizo, ses compositions musicales sont fondées sur « l’inécoutable et l’envie de stopper la track ». Quand il tourne des films, il les place sous les signes du loufoque et de l’absurde.
Son premier film, réalisé en 2001 et qui s’intitulait Non film était un long-métrage de …47 mns sur une mise en abyme inracontable du tournage lui-même. Son deuxième, Steak, en 2007, déroulait l’histoire dingue de deux copains (Eric Judor et Ramzy Bedia) dont l’un se fait arrêter à la place de l’autre. Le troisième, Rubber, qui eut l’heur de participer à la Semaine de la critique à Cannes en 2010 retraçait, sur une musique signée… Mr Oizo, le parcours de Robert, un pneu, oui oui, un pneu, qui était pris de folie meurtrière en plein désert californien. Suivront sept films tout aussi bizarroïdes et déjantés dont, Au Poste en 2018 ; Le Daim en 2019, une comédie meurtrière avec Jean Dujardin ; Mandibules en 2020, un délire absurde animé par deux crétins qui s’entendent comme larrons en foire et en juin dernier, Incroyable mais vrai, un conte fantastique avec Alain Chabat et Léa Drucker.
Fumer fait tousser est le onzième film de ce créateur hors norme qui a été promu en 2019 au grade d’Officier de l’ordre des Arts et Lettres.
Et aussi
- LE LYCÉEN de CHRISTOPHE HONORÉ- Avec PAUL KIRCHER, VINCENT LACOSTE, JULIETTE BINOCHE…
Lucas, 17 ans, jeune homosexuel assumé ( Paul Kircher), perd son père dans un accident de voiture. Malgré la présence forte et réconfortante de sa mère (Juliette Binoche, magnifique de douleur et d’amour maternel), son monde d’adolescent fragile s’écroule. Son frère aîné, artiste (Vincent Lacoste, émouvant comme d’habitude dans cette façon qu’il a de jouer, à la fois juste, attentive et détachée) lui propose de l’héberger quelques jours dans son studio parisien. C’est l’occasion pour « le lycéen » déboussolé et dévasté de faire son entrée dans le monde adulte, entrée qui passera par une expérience charnelle, pas forcément très glorieuse, mais ce n’est pas cela qui importait…
A partir de son expérience autobiographique d’adolescent devenu orphelin, Christophe Honoré dresse le portrait d’un jeune garçon d’aujourd’hui dont la mort de son père le jette dans sa vie d’homme. Laissant sourdre à chaque séquence, un mélange de force et vulnérabilité, de colère et de chagrin, de violence et de tendresse, ce film - l’un des plus personnels du cinéaste de Plaire aimer et courir vite - permet à un jeune acteur de faire une entrée fracassante dans le monde du cinéma. Il s’agit de Paul Kircher. D’une aisance folle, capable d’exprimer une multiplicité d’émotions, il est la révélation de ce très réussi Lycéen. Il faut dire que Paul Kircher, 21 ans, a de qui tenir. Il est le fils de deux immenses interprètes : Irène Jacob et Jérôme Kircher.
Recommandation : 4 coeurs
- MES RENDEZ-VOUS AVEC LÉO de SOPHIE HYDE- Avec EMMA THOMPSON, DARYL McCORMACK…
Enseignante à la retraite, veuve depuis quelques années, Nancy, la soixantaine ( Emma Thompson) n’a jamais connu l’orgasme ni même l’amour charnel. Elle décide de l’explorer et fait appel à un escort-boy. Quand le film commence, Nancy fait les cent pas dans la chambre d’un hôtel chic impersonnel. Super-stressée, elle attend son « bodyguard ». Calme, beau, détendu, doux et prévenant, Leo (Daryl McCormack) a tout pour lui plaire. Et pourtant, tout va lui être prétexte pour différer le moment de passer à l’acte …qui arrivera quand même. Trois autres rendez-vous suivront, tout aussi touchants et tout aussi drôlatiques que le premier, pendant lesquels, entre deux considérations philosophiques et deux confidences, Nancy demandera au séduisant Léo d’expérimenter des « trucs » dont elle a dressé la liste, comme s’il s’agissait de légumes. Mais au fil des rendez-vous, on va la voir changer, et se féminiser…
Il est difficile d’échapper au charme culotté de ce film qui aborde sans tabou mais sans voyeurisme ni vulgarité, un sujet rarement abordé sur le grand écran : la sexualité des femmes sexagénaires.
Les dialogues sont à la fois libres et pudiques. On pense à Polanski dans la manière avec laquelle Sophie Hyde, la réalisatrice, a réussi à dynamiser son film qui tient pourtant du huis-clos théâtral. Et on est une fois de plus émerveillé par Emma Thompson, magnifique de sincérité, de justesse, de sensibilité dans un rôle qui lui demandait audace et élégance. Son partenaire Daryl McCormack est très bien lui aussi.
Recommandation : 4 coeurs
- RÉVOLUTION SIDA de FRÉDÉRIC CHAUDIER- DOCUMENTAIRE.
On l’a presque oublié parce que, dans l’Hexagone, sa question semble réglée, mais 37 millions - au moins - de personnes sont encore atteintes du Sida, dont - au moins - plus de la moitié n’ont pas accès aux soins…
Lorsque le réalisateur Frédéric Chaudier a pris connaissance de ces chiffres pharamineux (et pourtant probablement sous-estimés), il a décidé de dresser un tableau mondial de l’étendue de cette maladie à travers le monde. Il lui a fallu six ans pour sortir ce film de 112 minutes passionnantes de bout en bout, qui capte la souffrance et le désespoir des populations infectées (souvent des Pauvres de toutes générations n’ayant pas d’accès aux soins et aux traitements) et surtout, pointe la responsabilité des autorités politiques des nombreux pays (dont La Chine, la Russie et l’Afrique du Sud) qui n’ont pas tenu leurs promesses des années 90, de tout faire pour éradiquer la maladie. Clair, précis, très bien argumenté, visuellement très fort le constat de Frédéric Chaudier, est sans appel : en dépit des évolutions exceptionnelles de la science et de la médecine, le virus continuera ses ravages dans les pays qui ne mettront pas en place une politique d’accès aux soins pour tous. Révoltant, glaçant et par moments, hallucinant.
Recommandation : 4 coeurs
- LE TORRENT de ANNE LE NY- Avec JOSÉ GARCIA, ANDRÉ DUSSOLLIER, CAPUCINE VALMARY…
Dans une maison située près de Gérardmer dans les Vosges, Alexandre (José Garcia) découvre par hasard que Juliette, sa femme, le trompe. S’ensuit une violente dispute au cours de laquelle elle s’enfuit. Il la rattrape en voiture, elle prend peur, saute par-dessus le parapet qui borde la route à cet endroit-là, tombe dans le torrent qui coule en contrebas, et se tue. Des pluies torrentielles emportent son corps. Mais ce dernier est retrouvé. Une enquête est lancée par les gendarmes. Alexandre, qui n’est pour rien dans l’accident, mais est soupçonné d’en être l’auteur, pousse sa fille à lui trouver un faux alibi. Les voilà tous les deux pris dans l’engrenage du mensonge…
Pour la première fois de sa riche et intéressante carrière de réalisatrice, Anne Le Ny se lance dans le thriller. Pour que ce dernier captive, il eût fallu que son scénario soit tendu et inattendu. Bien que bien ficelé et écrit d’une plume solide, il n’est ni l’un ni l’autre. Reste un film très bien mis en scène, tourné dans un décor anxiogène à souhait, et la très belle composition de José Garcia qu’on a toujours énormément de plaisir à retrouver à l’écran.
Recommandation : 3 coeurs
- DAYS de TSAI MING-LIANG - Avec LEE KANG-SHENG, ANONG HOUNGHEUANGSY
Accablé par la maladie et les traitements, Kang, un homme aisé plutôt oisif, observe la pluie par la fenêtre de son appartement puis part errer dans les rues de Bangkok pour conjurer sa solitude. Au cours de son errance, Il rencontre Non, plus jeune que lui, issu d’un milieu très précaire et qui, contre de l’argent, va lui prodiguer massages et réconfort…
Le taïwanais Tsai Ming-Liang l’avoue : bien qu’il ait arrêté d’écrire des scénarios, il n’a jamais cessé de faire du cinéma. C’est bien là où le bât blesse. Malgré la qualité des cadrages et celle de la lumière, on s’ennuie à ce film qui étire les plans à l’excès, souvent dans un morne silence. Comme si le réalisateur n’avait rien d’autre à nous faire comprendre que, pour les solitaires, le temps s’écoule plus lentement, et que les massages font parfois presque autant de bien à ceux qui les reçoivent qu’à ceux qui les donnent. Cela ne suffit pas à rendre ce film hypnotique, comme on l’aurait souhaité. Uniquement pour les contemplatifs.
Le taïwanais Tsai Ming-Liang l’avoue : bien qu’il ait arrêté d’écrire des scénarios, il n’a jamais cessé de faire du cinéma. C’est bien là où le bât blesse. Malgré la qualité des cadrages et celle de la lumière, on s’ennuie à ce film qui étire les plans à l’excès, souvent dans un morne silence. Comme si le réalisateur n’avait rien d’autre à nous faire comprendre que, pour les solitaires, le temps s’écoule plus lentement, et que les massages font parfois presque autant de bien à ceux qui les reçoivent qu’à ceux qui les donnent. Cela ne suffit pas à rendre ce film hypnotique, comme on l’aurait souhaité. Uniquement pour les contemplatifs.
Recommandation : 2 coeurs
Commentaires
J'ai déjà vu des films nuls, mais celui-là mérite la palme. Je ne comprend pas ce que peux faire Gilles Lellouche dans un tel navet ! 0/20
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