Free to run
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Thème
Entre archives et interviews d’athlètes mais aussi de journalistes et autres personnalités qui ont contribué à son essor, l’histoire du marathon de ses débuts confidentiels dans le Bronx au début des 60’s jusqu’à son succès planétaire sportif et commercial. Et en parallèle, last but not least, l’époustouflant inventaire des grandeurs et misères de la mentalité des hommes devant l’émancipation des femmes…
Points forts
- L’incroyable storytelling racontant à travers d’authentiques événements comment on est passé d’une trentaine d’habitués (uniquement des hommes) traversant de leurs foulées le Bronx, traités de doux dingues et parfois arrêtés car leur torse nu faisait croire à des pervers… aux exploits des marathoniens, hommes et femmes, courant librement aux Jeux Olympiques mais aussi dans les rues de nos villes, les bois et forêts.
- Le mélange réussi d’humour et de sentiments nous ballotant de l’empathie à la colère, les découvertes que l’on y fait (l’origine de Nike en surprendra plus d’un), la dénonciation drôlissime des a priori (Ah ! ce médecin affirmant que les femmes qui courent plus de 1500 mètres risquent leur vie ou de se masculiniser et cet autre leur déconseillant de courir en s’appuyant doctement sur des motifs esthétiques), le rythme absolument parfait et la voix chaude de Philippe Torreton.
- La savante adéquation entre sociologie (émancipation des femmes), philosophie (la course comme recherche de liberté de soi, de pureté, de mystique et non de souffrance), économie (comment un mouvement hédoniste puis contestataire puis symbole de lutte pour l’égalité est devenu une vaste foire commerciale où “des pauvres viennent applaudir des riches qui courent” (Un spectateur après le passage de l’ouragan Katrina en 2005).
- Les personnages à la fois simples et hors normes qui firent exploser les préjugés et le système sportifs dans la veine de ce qu’aime l’Amérique : individualistes tendus vers le collectif, immigrés intégrés pour certains : Katherine Switzer, 1ère femme à courir (en fraude) le marathon de Boston, Noël Tamimi coureur et journaliste suisse qui fonda le bi-mensuel de courses alternatif “Spiridon“, Steve Prefontaine, “le James Dean des pistes”, 1er athlète sponsorisé, détenteur de tous les records fond et demi-fond dans les 70’s et Fred Lebow, Roumain naturalisé américain, venu de la mode, communicant hors pair, fondateur du 1er Marathon de New-York qui ouvrit une brèche dans le mur séparant amateurisme et professionnalisme en sortant le marathon du Bronx pour lui faire traverser les cinq quartiers de la ville puis devenir l’événement sportif autant que financier international qu’il est aujourd’hui.
- La beauté nostalgique dégagée par les images d’archives au format et grain d’époque contrastant avec celles des interviews d’aujourd’hui.
- Les musiques, enfin, en parfaite harmonie avec le commentaire alliant de façon exemplaire -insistons-didactisme, informations et ludisme.
Quelques réserves
Sauf à être viscéralement réfractaire à toute image de sport quel qu’en soit l’usage, je n’en vois aucun tant les éclairages proposés permettent à chacun d’y puiser ce qu’il veut y trouver.
Encore un mot...
Peu importe d’aimer ou pas le sport, de s’y connaître ou non. On en ressort atterré par la stupidité des certains propos et de certaines attitudes... Ça paraît à la fois proche et lointain. Ça fait réfléchir. Ça rappelle à quel point rien n’est jamais acquis d’avance... Enfin, ça donne furieusement envie d’en discuter avec ses enfants. Une bouffée d’air au bout de la course…
Une phrase
- “Qu’a-t-on fait de notre sport ?” Frank Shorter vainqueur du marathon à Munich en 1972
- “Le sport, au fond, c’est ce qu’on en fait”. Un des intervenants.
L'auteur
Né à Genève en 1970, Pierre Morath est diplômé en Histoire (1995), et diplômé en Management des organisations sportives (Université de Lyon I-2001). Il est historien, journaliste, ancien athlète de haut niveau et auteur-réalisateur. Il mène en parallèle une carrière de sportif de haut niveau en athlétisme (course demi-fond et fond) et de chercheur en Histoire contemporaine. Entre 1996 et 2003, il publie plusieurs ouvrages sur l'histoire du sport et de l'Olympisme. En 2005, il écrit, produit et réalise (avec Nicholas Peart) Les Règles du jeu, son premier documentaire long métrage, tourné dans les coulisses du sport professionnel. Le film reste 7 semaines à l'affiche en Suisse romande, obtient en juin 2006 le Prix du meilleur documentaire du Festival FROG (Genève). Il est suivi par Togo en 2008, projeté et récompensé dans plusieurs festivals à travers le monde. En 2007, il crée sa propre société de production avec laquelle il produit et réalise, en 2008, Tu seras champion mon fils, pour la Télévision Suisse. En 2012, il réalise le film documentaire Chronique d’une mort oubliée, (une enquête sur un homme de 53 ans, découvert 28 mois après son décès dans son studio de Genève, oublié de tous, voisins et famille),sélectionné et récompensé dans différents festivals internationaux et qui obtient en Suisse le “Prix Catholique des Médias 2013”. Actuellement, Pierre Morath termine le développement et l'écriture du scénario de son prochain projet de documentaire long-métrage, On the road, et prépare le tournage de sa première fiction, un court-métrage intitulé "Tant pis pour le chocolat".
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