Folles de Joie
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Thème
Internées ensemble à la villa Biondi, milieu psychiatrique de type “ouvert”, la mythomane extravertie Beatrice et la dépressive introvertie Donatella se lient d’amitié et s’enfuient. Beatrice pour retrouver son amant ainsi que son mari par ailleurs avocat… Donatella son fils Elia qu’on l’accuse d’avoir voulu noyer…
Points forts
- Sa tendresse comme sa cruauté alliant, sur un rythme idéal, road movie et amitié féminine façon Thelma et Louise à la description de l’univers psychiatrique (pour partie métaphorique de l’Italie elle-même) et à la rage de survivre de Vol au dessus d'un nid de coucou.
- Un rire que la difficulté de distinguer entre la démence et la raison, le sain et le malade, l’humiliation et le don de soi, l’égoïsme et l’amour, la responsabilité réelle en actes et la posture via le verbe et la Loi rend de plus en plus ambivalent au fil de leur escapade.
- La subtilité de la description du milieu soignant, entre les tenants compatissants d’un milieu ouvert et les partisans de la claustration sous neuroleptiques.
- La perfection du jeu de Valérie Bruni Tedeschi, empreint d’une dimension tragique et sensible tout comme de celui, à fleur de cœur, de l’épatante et bouleversante Micaela Ramazzoti,lookée à la Lizbeth Salander (l’héroïne de Millénium).
- L’alternance des lumières et des couleurs criardes ou chaudes en fonction du sens à donner aux décors, les musiques en phase avec les situations, les silences profonds et les répliques acérées du dialogue.
- La morale douce amère semblant indiquer que s’enfermer volontairement peut amener à retrouver sa liberté et sa conscience pour donner un sens et un avenir à sa vie.
Quelques réserves
L’abattage et les mimiques de Valerie Bruni-Tedeschi, qui envahit l’écran, agaceront ses comptenteurs viscéraux.
Encore un mot...
Pazza Gioia “est une promenade à l’extérieur d’une structure clinique qui s’occupe de femmes avec des problèmes, dans cet hôpital psychiatrique à ciel ouvert qu’est l’Italie”. (Paolo Virzi). C’est aussi une sublime histoire d’amitié doublé d’une réflexion drôle et lumineuse sur la psychiatrie en milieu ouvert, qui trouva ses porte-parole en France dans les années 60 avec notamment Franz Fanon et Michel Foucault et reste toujours un sujet de réformes autant que de polémiques.
Une phrase
‘‘Nous, on grandit plus tard.’’ Donatella.
L'auteur
Né à Livourne le 4 mars 1964, réalisateur, scénariste et producteur cinématographique italien, Paolo Virzi fréquente la faculté de Lettre et Philosophie de l’Université de Pise et co-réalise quelques longs et courts métrages. Il déménage ensuite à Rome où il fréquente le cours de scénario du Centre expérimental de cinématographie et obtient son diplôme en 1987. Sa rencontre avec l’immense scénariste Furio Scarpelli (décédé en 2010) est décisive. Il collabore avec lui sur plusieurs scénarii puis débute dans la réalisation en 1994 avec La Belle Vita, histoire d’un triangle sentimental dans une ambiance populaire, sur fond de crise d’identité de la classe ouvrière, primé d’entrée à la Mostra de Venise. S’enchaînent dix films alliant comédie, noirceur, regard politique, ancrage territorial, connaissant tous un immense succès en Italie. En 2013 il est le directeur de la 31ème Edition du Torino Film Festival, marquée par une hausse de 30% des spectateurs. En janvier 2014 sort son onzième long métrage, Il capitale umano (Les Opportunistes), adaptation du roman américain de Stephen Amidon abordant le thème de la crise financière et des valeurs humaines dans l’Italie contemporaine. Nouvel accueil favorable public et critique et, en autres prix, celui du meilleur film italien de l’année. En septembre 2014, Il capitale umano est en outre choisi comme représentant du cinéma italien aux Oscar 2015 du meilleur film en langue étrangère. La Pazza Gioia (Folles de joie) est donc son douzième film.
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