FISHERMAN’S FRIENDS
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Thème
Dany, un producteur de musique londonien peu scrupuleux se rend dans un petit port de Cornouailles pour un enterrement de vie de garçon. Sur la jetée, une dizaine de pêcheurs donne un concert de chansons de marins à l’adresse de la population locale. Pour lui faire une (méchante) blague, son patron et ami lance à Dany le défi de faire signer un album à ce boys band si particulier. Danny va tomber dans le panneau. Bien loin de ses repères de citadin branché, il va tenter de gagner la confiance de ces « pêcheurs chantants » qui accordent plus d’importance à l’amitié et à la parole donnée qu’à l’argent et à la célébrité. Une jeune femme, mère célibataire va l’aider…
Points forts
- Le scénario, qui s’inspire d’une histoire vraie… Originaires de Port Isaac en Cornouailles, les Fisherman’s Friends (le nom du groupe a donné son titre au film) commencent à chanter en 1995 pour se produire dans des concerts donnés au bénéfice d’œuvres de charité. En 2010, repérés par un animateur radio de la BBC, ils signent un contrat d’un million de livres sterling avec Island Records. Leur album Port Isaac’s Fisherman’s Friends devient disque d’or et permet à ses chanteurs amateurs de devenir le premier groupe folk traditionnel à figurer dans le Top 10 britannique. Le conte de fée continue quand la productrice de cinéma Meg Leonard apprend leur histoire et décide de la porter cinéma. « J’ai été captivée, dit-elle par le sens de la communauté, de l’humour et de la tradition que les dix hommes personnifiaient ». Pas la peine, ou presque, de « fictionner » ! Sans qu’il y ait besoin d’en rajouter, les aventures de ce groupe si particulier contenaient la structure d’un « feel-good movie ».
- Issus du meilleur de la scène anglaise, les interprètes du film sont tous formidables. Présence, gestuelle, sens de l’équipe (ils jouent solidaires)… ils ont un charisme fou. Mention spéciale pour Tuppence Middleton (Sense 8), une des rares femmes de ce film d’hommes bourrus et burinés. Elle incarne avec un naturel touchant une fille de marin pêcheur follement sympathique, à la fois tendre et déterminée, droite et généreuse.
- Les chants, sensationnels, ont à la fois un peps « déferlant » et percutant, et un charme suranné. « Coeur battant » du film, ils lui donnent un petit côté comédie musicale, la première au monde sur les chansons de marins.
- La photo, très soignée, rend hommage à la beauté époustouflante des paysages de Cornouailles.
Quelques réserves
- La longueur inutile de certaines scènes et la lourdeur (démonstrative) de certains dialogues entraînent des petites baisses de régime dans le déroulement pourtant « punchy » du scénario.
Encore un mot...
En 1996, il y avait eu Les Virtuoses de Mark Herman, l’année suivante, Full Monty de Peter Cattaneo, il y a deux ans, The Singing Club du même Peter Cattaneo… A l’aube de cet été 2021, voici, issue de cette même veine du cinéma social dont les britanniques ont le secret, The Fisherman’s Friends.
Mélodies entrainantes, personnages pittoresques et généreux, décors d’une beauté à tomber, humour 100 % british et surtout, pour porter le tout, une success story qu’on croit sortie d’un conte de fées… Malgré ses (petites) imperfections, ce film signé Chris Foggin a tout pour devenir la comédie de l’été. Il a d’ailleurs déjà fait craquer le public du dernier Festival du film de Cabourg, qui lui a décerné son grand Prix.
Une phrase
« Je suis tombé amoureux instantanément du scénario de Nick Moorcroft et Meg Leonard. C’est un film chaleureux et réconfortant sur une bande d’hommes extraordinaires qui ont transformé la vie de millions d’autres personnes en chantant des chants marins. C’est l’histoire du pouvoir de la communauté, de la force de la famille que tant de pays ont perdu » (David Hayman, comédien).
L'auteur
Diplômé de l’Université de Northumbria en 2008 avec un BA en production médiatique, Chris Foggin — né le 15 septembre 1985 à Sunderland au Royaume-Uni— est le cinéaste britannique qui monte, qui monte. Il a commencé comme assistant- réalisateur, d’abord de séries télé puis de cinéma, sur des films très divers, notamment, en 2011, W.E. : WALLIS & EDWARD (de Madonna); en 2012, La Dame de Fer (de Phyllida Lloyd) et My Week with Marilyn (de Simon Curtis).
Il s’est lancé dans le long-métrage en 2016 avec Kids in love, une jolie comédie romantique portée par trois jeune stars populaires, Will Poulter, Alma Jodorowsky et Cara Delevingne.
Fisherman’s Friends est le deuxième long-métrage de ce réalisateur curieux qui, depuis quelques années s’essaie aussi à la production. Est-ce lui qui réalisera la suite prévue pour une sortie française en 2022 ? Fin du suspense à la fin de cet été.
Et aussi
– MOFFIE d’Oliver HERMANUS – Avec Kai Luke BRUMMER, Mark ELDERKIN, Michael KIRCH…
Afrique du Sud, 1981. En plein apartheid, la minorité blanche (dominante sur le plan politique) oblige les jeunes blancs — dès l’âge de 16 ans — à accomplir un service militaire de deux ans, avant de les envoyer ensuite sur le front au Sud de l’Angola. Ayant l’âge requis, Nicholas est envoyé dans un camp d'entraînement. Il va tenter de survivre tant aux horreurs de la guerre qu’à la brutalité de l’armée. Brimades, insultes, humiliations, rien ne va lui être épargné. Sa situation va se révéler d’autant plus difficile qu’il aime les garçons et que l’armée est aussi raciste et anti-communiste qu’homophobe…
Réalisé par le Sud-africain Oliver Hermanus ( Queer Palm à Cannes en 2011 pour
Skoonheid/Beauty ), tiré du roman autobiographique d’André Carl van der Merwe, Moffie — terme afrikaans qui signifie « tapette »— est à la fois un récit initiatique et un voyage au bout de l’enfer. Pour contrebalancer la laideur éprouvante des situations, Oliver Hermanus a opté pour un film d’une beauté formelle assez époustouflante. Tant pour sa forme que pour son contenu, Moffie évoque à la fois Full Metal Jacket de Stanley Kubrick et Beau travail de Claire Denis. C'est dire sa qualité!
Recommandation : Excellent
– JE VOULAIS ME CACHER de Giorgio DIRITTI – Avec Elio GERMANO, Paola LAVINI…
Expulsé par l’institution suisse qui s’occupait de lui à la fin de la Première Guerre mondiale, Antonio Ligabue se retrouve dans son Italie natale contre sa volonté. Sans attache, vivant en ermite dans un extrême dénuement sur les rives du Pô et souffrant de graves troubles psychiatriques, cet homme sauvage et solitaire s’accroche à sa seule raison de vivre, la peinture, naïve, qu’il pratique en autodidacte. En 1927, celui qu’on a surnommé le « Fada » rencontre par hasard Renato Marino Mazzacurati, un artiste peintre et sculpteur qui lui enseigne les techniques de la peinture et organise ses premières expositions. Peu à peu, du public à la critique, son « art » va connaître un tel succès qu’il sera célébré comme un Douanier Rousseau transalpin. Antonio Ligabue mourra en 1965 dans l’hospice qui l’avait recueilli…
La qualité plutôt que la quantité… Pour son quatrième film en vingt ans de carrière, le réalisateur Bolognais Giorgio Diritti (David di Donatello, équivalent italien du César du meilleur film, en 2010 pour L’ Homme qui viendra ) choisit de présenter un biopic d’un artiste resté essentiellement connu en Italie, dont, le moins qu’on puisse dire, est que son existence ne fut pas un long fleuve tranquille. Antonio Ligabue était peintre et fou. Diritti a tenu à rendre compte de ces deux composantes essentielles, avec des armes de cinéaste. Pour rendre presque palpable le dérangement mental, la complexité et les contradictions d’Antonio, il a déconstruit subtilement et savamment le récit de sa vie. Pour évoquer son obsession de la beauté et l’éclat des couleurs de ses toiles, il a fait un film qui éblouit par la somptuosité de ses cadrages et de sa lumière. Le résultat est ce biopic atypique, passionnant, qui a valu à son interprète, l’impressionnant comédien italien Elio Germano, de remporter l’Ours d’Argent du Meilleur acteur au dernier festival de Berlin.
Recommandation : Excellent.
– ANNETTE de LEOS CARAX – Avec Marion COTILLARD, Adam DRIVER, ANGÈLE…
Quand paraîtront ces lignes, le film sera sorti la veille sur les écrans et aura fait l’ouverture du 74 ème Festival de Cannes, démarrant la Compétition officielle dans un étourdissant fracas médiatique, tout en étant entouré d’un grand… mystère ! Tous les voyants sont allumés pour qu’Annette soit un événement cinématographique : son casting (en tête duquel Marion Cotillard et Adam Driver), l’identité de son réalisateur, Léos Carax (le cinéaste culte des Amants du Pont Neuf et de Holy Motors), sa musique, signée du groupe Sparks et sa bande-annonce, flamboyante.
Le pitch ? Un couple hollywoodien glamour ( Henry, comédien de stand-up et Ann, cantatrice de renommée internationale) voit sa vie bouleversée par la naissance d’Annette, « une fillette mystérieuse au destin exceptionnel ». Voilà qui annonce, sinon un chef d'œuvre, du moins un film qui prêtera à discussion.
Recommandation : pas vu.
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