THE FABELMANS
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Thème
Tout commence un jour de 1952. Un petit garçon prénommé Sammy - le double de fiction de Steven Spielberg ( interprété par Gabriel LaBelle) - est emmené au cinéma par ses parents Mitzi et Burt Fabelman. C’est la première fois de sa vie. Timide et rêveur, épouvanté par l’agitation du public, le petit garçon veut d’abord se sauver. Mais quand le film démarre, il est, instantanément, fasciné. Sous le plus grand chapiteau du monde, de Cecil B. DeMille, vient de décider de sa vie future : du haut de ses six ans, Sammy se jure qu’il consacrera le reste de son existence au 7ème art. Sitôt rentré chez lui, il essaie de reproduire le déraillement de train qui l’a tant chamboulé dans le film de DeMille et il immortalise son accident miniature grâce à la caméra Super 8 familiale… Soutenu par sa fantasque et fragile pianiste de mère, (Michelle Williams) et son génial, mais rigoureux, ingénieur de père (Paul Dano), Sammy va grandir habité par son obsession de devenir réalisateur. Entre sa dyslexie, les moqueries de ses camarades d’école à cause de sa judéité, les déprimes incompréhensibles de sa mère, les idées hurluberlues de son oncle Boris et la carrière de son père, qui va obliger toute la famille à déménager dans l’Ouest, à Los Angeles, l’existence de Sammy n’est pas rose tous les jours. Heureusement, il y a les courts-métrages, de plus en plus élaborés, qu’il bricole dès qu’il le peut, avec ses copains et ses sœurs. Un jour, enfin, les grilles d’un Studio s’ouvrent. Sammy, 17 ans, rencontre John Ford (joué ici par David Lynch !). The Fabelmans s’achève...Steven Spielberg entre en scène ...
Points forts
- Il y avait longtemps que, dans ses films, Steven Spielberg le pudique jouait à cache-cache avec son passé. Tout juste y faisait-il quelques petites allusions ici et là dans ses films, mais rien de très personnel. En 2005, un jour qu’il travaille avec Tony Kushner sur le plateau de Munich, ce dernier lui demande tout à trac à quel moment il avait décidé de devenir réalisateur. Et le père de E.T. de raconter au scénariste, le choc qu’il avait ressenti à 6 ans en regardant Sous le plus grand chapiteau du monde…Les deux hommes vont continuer leur conversation plusieurs années durant, dans les temps morts de leurs carrières respectives, l’un tirant le fil de l’enfance et de l’adolescence de l’autre. Le scénario d’un film s’ébauche, s’écrit, se reprend et se finalise sous le titre de The Fabelmans. Le cinéaste Spielberg ressent l’urgence de le tourner. D’autant que l’éternel enfant sensible qu’il est encore est désormais orphelin : sa mère est morte en 2016, son père en 2020, avant la sortie de son remake de West Side Story.
- Avec Spielberg, on le sait, toutes les histoires, présentes, passées, futures, vraies ou fausses, prennent une dimension poétique ou onirique, c’est selon. Si The Fabelmans n’invente rien (chacun de ses épisodes est basé sur une histoire vraie), en revanche, sa mise en scène n’est, comme toujours, pas réaliste un seul instant. Cadres, lumières, prises de vue…elle donne tout le temps l’impression d’être inspirée par un récit imaginaire. Cette manière de « déréaliser », donne aux films du cinéaste une dimension universelle. Elle les rend plus touchants ou plus époustouflants.
- Évidemment, comme d’habitude avec le créateur de Jurassic Park, dans ce nouveau film, tout frise la perfection : la narration est d’une absolue fluidité, le rythme, impeccable, et la distribution éblouissante. Le jeune Gabriel LaBelle compose un Sammy sensationnel d’enthousiasme et de nostalgie mêlés. Paul Dano endosse le rôle de son père informaticien avec autant de douceur que d’autorité. Quant à Michelle Williams qui incarne celui de sa mère, elle conserve ici haut la main son statut d’actrice la plus emblématique du cinéma indépendant américain.
- Ajouter enfin que pour la B.O. de son film, le cinéaste a fait appel pour la quatrième fois au compositeur John Williams, le musicien aux 5 Oscars. Et c’est tout dire !
Quelques réserves
On s’en doute, je ne saurais trouver une seule réserve !
Encore un mot...
Incroyable Steven Spielberg !
Le cinéaste le plus rentable de l’histoire du cinéma aura attendu 40 ans et 34 films (The Fabelmans est son trente-cinquième !) pour lever le voile sur son enfance et son adolescence. Cela donne ce récit d’apprentissage vif, drôle, brillant et malicieux, en même temps, émouvant et nostalgique, sur l’enfance d’un petit garçon juif, timide et dyslexique qui se jura un jour de sa septième année où ses parents l’avaient littéralement « traîné au cinéma », de devenir cinéaste !
S’il est le moins « spectaculaire » des films du réalisateur ( encore que…) The Fabelmans est, sans aucun doute, l’opus le plus touchant du réalisateur américain, qui, en même temps qu’il raconte sa jeunesse de petit garçon juif dans une famille qui finira par se disloquer, s’interroge parallèlement, mais sans aucun didactisme, sur le pouvoir, si magique, des images. Aussi étonnant que cela paraisse, The Fabelmans a été boudé par le public américain. L’Académie des Oscars l’a rattrapé, qui l’a nominé sept fois. Si on aime le cinéma, il ne faut pas rater ce film qui lui rend un jubilatoire, merveilleux et attendrissant hommage.
Une phrase
« J’ai toujours été quelqu’un de discret. S’il m’était arrivé de livrer des souvenirs ici et là dans mes films, ça l’avait toujours été de manière détournée, à travers des personnages imaginaires. Raconter mon enfance à découvert m’a demandé beaucoup de courage. Dans The Fabelmans, rien n’a été inventé ex nihilo ». ( Steven Spielberg, cinéaste).
L'auteur
Né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio), Steven Spielberg est l’un des cinéastes les plus emblématiques et les plus influents du cinéma actuel.
Sauf à n’avoir jamais mis les pieds dans une salle de cinéma, ni regardé la télé, il est impossible d’ignorer le nom de ce cinéaste issu de la génération du nouvel Hollywood des années 70 qui s’est révélé au grand public américain et étranger en réalisant, en 1975, Les Dents de la mer. On lui devra ensuite parmi les plus grandes réussites du cinéma, dont, en 1977, Rencontres du troisième type ; en 1982, E.T. l’Extra-terrestre ; entre 1981 et 1989, les trois premiers volets de la saga d’aventure fantastique Indiana Jones ( co-réalisée avec son ami George Lucas) ; en 1985, La Couleur pourpre; en 1993, Jurassic Park ( le plus gros succès de l’histoire du cinéma); en 1993, La Liste de Schindler ; en 1998, Il faut sauver le soldat Ryan ; en 2011, Le Cheval de guerre ; en 2016, Le Bon gros Géant; en 2017, Pentagon Papers et en 2018 un sensationnel remake de West Side Story.
Parallèlement au grand écran, ce réalisateur hors normes poursuit une riche carrière à la télévision et soutient plusieurs causes philanthropiques. Parmi ses nombreuses distinctions, il a reçu trois Oscars, dont deux pour La Liste de Schindler. En 2012, il a en outre dirigé Daniel Day-Lewis dans Lincoln, pour lequel ce comédien remportera aussi un Oscar.
Au total, ses films ont rapporté plus de dix milliards de recettes dans le monde entier, ce qui le hisse au rang du réalisateur le plus rentable de l’histoire du Septième Art. Une place qui a sans doute incité certains critiques à le considérer comme un « cinéaste commercial ». Reproches malvenus car, mis à part ses films de pur divertissement, ce soutien fidèle au parti démocrate a souvent traité de sujets « sérieux » dans ses œuvres, comme le terrorisme, l’esclavage, le racisme et la guerre.
Ce cinéaste si célébré et si connu dans le monde et pourtant si pudique et secret aura attendu ses 76 ans pour livrer avec The Fabelmans , son film le plus personnel.
Commentaires
Film éblouissant du début, à la scène finale, sans la moindre fausse note, avec une recherche jusque dans le moindre detail, le moindre plan. L'image rien que l'image, restitue dans toute sa subtilité, les facettes les plus subtiles, juste authentiques, de l'âme humaine, la découverte du monde, le désarroi, la désillusion, la méchanceté format géant, la laideur-la beauté. La divergence des points de vue. Chacun sa raison. Première étape : découverte, appropriation des codes. Le décor est campé, les clés données. La destinée. Les chiens ne font pas des chats.
Touchée. Merci l'artiste pour ce partage.
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