En mai, fais ce qu’il te plaît
Infos & réservation
Thème
Le 10 mai 1940, quand la Wehrmacht passe à l’offensive, des millions de Français, Belges et Néerlandais s’enfuient éperdument sur les routes. Tous les habitants d’un petit village du Nord décampent ainsi vers Dieppe, sous la conduite de leur maire (Olivier Gourmet), de son épouse (Mathilde Seigner) et d’une jeune institutrice (Alice Isaaz).
Points forts
- Pas sûr que le cinéma ait déjà traité de l’exode comme le fait Christian Carion, dans une mise en scène grandiose. On se souvient de « Jeux interdits » qui débutait par l’exode et l’attaque des avions allemands sur une route de campagne. Carion fonde son récit sur les souvenirs de sa mère qui avait alors 14 ans. Et c’est le grand-père de Christian qui était le maire, joué par Olivier Gourmet.
- Tout le monde se connaît et reste digne. C’est le plus bel été de cette époque, et le plus chaud. On dort à la belle étoile. Les enfants sont ravis de cette escapade. La mère du cinéaste lui disait que c’était le plus beau souvenir de son enfance. Malgré les risques de pilonnage de l’aviation ennemie.
- Tous les acteurs sont emblématiques, dans cette fresque: Olivier Gourmet en républicain intransigeant; Mathilde Seignier, en gouailleuse tenancière; Jacques Bonnaffé, en râleur impénitent; Laurent Gerra en paysan qui ne part pas, pour veiller sur sa cave à vins; Mathew Rhys, en écossais à la recherche de son commandement dans cette débâcle; et August Diehl, en communiste allemand qui pensait trouver en France un refuge avec son fils de 10 ans.
- Cerise sur le gâteau, c’est Ennio Morricone qui signe la musique du film, avec un thème que l’on retrouvera en ouverture des concerts que le grand musicien italien viendra donner en France l’été prochain.
Quelques réserves
- Le dénouement est un peu trop cinématographique, alors que le chaos régnait partout; un peu trop optimiste, mais on est au cinéma…
Encore un mot...
Christian Carion est un cinéaste qui renoue avec les grandes fresques d’autrefois quand on allait au cinéma pour le spectacle, l’émotion, quand on aimait la vie et le cinéma… Ces champs de blés traversés à vive allure par les panzers resteront l’une des images fortes de ce film qui manie l’intime et la grand histoire avec une redoutable habileté.
Une phrase
« Ceux qui doivent quitter les endroits où ils vivent sont hélas des sujets d’actualité. Cela dit, je n’ai pas cherché à faire des clins d’œil à cette actualité. Pour moi, c’est un sujet éternel et universel ».
L'auteur
L’enfance de Christian Carion, né à Cambrai en 1963, a été marquée par le souvenir des deux guerres mondiales. Ses parents étaient agriculteurs dans le nord. Son grand-père lui a raconté la guerre de 14-18 et sa mère, celle de 40-45. Voilà comment il a réalisé deux films sur ces tragédies. « Joyeux Noël », sorti en 2005, évoquait la drôle de trêve organisée par les soldats des tranchées une veille de noël. Ce film avait attiré plus de deux millions de spectateurs en France et concouru aux Oscars. Aujourd’hui, « En mai, fais ce qu’il te plaît » plonge dans l’exode de 1940.
Carion est aussi l’auteur d’un bon film d’espionnage au temps de la guerre froide, « L’affaire Farewell » (2009), et d’un joli premier film qui a pour cadre le Vercors, « Une hirondelle a fait le printemps », avec Michel Serrault et Mathilde Seigner que l’on retrouve dans « En mai, fais ce qu’il te plaît ».
Ajouter un commentaire