Elle

Cynique, lucide, inventif et, curieusement, gai
De
Paul Verhoeven
Avec
Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Judith Magre
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Michèle (Isabelle Huppert), chef d’entreprise infatigable, est violée chez elle un matin par un homme masqué. Ses amis lui conseillent de prévenir la police mais elle veut régler elle-même ses affaires. Comme le révèlera l’intrigue, elle ne fait aucune confiance en la police et elle a ses raisons. Ce viol n’empêche pas Michèle de continuer à mener de front son travail et ses amours et de s’occuper d’un grand fils un peu mollasson. Michèle est une guerrière.

Points forts

- Le réalisateur a réussi le portrait d’une femme fascinante qui ne baisse jamais les bras. Quoi qu’il arrive elle va de l’avant et elle a raison : les obstacles finissent par tomber.
 
- Isabelle Huppert est parfaite dans ce rôle de femme forte qui dirige des jeunes gens spécialisés dans les jeux vidéo. Son entreprise est prospère. « Isabelle n’a peur de rien, dit Verhoeven, n’a de problème avec rien. Elle veut bien tout essayer, elle est d’une audace phénoménale ».
 
- Dans ce film, les hommes, joués par Laurent Lafitte et Charles Berling, sont faiblards et sans envergure. Ce sont les femmes qui mènent le jeu, comme l’amie fidèle de Michèle jouée par Anne Consigny, ou la mère de Michèle jouée par Judith Magre.
 
- Le mélange de drame et de comédie est bien dosé. Si l’on y ajoute le suspense sur l’identité du violeur, qui est une vraie surprise quand on le découvre, on a un film bigarré, inventif et séduisant.

Quelques réserves


Il n’y a pas grand monde à sauver dans cette histoire où personne ne se respecte. Que ceux qui croient encore en l’humanité se détournent de ce spectacle hautement cynique. Mais terriblement lucide et gai.

Encore un mot...

Cette première incursion en terre française de ce réalisateur international est une belle réussite. Il a été question de tourner cette histoire, inspirée d’un roman de Philippe Djian, aux Etats-Unis. « Mais c’était compliqué, explique Verhoeven, on s’est rendu compte qu’aucune actrice américaine n’accepterait de jouer dans un film aussi amoral. Même celles que je connaissais bien, il leur était impossible de dire oui à un tel rôle ».

Une phrase

- « Il y a de la violence dans tous mes films mais il me semble que c’est normal. Ce sont les mauvaises nouvelles qui font l’actualité, nous sommes des accrocs aux désastres. La destruction, vue d’une certaine distance, comme des peintures de Turner, c’est sublime. De plus près, bien sûr, c’est horrible ».

- « C’est la première fois que je tourne en France et c’était un grand plaisir car on a beaucoup de respect pour le film et le metteur en scène. Plus qu’en Hollande ou aux Etats-Unis ».

Paul Verhoeven

L'auteur

Paul Verhoeven, 77 ans, a travaillé dans son pays, la Hollande, pendant vingt-cinq ans, en réalisant des films connus des cinéphiles comme « Turkish Délices » (1973) avant de faire pendant quinze ans les beaux jours et les profits du cinéma américain avec « RoboCop » (1987) et « Total Recall » (1990). Il est retourné récemment dans son pays pour tourner un grand film passionnant sur la Seconde guerre mondiale en Hollande, « Black Book » (2006). Il a fait l’ouverture du Festival de Cannes en 1992 avec « Basic Instinct » qui a révélé l’actrice Sharon Stone et la clôture du Festival 2016 avec « Elle », une comédie dramatique bien reçue par les festivaliers.

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