EIFFEL
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Thème
Alors qu’il vient tout juste de terminer sa collaboration sur la statue de la Liberté — il a fait l’étude de sa structure —, Gustave Eiffel, au sommet de sa carrière (Romain Duris), cherche un nouveau projet. Il pense au Métropolitain, mais le gouvernement l’incite à réfléchir plutôt sur une œuvre spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 organisée, à Paris, pour le centième anniversaire de la Révolution française. L’ingénieur, veuf depuis bientôt dix ans, cafouille jusqu’au jour où il croise son amour de jeunesse, Adrienne Bourgès (Emma Mackey). Et c’est pour les beaux yeux de cette femme désormais mariée qu’il se lance dans la construction d’une Tour. Une tour de 324 mètres de haut, qui va changer l’horizon de Paris pour toujours.
Points forts
L'audace du scénario. C'est sur une hypothèse follement romanesque que la scénariste Caroline Bongrand et le cinéaste Martin Bourboulon ont bâti Eiffel. Plutôt que de proposer une reconstitution académique et sage de la construction de la Tour, ils ont préféré l'enrubanner d'une histoire d'amour. Selon eux, le projet de la Tour serait né de la passion folle qu'une fois devenu veuf, l’ingénieur Eiffel aurait éprouvé pour son ancien amour de jeunesse. En mêlant faits historiques et fiction romantique, Eiffel signe le retour d'un cinéma français ambitieux capable de rivaliser avec les grosses productions hollywoodiennes.
La distribution est impeccable. Entre modernité, tradition et romantisme, Romain Duris endosse avec élégance fougue et détermination le rôle de Gustave Eiffel. Le couple qu'il forme avec la jolie et délicieuse Emma Mackey (la Maeve de Sex Education) est parfait.
À budget phénoménal effets spéciaux vertigineux et décors gigantesques. Exemple : pour les besoins du tournage un pied de la Tour a été reconstruit en taille réelle.
Quelques réserves
Dans la deuxième partie surtout, Eiffel relègue au second plan la construction proprement dite de la tour pour mettre en avant l'histoire d'amour entre Gustave et Adrienne. Si ce parti-pris va sans doute ravir les amateurs de comédie romantique, il risque en revanche de décevoir les passionnés purs et durs des épopées architecturales et industrielles.
Encore un mot...
L'idée d'un film consacré à la construction de la tour Eiffel était né dans la tête de Caroline Bongrand en 1996. Il aura fallu 24 ans jalonnés de moultes péripéties —notamment 30 versions du scénario — pour que ce film voit le jour ! Le résultat est cette fantaisie enlevée et spectaculaire qui relève à la fois du biopic, du documentaire, du film d'aventures et du drame romantique. Porté par un romanesque flamboyant, d'incroyables effets spéciaux, des décors splendides et une distribution épatante, Eiffel devrait séduire le grand public, en France comme à l'étranger.
Une phrase
« Romain Duris est le seul que j’ai eu en tête pour le rôle de Gustave Eiffel. Il correspondait exactement à l’ambition de modernité que je souhaitais insuffler à ce projet. Romain a quelque chose de très ambivalent en lui : il est rock et moderne dans sa gestuelle comme dans sa manière de se mouvoir dans l’espace, mais porte aussi magnifiquement le costume d’époque. Il a quelque chose de très romantique que je souhaitais aussi pour cette histoire d’amour, et il sait tout jouer ! Pour moi, il cochait toutes les cases. » ( Martin Bourboulon, réalisateur ).
L'auteur
Il a eu beau tourner comme acteur dans quelques films comme en 1999 dans Ma petite entreprise de Pierre Jolivet, Martin Bourboulon est un homme dont la place favorite se situe derrière la caméra. Homme discret, il ne communique ni sur son âge ni sur sa formation. Tout juste sait-on qu'il est le fils du producteur Frédéric Bourboulon et qu'il a appris son métier de réalisateur en assistant d'abord Mathieu Kassovitz sur le tournage des Rivières pourpres (en 2000) puis Jonathan Demme sur The truth about Charlie (en 2002) puis Jean-Paul Rappeneau sur Bon voyage (en 2003). C'est à cette époque qu'il tourne son premier court-métrage, Sale hasard qui lui vaut dès être sélectionné au festival du film policier de cognac. Dans ce format suivra notamment en 2007, Emprise .
Pour s’ouvrir à d'autres horizons et explorer d'autres techniques, il se lance dans le film publicitaire. Orangina, Adidas et Domus lui doivent quelques-unes de leurs meilleures pubs. Parallèlement en 2007, ce boulimique de pellicule intègre l'équipe des Guignols de l'info. En 2013 il réalise son premier long-métrage. C'est Papa et maman. Coup d’essai, coup de maître : le film cartonne avec près de 3 millions d'entrées. Deux ans plus tard, en toute logique il sort « Papa et maman 2 ». Avec, devant la caméra, les deux mêmes comédiens vedettes Marina Foïs et Laurent Lafitte et au scénario, le même tandem Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière.
Cette année c'est donc Eiffel, le premier « film d’époque" du réalisateur. Ce ne sera pas le dernier puisqu'il prépare pour 2023 Les Trois Mousquetaires, une saga qui sera diffusée en deux parties : D'Artagnan avec entre autres, François Civil, Vincent Cassel et Pio Marmaï, puis Milady avec, notamment, dans le rôle titre Eva Green.
Et aussi
- DE NOS FRÈRES BLESSÉS de HÉLIER CISTERNE — Avec VINCENT LACOSTE, VICKY KRIEPS…
Alger 1956. Fernand Iveton, 30 ans, ouvrier français communiste, anticolonialiste et militant pour l'indépendance algérienne est arrêté pour avoir déposé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Il n'a ni tué ni blessé personne, mais pourtant à l'issue d'un procès houleux, il est condamné à la peine capitale. La vie d’Héléne, son épouse, devenue la femme d'un « traître » bascule. Elle va pourtant refuser de l'abandonner à son triste sort. Son acharnement à le défendre se soldera par un échec : Fernand Iveton finira guillotiné.
Adaptées d'une histoire vraie (cf. Le livre de Joseph Andras publié en 2016 chez Actes Sud), ce film relate un épisode peu connu et peu glorieux de la guerre d'Algérie à travers le prisme d'une histoire d'amour. Ce parti pris aurait dû densifier le drame qui se noue et se joue ici. Ce n'est pas tout à fait le cas en raison d'un abus de flash-back qui cisaillent sans cesse la montée de la tension et nuisent à la fluidité et de la narration. De nos frères blessés, le deuxième film du cinéaste Hélier Cisterne, vaut quand même le coup, grâce à son sujet même —la guerre d’Algérie, restée longtemps tabou dans le cinéma français — grâce aussi au duo Vicky Krieps/Vincent Lacoste (formidable dans le rôle de Fernand Iveton) qui fonctionne à merveille, grâce aussi à cette scène, d'une émotion intense, où pour accompagner vers la mort un homme qui se sacrifie pour leur cause, des femmes et des hommes algériens chantent à l'unisson leur pays qui n'existe pas encore.
Recommandation : 3 coeurs
— L’HOMME DE LA CAVE de PHILIPPE LE GUAY— Avec FRANÇOIS CLUZET JÉRÉMIE RÉNIER BÉRÉNICE BÉJO…
À Paris Simon Sandberg et Hélène son épouse décident de vendre une cave dans l'immeuble où ils habitent. Jacques Fonzic, un homme qui se prétend professeur d’Histoire, l'achète sans préciser qu'il compte y vivre. Peu à peu sa présence va bouleverser la vie du couple, car Fonzic va se révéler être un enseignant radié de l'Education Nationale pour négationnisme. Indélogeable — il connait ses droits jusqu'au bout des ongles — il va même finir par gangréner Simon, sa femme et leur entourage.
Inspiré par une histoire vraie très en phase avec deux des maux majeurs de la société actuelle -l’ansémitisme et le complotIsme - Philippe Le Guay a changé de registre. Le voici qui s'essaie au thriller psychologique. Est-ce le thème - le négationnisme et ses conséquences - qui l’a intimidé ? Le cinéaste d'habitude si brillant ( Les Femmes du sixième étage, Alceste à bicyclette ) semble gêné et même bridé. Son récit est tellement abrupt que certaines de ses scènes en perdent tout réalisme. Dommage car le cinéaste tenait là un sujet rarement traité au cinéma, avec pour le défendre des comédiens de haut vol. Ces derniers sont d'ailleurs tous convaincants : Jérémie Rénier dans son énergie et sa détermination, Bérénice Béjo dans son engagement et François Cluzet, dans sa justesse impressionnante à jouer les salauds.
Recommandation : 3 coeurs
—LE LOUP ET LE LION de GILLES de MAISTRE — Avec MOLLY KUNZ, GRAHAM GREENE, CHARLIE GARRICK…
À la mort de son grand-père, Alma, jeune pianiste de 20 ans revient dans la maison de son enfance, perdue sur une île déserte du Canada. Sa carrière de concertiste semble tracée. Mais tout bascule quand un lionceau — rescapé d'un cirque —et un louveteau —traqué par des scientifiques —surgissent dans sa vie. Pour s'occuper d’eux, elle décide de rester sur l’île. L’impensable survient : normalement viscéralement ennemis, le canidé et le félin vont s’aimer comme des frères jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Mais un drame surgit, qui va les séparer. Alma va tout tenter pour les réunir
Quatre ans après Mia et le Lion ( Plus de 6 millions d'entrées à travers le monde ) Gilles de Maistre revient au film animalier familial. Pour ce nouvel opus et après cinq années de travail de préparation avec des dresseurs spécialisés, le cinéaste, qui est un grand admirateur de Jean-Jacques Annaud, a réussi à faire vivre ensemble deux espèces sauvages qui, d'habitude, ne se rencontrent jamais. Son récit est sincère et touchant ; ses images, magnifiques et bluffantes et son casting parfait. Dommage que les rebondissements du scénario soient un peu trop prévisibles.
Recommandation : 3 coeurs
— STORIA DI VACANZE de FABIO D’INNOCENZO et DAMIANO D’INNOCENZO — Avec ELIO GERMANO, BARBARA CHICHIARELLI, LINO MUSELLA…
Situé dans une banlieue pavillonnaire des environs de Rome, ce film choral suit le quotidien de plusieurs familles « ordinaires » pendant les vacances d’été. Au début, tout semble joyeux et serein. Mais cette normalité va vite craquer sous l’effet de la violence et de l’anxiété générées par l’incapacité de ces familles à communiquer. Par manque d’affect, les adultes n'arrivent plus à parler à leurs enfants et ils les maltraitent. Petit à petit, le réalisme s’efface et laisse place à une atmosphère de conte effrayant où la bêtise et la fourberie côtoient la tragédie. On devrait avoir envie de fuir tant ce récit dégage quelque chose de malsain, pour ne pas dire, nauséabond. Sans trop comprendre pourquoi puisque tous ces personnages ne dégagent aucune empathie. Les frères d’Innocenzo jouent avec nos nerfs et nous donnent à voir la société dans ce qu’elle a de plus abject et méchant. Bien que baigné dans la lumière éblouissante des étés italiens, leur film est noir, affreusement pessimiste. Indéniablement Storia di Vacanze est du cinéma, mais on en sort sonné, avec une grande envie d’air frais et de chaleur humaine.
Recommandation : 3 coeurs
Commentaires
Ce film manque de souffle. La construction (géniale) de la Tour Eiffel demandait une réalisation épique. On rêve 'un moteur en scène tel que Spielberg.
Une grande aventure française qui tourne comme le dit le commentaire à une banale (?) comédie romantique d'une amour adolescente ....
Est-là le génie de la France ?
Le film se laisse vois sans plus : il n'emporte pas l'adhésion ... Pour moi deux ** c'est déjà bien.
Un film planplan avec une histoire pareille c’est un comble. Le pire du cinéma patrimonial national , qualité française un peu poussiéreuse et des acteurs sans relief, fuyez.
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