Early Winter
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Thème
Entre Noël et le jour de l’an, au Canada, alors que l’hiver porte à l’enfermement, David, mari et père aimant, se met à douter de la fidélité de sa femme, par ailleurs vampirisée par les écrans (TV, mobile, ordinateur). Ce soupçon ravive en lui un souvenir aussi terrible que culpabilisant.
Points forts
- Un film subtil et profond sur l’Amour comme don de soi (engagement) dans le couple, au travail, auprès des gens en souffrance (ici en fin de vie).
- Le temps laissé au temps et à l’imprégnation via les silences. Seuls quelques rares et judicieux inserts rythment le tempo, tel des respirations.
- Le jeu sur les couleurs, l’obscurité, les lumières artificielles et le confinement (les décors sont quasiment réduits au pavillon de David et Maya et à la maison de retraite).
- Au final, le réalisateur réussit son pari de nous faire sentir tout ce qu’un hiver long et froid peut avoir d’influent sur l’humeur et la relation. Et ce que les jeux, mobiles, écrans… ont de pernicieux quand ils servent à fuir la peur de se parler.
- Il y a du Visconti façon “Mort à Venise” dans cette superbe exploration mais aussi du Ken Loach de Raining Stones (1993) ou de My name is Joe (1998) avec son héros à la dégaine d’homme bourru au cœur gros, capable de coups de gueule comme de pardon et rongé par le remord. Une belle alliance de l’esthétique et du sens (ici, humaniste).
Quelques réserves
Même si ce n’est jamais ennuyeux, il faut accepter de passer en permanence du québécois à l’anglais et inversement. De même, les plans séquences misent sur une forme de lenteur, l’absence d’action forte et de tout autre procédé rythmique factice. Enfin, le spectateur est mis à contribution pour décrypter les non-dits. Ces précisions ne forment pas à proprement parler des point faibles mais des avertissements...
Encore un mot...
“Aujourd’hui, on nous fait croire en l’amour dans le sens de “tomber amoureux” et ça devient un état cérébral psycho-chimique altéré, une vraie drogue. Le problème, c’est que vivre quinze ans sous le même toit avec la même personne, ça n’a rien d’idyllique. Cela demande courage et abnégation”. Michaël Rowe.
Une phrase
“C’est quand il y a moins de passion que commence l’engagement.” David à sa collègue Dominique
L'auteur
Né en1971 à Ballarat en Australie, Michaël Rowe étudie la littérature anglaise, devient poète, remporte le “Melbourne Fringe Festival Poetry Prize” puis se met au théâtre. Trois pièces plus tard, à 23 ans, en 1994, alors qu’il voyage au Mexique, il tombe amoureux de ce pays qu’il d’adopte. Il y devient journaliste puis scénariste et réalisateur, en 2006, avec son 1er court-métrage : Cacahuates, suivi de Silencio en 2007. Il passe au long en 2010, avec Année bissextile. Coup de maître puisqu’il remporte la Caméra d’Or à Cannes. S’ensuitManto Acuifero, primé à Rome, en 2013. Early Winter est son 1er film en langue anglaise. Il a obtenu le Prix du jury Venice Day à Venise 2015 (section indépendante de la Mostra, l’équivalente de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes).
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