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Thème
Nous sommes en 1943. Paris est en pleine Occupation allemande, les bruits de la guerre sont assourdissants, mais complètement immergé dans son art, Django Reinhardt semble indifférent à ce vacarme. Entre deux concerts triomphaux, quand il ne s’occupe ni de sa femme, ni de sa mère, ni de sa maîtresse (les trois femmes de sa vie), le guitariste de jazz le plus célèbre de son époque pêche à la ligne des poissons chats dans la Seine, ou fait le bœuf avec ses potes musiciens.
Mais voilà qu’un jour, les Allemands veulent l’envoyer jouer devant le Führer en le forçant à respecter des règles musicales qui lui semblent irrecevables : pas d’impro de plus de neuf secondes, pas de swing, etc… Concomitamment, des nouvelles lui parviennent selon lesquelles les nazis déportent et massacrent les tziganes dans toute l’Europe. Comme elles lui sont confirmées par sa maîtresse, il les entend et se sent contraint de quitter Paris.
Espérant pouvoir passer très vite en Suisse, il débarque, avec sa mère et sa femme, à Thonon-les-Bains, où se sont déjà réfugiés d’autres tziganes. Les nazis les retrouvent et de nouveau, c’est la fuite.
Points forts
C’était une idée formidable de vouloir consacrer un biopic à celui qui fut en son temps, et le reste aujourd’hui, le plus grand guitariste de jazz manouche du monde. L’autre bonne idée était d’avoir voulu tourner le dos à la forme habituelle des biopics, naissance, vie, et mort du « sujet », pour circonscrire le scénario aux années parmi les plus marquantes, les plus spectaculaires et les plus significatives de ce « sujet ».
En ce qui concerne la biographie de Django Reinhardt, les années 40 semblaient idéales. Un artiste qui passe du rang d’idole à celui de fugitif, dans la France occupée, ça promettait d’être spectaculaire, passionnant, haletant, dramatique, émouvant… Ca le laissait d’autant plus espérer que le rôle de Django allait être tenu par l’un de nos plus grands comédiens, Reda Kateb, célébré à juste titre, lors de chacune de ses apparitions à l’écran, pour l’incandescence d’un jeu, pourtant tout de retenue et de douceur. On se réjouissait aussi de voir figurer au générique du film l’une des plus craquantes comédiennes belges du cinéma français, Cecile de France.
Avec tous ces points « forts », on pouvait espérer sinon un chef d’œuvre, au moins un film trois étoiles.
Il s’avère, qu’outre la prestation, comme d’habitude très juste et très humaine de Cécile de France, la seule promesse tenue du film est la perfection du jeu de Reda Kateb. Le comédien dit s’être « entraîné » à la guitare pendant plus d’un an avant le début du tournage. Le résultat de son travail est époustouflant. Même si, au final, le son n’est pas le sien, on y croit, tellement il est engagé dans son jeu, yeux presque clos, mains courant follement sur les cordes de son instrument, d’où sortent des sonorités et des rythmes inouïs. Fascinant aussi est le portrait que propose le comédien de l’homme Reinhardt, indissociable évidemment de l’artiste Django. On découvre ainsi que le guitariste abritait un être complexe, fait de masculinité, de tendresse, de passion, d’humilité, de courage, de persévérance et aussi de propension à la rêverie, un de ces êtres dont la personnalité s’imprime à jamais chez ceux qui les rencontrent.
Quelques réserves
Hélas, mis à part la performance éblouissante, donc, de Reda Kateb et, dans une mesure moindre, celle de Cécile de France (rôle plus secondaire, requérant moins de préparation), le film déçoit. Scénario bancal, dialogues « platouilles », scènes peu crédibles, cadrages inefficaces.
Sans doute à cause de son inexpérience comme réalisateur, Etienne Comar n’a pas su égaler le grand et chevronné producteur qu’il est.
Encore un mot...
Malgré toutes ses faiblesses et tous ses manques, on recommandera quand même ce film. Pour sa vertu de faire réentendre et revivre un musicien qui fut hors norme. Pour ses poignantes images de fin, composées à partir de photos d’archives de tziganes emprisonnés et déportés. Et surtout, pour la performance de Reda Kateb, qui trouve ici son plus grand rôle au cinéma. A lui tout seul, dans une économie de jeu impressionnante, il sauve le film. Ce qui n’est pas rien.
Une phrase
« Il y avait d’autres acteurs possibles pour le rôle, mais Réda est probablement l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Il allie à la fois le charme insouciant et une certaine gravité ». (Etienne Comar)
L'auteur
Né le 25 janvier 1965, diplômé de la Femis en 1992, Etienne Comar est un producteur et scénariste français parmi les plus dynamiques du cinéma hexagonal.
C‘est par la production que débute ce passionné de pellicule, connu pour son aptitude à dénicher les talents. Il passe d’abord chez Erato films, où il fait naitre notamment Boris Godounov d’Andrzej Zulawski et Van Gogh de Maurice Pialat, puis il prend son envol et crée sa propre société. Verront le jour, grâce à lui une quinzaine de longs métrages, dont Zonzon de Laurent Bouhnik (1998), Madeleine, du même réalisateur (1999), Papa de Maurice Barthélémy (2005), Les Femmes du sixième étage de Philippe Legay (2011).
Depuis 2009, en plus de son activité de producteur, il participe à de nombreux scénarios, dont ceux de Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois (2010), des Saveurs du palais de Christian Vincent (2012) et de Mon Roi de Maiwen (2016).
Librement inspiré de l’ouvrage Folles de Django dû à Alexis Salatko - avec lequel il a co-écrit le scénario - Django est son premier film en tant que réalisateur. Une nouvelle activité qu‘il revendique comme étant une suite logique à son métier de producteur.
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