DIVERTIMENTO
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Thème
A 17 ans, Zahia Ziouani (Oulaya Amamra) rêve de devenir cheffe d’orchestre, et sa sœur jumelle, Fettouma (Lina El Arabi), violoncelliste. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique classique, grâce à un père (Zinédine Soualem) qui en a toujours été un grand amateur, elles souhaitent en faire leur métier pour rendre ce genre musical accessible à toutes les oreilles.
Comment parvenir à accomplir ce rêve, en1995, quand on est une femme d’origine algérienne et qu’on vient du 93 ? Il va falloir à ces deux sœurs une sacrée détermination pour arriver à créer leur propre orchestre, composé de musiciens venus de tous les horizons. Un orchestre qui s’appellera : Divertimento.
Points forts
- Quand un scénario est bâti sur une histoire vraie, en général, pas de demie-mesure. Ou ça casse parce qu’on en fait trop, ou ça passe, parce qu’on respecte l’histoire et qu’on essaie de la raconter avec le plus de justesse et de retenue possible. C’est le cas de Divertimento pour le scénario duquel la cinéaste Marie-Castille Mention-Schaar n’a pas cessé de consulter celle qui en était le centre, Zahia Ziouani, devenue cheffe d’orchestre à 21 ans et qui depuis parcourt le monde avec son orchestre composé de musicien(ne)s de tous les pays.
- Le casse-tête des films qui mettent en scène des musiciens est de trouver des comédiens qui jouent d’un instrument. Marie-Castille Mention-Schaar avoue que le casting de Divertimento est sans doute le plus difficile qu’elle ait eu à mener. Elle a dû auditionner des centaines de candidats. Mais le résultat est là. Les séquences de répétitions d’orchestre sont toutes musicalement crédibles, avec ce plus assez incroyable : elles ont toutes été tournées en son direct.)
- Divertimento propose un regard sur les femmes, qu’on voit de moins en moins aujourd’hui : Elles sont battantes et pugnaces, mais jamais hostiles envers les hommes.
- Et puis aussi, il faut saluer la présence dans ce film de l’immense Niels Arestrup qui interprète le non moins immense chef d’orchestre Sergiu Celibidache. Il lui prête sa carrure, sa douceur brutale, sa violence verbale, et son amour pour la musique.
Quelques réserves
- Dommage que la fin de ce film, pourtant jusque-là dirigé de main de maître, s’effiloche dans une séquence inutilement mélodramatique.
- On peut regretter par-ci, par là, des petites faiblesses de casting ( pour des rôles, il est vrai, secondaires) et aussi des scènes un peu trop manichéennes sur le clivage : Paris (forcément chic et réac) et banlieues (forcément pauvres, ignares et violentes).
Encore un mot...
Décidément, Marie-Castille Mention-Schaar aime s’emparer de sujets d’actualité pour faire ses films. C’est même sa spécificité. Après notamment, en 2016, Le Ciel attendra sur la radicalisation islamiste et, en 2019, A Good man, sur l’histoire d’un homme trans non opéré qui portera le bébé de sa compagne, la voici qui retrace l’histoire vraie d’une jeune femme qui malgré ses handicaps (ses origines et sa condition de femme) va réussir ce qu’alors, d’aucuns pensaient impossible : s’imposer dans un monde jusque-là alors exclusivement réservé aux hommes, celui de la musique symphonique.
Au plus près certainement de la réalité, son film présente un véritable intérêt, pas seulement parce qu’il se reçoit comme une leçon de courage, de ténacité et d’humanisme, mais aussi parce qu’il dévoile les coulisses du milieu de la musique classique d’avant les années 2000, un milieu rude et macho où les femmes étaient, si on ose cette image, menées à la baguette et interdites d’estrade. En dehors de cet aspect documentaire qui permet de mesurer l’évolution du monde musical ces trente dernières années, Divertimento a un autre atout majeur : il permet à la jeune actrice Oulaya Amamra, déjà révélée en 2017 par Divines, de laisser exploser son talent. A côté d’elle, qui illumine l’écran, les défauts du film font figure de broutilles.
Une phrase
« J’ai découvert le parcours de Zahia Ziouani et de sa sœur jumelle Fettouma lorsqu’on m’a proposé le projet de ce film. Leur histoire m’a touchée à beaucoup d’égards. Je suis moi-même passionnée de musique : mon père était pianiste et chef d’orchestre, ma grand-mère était une grande violoniste - c’est elle qui m’a appris à jouer du piano. La musique classique et les concerts ont bercé mon enfance » ( Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice)
L'auteur
C’est en tant que productrice que Marie-Castille Mention-Schaar fait ses premiers pas dans le monde du cinéma. Associée à Pierre Kubel et Frédéric Bourboulon au début des années 2000, elle produit de nombreux films dont ceux réalisés par Antoine de Caunes (Monsieur N, Désaccord parfait ), Philippe Harel (Tu vas rire, mais je te quitte ), ou encore Pierre Jolivet ( Zim and co, Je crois que je l’aime ). En 2009, elle se lance dans l’écriture de scénarios. Coup d’essai, coup de maître : La Première Étoile, réalisé par Lucien Jean-Baptiste et qu’elle co-écrit avec lui, est un succès.
Elle décide alors de réaliser elle-même les films qu’elle écrira. Ce sera, en 2010, Ma Première fois, puis en 2011 inspiré d’un fait réel (la protestation des habitants de Carhaix pour conserver leur maternité), Bowling, avec Catherine Frot et Mathilde Seigner. Leur succèderont, en 2014, Les Héritiers, qui met en scène l’histoire (vraie encore) d’une classe difficile qui va se présenter à un concours national d’Histoire, puis en 2016 Le Ciel attendra, la montée de la radicalisation chez les jeunes, en particulier chez les jeunes filles ; puis encore, en 2020, A good man, l’histoire d’un trans, qui n’ayant pas fait d’hystérectomie décide de porter l’enfant que sa compagne ne peut pas avoir.
Divertimento est le septième film de cette cinéaste qui a cofondé en 2005 Le Cercle féminin du cinéma français qui regroupe de nombreuses professionnelles du cinéma.
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