Diamant Noir

Un polar noir, appliqué mais prometteur
De
Arthur Harari
Avec
Niels Schneider, August Diehl, Hans-Peter Cloos, Abdel Hafed Benotman, Guillaume Verdier et Raphaëlle Godin.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Pier Ulmann vivote à Paris entre chantiers et larcins qu’il commet avec son pote Kevin pour le compte de Rachid, son père de substitution. Un jour, la police lui annonce qu’elle a retrouvé son père biologique, ex tailleur de diamants, décédé dans la rue au terme d’une longue déchéance physique et morale. Lors de l’enterrement, Pier est abordé par son cousin Gabi qui, avec son père Jo (oncle paternel de Pier, donc), a réussi comme diamantaire à Anvers. Gabi voudrait que Pier vienne en Belgique rénover ses bureaux. Convaincu depuis son enfance que l’oncle Jo est à l’origine de la décrépitude de son père, Pier voit dans cette invitation l’occasion de le venger et accepte.

Points forts

- Partant de la trame d’Hamlet, à savoir l’histoire d’un jeune homme désireux de venger la mort de son père en détruisant sa famille, Arthur Harari réussit un film d’une beauté formelle incontestable tant par la qualité des plans que celle des lumières.

- L’aspect documentaire sur le milieu diamantaire anversois est instructif tout comme est bien vu le thème des ravages dus à la transmission de la haine des parents aux enfants.

- L’usage de la symbolique de l’œil “capteur de lumière et du beau” et de la main “qui les retranscrit en fabriquant”, (symbole à l’origine du nom d’Anvers, découverte à mettre au crédit du film) est aussi astucieuse que la métaphore sur le cinéma où, comme pour la taille du diamant, “la technique s’apprend vite, (et) c’est l’œil qui fait tout”.

- Niels Schneider est sombre et ambigu à souhait et la diversité du casting heureuse.

Quelques réserves

- L’excès de plasticité formelle finit par anesthésier l’émotion. Si le destin de Pier nous touche, il ne nous émeut pas. Pas même dans la scène finale quand l’oncle Jo qu’il a sauvé et qui a tout compris du casse lui demande ce qu’il va faire et qu’il répond : “Je voudrais partir”, pouvant laisser entendre “quitter l’univers familial”, donc “renaître”.

- Bien qu’Arthur Harari sache jouer des événements attendus avec le spectateur, lui donnant parfois raison (l’échec du casse) et parfois tort (le trio amoureux)… on regrette qu’il ait choisi de privilégier le cambriolage au détriment de l’approfondissement de la psychologie des personnages sur un sujet aussi porteur que celui de la vengeance familiale. De même, côté décor, on aurait  apprécié découvrir davantage Anvers.

- Enfin, si la fluidité du récit est très agréable, le rythme aurait gagné en efficacité avec quelques coupes par ci par là ou des ruptures de narration.

Encore un mot...

Quels que soient les points faibles soulignés, ce premier long-métrage d’Arthur Harari dédié à Abdel Hafed Benotman, romancier et braqueur mort en février 2015, n’en reste pas moins prometteur.

Une phrase

"Tu vas là-bas pour voir et pour prendre". Rachid à Pier.

L'auteur

Né à Paris, en 1981, Arthur Harari fait des études de cinéma à l’Université. Entre 17 et 21 ans, il co-réalise avec son grand frère, Tom Harari, plusieurs courts-métrages en super 8. En 2002, il réalise et auto-produit son premier court-métrage en 16 mm, L’Homme dedans, où un jeune homme passe ses journées au café du coin et, peu à peu, s'enferme dans son impuissance et la solitude, au grand dam de son ami. S’ensuit en 2005 Des jours dans la rue, l’histoire d’un quarantenaire célibataire sillonnant à pied Paris et la banlieue à la recherche d’un travail et qui, n’en trouvant pas, continue d’errer jusqu’à épuisement. En 2006 il réalise Le Petit, essai documentairevidéo “à la Eustache”, sur ses relations avec Lucas Harari, le benjamin de la famille. En 2007, sort La main sur la gueule qui voit Bruno débarquer avec son amie Liliane chez son père, lequel vit seul en pleine campagne. Suit en 2013 Peine perdue,film choral bucolique, aquatique et champêtre abordant les complexités de la séduction lors d’un concert en plein air.Entretemps, cet artiste polyvalent incarne Alexandre dans le court-métrage de Lucie Borleteau La grève des ventres (2012) puis Arthur dans La bataille de Solferino de Justine Triet (2013) ou encore son propre rôle dans Cinéastes de Julie Gayet et Mathieu Busson (2013). Multipliant les supports, il apparaît aussi en journaliste dans le 8ème épisode de la saison 2 de la formidable série télé Ainsi soient-ils. Diamant noir est le 1er long métrage de ce passionné du film réaliste qu’il soit policier (Le Solitaire de Michael Mann – 1980) ou dramatique (La Bête Humaine de Jean Renoir - 1938).

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Vous pourriez aussi être intéressé