Dans les forêts de Sibérie
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Thème
Teddy (Raphaël Personnaz) veut fuir la ville et la vie moderne, il rêve de solitude et de liberté, joli programme. Mais, sombre perspective, il a décidé de vivre dans une cabane située sur les bords des rives gelées du lac Baïkal en plein hiver, une expérience limite qui peut mal tourner. Il va rencontrer un Russe, Aleksei (Evgueni Sidikhine), qui vit caché dans la forêt depuis des années pour échapper à la police. « Dans les forêts de Sibérie » est l’histoire d’une amitié dans un lieu où les citadins comme Teddy ne peuvent pas survivre.
Points forts
- Dès le début, on est conquis et fasciné par le somptueux paysage, à l’image d’un Teddy ébloui, juché sur un camion roulant sur l’étendue du lac gelé. Les prises de vue aériennes à l’aide d’un drone font découvrir au spectateur le grand lac strié de lignes inégales. L’hiver sibérien, qui nous remplit d’effroi et de froid, est le maître des lieux, du temps, de l’espace et du destin des hommes.
- « Ma référence suprême à l’écriture était “Dersou Ouzala” (1975), le grand film écologique de Kurosawa » affirme le cinéaste. On se souvient peut-être de ce chef d’œuvre qui retraçait l’itinéraire d’un chasseur respectueux de l’environnement au cœur de la Sibérie. On retrouve le même souffle, les mêmes préoccupations écologiques dans le film de Safy Nebbou, à savoir que la nature est le bien le plus précieux de l’humanité. On le sait mais il est bon de le marteler.
- Raphaël Personnaz a suffisamment de naïveté dans le regard pour transmettre le bonheur et l’inconscience de son personnage entré avec enthousiasme dans la solitude grandiose de l’hiver. Il ne fait que ça, Personnaz, se réjouir d’être là, mais il le fait bien.
Quelques réserves
Le cinéaste a rajouté, avec la complicité de Sylvain Tesson, le personnage d’un transfuge russe pour corser l’intrigue et faire en sorte que le solitaire le soit un peu moins. L’absence d’intrigue forte, si ce n’est le moment où Teddy est pris dans une tempête et ne retrouve pas le chemin de sa cabane, est évidemment dommageable parce qu’un film, c’est d’abord une bonne histoire, la plupart des grands cinéastes vous le diront. C'est légèrement différent avec un livre où l’on peut philosopher, prendre le temps d’exposer son point de vue, ce que fait avec talent Sylvain Tesson. « Adapter fidèlement ce récit risquait de donner un film narratif narcissique qui n’aurait concerné que les expériences d’une personne », souligne toutefois l’écrivain voyageur. Oui, mais…
Encore un mot...
Reste le lac Baïkal, somptueux à filmer en hiver. Situé dans le sud de la Sibérie, il constitue la plus grande réserve d’eau douce à la surface de la terre. Il s’étend sur une longueur de plus de six-cents kilomètres avec une largeur variant de vingt-quatre à quatre-vingt kilomètres, ce qui en fait le sixième lac au monde pour sa superficie. Son volume d’eau représente deux cent soixante fois celui du lac Léman. C’est aussi le lac le plus profond du monde.
Une phrase
- « Lorsqu’on arrive sur un décor aussi puissant que celui du lac Baïkal, on ne peut pas faire le fanfaron. Marcher ou rouler dessus en camion, c’est presque de la science-fiction ». Safy Nebbou
- « Quand Napoléon revenait de la campagne de Russie avec son Maréchal de Caulaincourt, il disait dans le traîneau qui le ramenait à Paris, qu’il y avait deux sortes d’hommes : ceux qui obéissent (il évoquait la totalité de l’humanité) et ceux qui commandent (il parlait de lui). Mais à mon avis, il y a une troisième catégorie : ceux qui fuient ! Ceux-là ne veulent pas changer le monde mais ne veulent pas non plus subir ou obéir ou commander ou nuire. » Sylvain Tesson
L'auteur
Né à Bayonne, Safy Nebbou, 48 ans, a été comédien avant de réaliser trois films qui n’ont rien d’anodin : « Le cou de la girafe » (2003), drame familial sur fond de maladie d’Alzheimer, avec Sandrine Bonnaire et Claude Rich ; « L’empreinte de l’ange » (2008), thriller psychologique sur la maternité inspiré d’une histoire vraie, avec Catherine Frot et Sandrine Bonnaire ; et « L’autre Dumas » (2010) avec Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde. Son nouveau film, « Dans les forêts de Sibérie », est adapté du livre de Sylvain Tesson, prix Médicis essai 2011, qui a fasciné de nombreux lecteurs dont celui qui écrit ces lignes.
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