Comme des Rois
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Thème
C’est l’histoire de Joseph, un père tendre et aimant (Kad Merad) qui voudrait « travailler » en tandem avec Micka, son fils chéri ( Kacey Mottet-Klein). Mais voilà ! En réalité, Joseph est un escroc à la petite semaine, incapable de proposer à son fils autre chose que ses arnaques foireuses au porte à porte. Second problème encore plus insurmontable : ce fils, lui, ne rêve que d’une chose, devenir acteur, loin de son père et de ses minables magouilles…Pour l’un comme pour l’autre, rien ne sera gagné…
Points forts
- Il est difficile de ne pas succomber à ce duo d’un père et d’un fils qui s’aiment et se respectent au delà de ce qui les séparent.
- Ciselés avec une précision d’orfèvre, dépourvus de violence et de vulgarité, les dialogues sonnent juste. Ce qui frappe ici, c’est la douceur et la gentillesse des personnages, leur candeur aussi, qui s’exprime même quand ils arnaquent. Malgré des conditions de vie difficiles, personne n’est agressif ou envieux. C’est ce qui rend le film bouleversant.
- A travers les portraits de ce père et de ce fils, c’est toute une société, celle des précaires, qui s’inscrit en filigrane dans ce film, dont un autre de ses tours de force est qu’à aucun moment, il ne fait preuve de misérabilisme. Malgré ses difficultés, la vie reste légère.
- Dans le rôle du père, à la fois menteur, hâbleur, looser et aimant, Kad Merad est irrésistible. Il ne fait rien en force, glisse avec une belle subtilité entre toutes les nuances de son rôle.
- Face à lui, Kacey Mottet-Klein est étonnant de justesse. Ce comédien suisse de 19 ans ne chipe pas la vedette à son ainé, mais il lui tient la dragée haute.
Voir fonctionner le tandem de ces deux-là est un régal.
Quelques réserves
Si on accepte le principe des films sans chichi, sans tralala, sans « spectacularisation » excessive et effets spéciaux à tout va, alors ce Comme des Rois n’a pas, à mon avis, de point faible.
Encore un mot...
La chronique sociale n’est pas un genre facile. Souvent elle tombe, soit dans la caricature, soit dans l’apitoiement, soit dans le mélo. Rien de tout cela dans celle-ci. Xabi Molia a réussi à donner une légèreté de crème fouettée à son « Comme des Rois » et cela, malgré son sujet : sur fond de souffrance sociale, le combat d’un père pour sortir sa famille de la précarité. Cette légèreté de traitement est payante : le film émeut, jusqu’au rire, sans passer par les larmes. C’est ce appelle du (bon) cinéma populaire.
Une phrase
« Un soir je suis tombé sur Baron noir, et j’ai eu une illumination : Joseph, c’était Kad Merad ! Je reconnais que jusque là, je n’avais pas su le regarder. J’ai découvert ce soir là qu’il avait une capacité magnifique à sauver tous les personnages qu’il joue, par un simple effet de présence. Il a l’air accessible et chaleureux, on prendrait bien un verre avec lui: le profil parfait de l’arnaqueur de proximité » (Xabi Molia, réalisateur).
L'auteur
C‘est par le scénario que Xabi Molia, né le 25 décembre 1977 à Bayonne, s’est engouffré dans l’univers du cinéma. En effet, après des études à l’Ecole Normale Supérieure et un doctorat en études cinématographiques consacré aux films catastrophe, le jeune basque entame une carrière de romancier, d’abord chez Gallimard, puis au Seuil, ce qui lui vaut plusieurs récompenses, dont, en 1998, le 3ème Prix du jeune écrivain francophone pour Spinoza et moi. Mais très vite parallèlement, il réalise ses premiers courts métrages, dont, en 2008, S’éloigner du rivage.
Son premier long, 8 fois debout, avec Julie Gayet et Denis Podalydes, sort en 2010. Suivront, en 2013, Les Conquérants, et en 2014, Terrain, un documentaire sur le football en banlieue réalisé pour Arte.
Comme des Rois est donc son troisième long métrage de cinéma, pour le jeune cinéaste qui vit désormais à Paris en partageant son temps entre la réalisation et l’écriture.
Et aussi
- « Cornelius, le Meunier hurlant » de Yann Le Quellec- Avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern.
Adapté d’un roman de l’écrivain finlandais Arto Paasilinna, ce film inclassable raconte l’histoire de Cornélius, qui vient s’installer dans le surplomb d’un village du bout du monde, pour y construire un moulin. D’abord bien accueilli, Cornélius va devenir persona non grata, à cause d’un défaut que les villageois vont trouver rédhibitoire : le meunier hurle toute les nuits à la lune, empêchant tout le monde de dormir. Soutenu par l’amour naissant de la belle Carmen, qui, elle, se contrefiche des différences, Cornélius résistera, jusqu’au jour où…
Amateurs de classicisme, passez votre chemin, car voilà un film qui sort des sentiers battus et ne ressemble à aucun autre, tant il emprunte, ici à la fable, au conte ou au récit sentimental, là au western et à la comédie dionysiaque , là encore au drame et à la tragédie. Son rôle titre est tenu par un acteur hors norme lui aussi, Bonaventure Gacon, un comédien venu du cirque dont le gabarit (impressionnant), la sensibilité (très féminine) et le jeu (très physique) évoquent le Gérard Depardieu de ses débuts.
Si on ajoute que les paysages du film sont splendides, sa photo et ses cadres de toute beauté et sa musique, signée Iggy Pop, sensationnelle, alors vous comprendrez que ce film Ovni est à découvrir de toute urgence. Il est signé Yann Le Quellec. Un cinéaste venu de la BD, qui pour son premier long métrage fait preuve d’un culot cinématographique monstre.
RECOMMANDATION; EXCELLENT
- « Daphné » de Peter Mackie Burns, avec Emily Beecham, Geraldine James et Tom Vaughan-Lawlor.
Entre son job de serveuse dans un pub, ses beuveries et ses amants d’une nuit, Daphné n’a pas un instant à elle. Ça tombe bien : le tourbillon incessant qu’est sa vie convient parfaitement à cette jolie rousse trentenaire, indépendante, incandescente et provocatrice, qui ne croit pas en grand chose, et surtout pas à l’amour. A la suite d’un braquage violent dont elle est le témoin, sa vie va basculer, son rapport au monde s’en trouver chamboulé et sa carapace de jeune femme cynique, fracturée…
Quel joli portrait de femme, à la fois touchant, intime et surtout moderne ! Daphné pourrait être l’archétype des jeunes célibataires trentenaires londoniennes de 2018. On a d’autant plus d’empathie pour elle qu’elle est jouée par une comédienne aussi charismatique que délicieuse, Emily Beecham. La jeune interprète britannique a su insuffler à son personnage grâce, vivacité, énergie, humour, fragilité et… rudesse.
Daphné lui doit une grande partie de son charme effervescent. Mais il faut dire aussi que l’actrice (découverte dans Ave Cesar des frères Coen) est entourée d’un casting impeccable et portée par un scénario qui a obtenu un prix au dernier Festival du film britannique.
Ce Daphné est un coup de maitre pour le britannique Peter Mackie Burns dont c’est le premier long métrage.
RECOMMANDATION: EXCELLENT
- « La Révolution silencieuse » de Lars Kraume- avec Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Lena KLenke, etc…
Tiré du roman éponyme, autobiographique, de Dietrich Garstka, La Révolution silencieuse, du cinéaste allemand Lars Kraume, montre comment, en 1956 ( avant la construction du mur de Berlin), une minute de silence observée en début d’un cours par une classe de bacheliers est-allemands en signe de soutien aux insurgés hongrois luttant contre leur occupant soviétique, va peser sur le destin de ces élèves...Cet acte de résistance, complètement pacifique et en apparence très anodin, va pourtant être pris très au sérieux par les autorités est-allemandes qui vont en faire une affaire d’Etat…Malgré leur pression de plus en plus menaçante, ces lycéens vont pourtant faire bloc, avec un courage qui va friser l’inconscience…
Porté par une épatante distribution de jeunes acteurs allemands, ce film, inspiré donc d’une histoire vraie, permet à Lars Kraume d’ausculter l’ Allemagne de l’Est des années 50, basculant du régime nazi dans un régime totalitaire. Malgré sa mise en scène un peu statique, la Révolution silencieuse se regarde comme un thriller. Edifiant. Passionnant.
RECOMMANDATION: EXCELLENT
- « Action ou vérité » de Jeff Wadlow- Avec Lucy Hale, Tyler Posey, Violett Bean.
Comment un banal jeu entre amis va se transformer en cauchemar sanglant, quand des participants à ce jeu vont mentir ou refuser de jouer… Tout commence quand un groupe de sept étudiants américains part en vacances au Mexique, avant ses examens finaux. Un soir, dans un lugubre couvent mexicain, alors qu’ils entament une partie d’ « Action ou Vérité », des évènements bizarres vont se produire, jusqu’à mettre en danger les vies de chacun…Il y aura des morts…
Produit par Blumhouse ( Get Out, Paranormal Activity), voilà un thriller plutôt bien fichu, assez drôle et efficace, bien joué aussi, qui vient rappeler judicieusement que les jeux peuvent devenir mauvais pour la santé, physique et morale. Pas de quoi se relever la nuit, mais on passe un bon moment. A condition bien sûr d’aimer les films « horrifiques ».
RECOMMANDATION: BON
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