Classe à part
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Thème
Atteinte de myopathie, vivant seule avec sa mère depuis le départ de son père, Lena, jolie ado, intègre une classe adaptée, après des années de déscolarisation. Curieuse et douée, elle espère reprendre des études normales.
En attendant le passage devant le Comité d’approbation qui en décidera, elle se lie d’amitié avec Misha, caractériel depuis qu'il a été victime d'une méningite; son frère Mitka, bègue; Vitka, ronde, et influente dans le groupe; Olya, naine; et, surtout, Anton, le plus équilibré avec elle.
Leur jeu préféré : s’allonger entre les rails quand passe le train. Un défi qui a coûté la vie à l'un de leurs camarades de classe; mais qui, lorsqu’Anton le relève, lui révèle, ainsi qu’à Léna, leur amour, sous le regard, alors mauvais, de Misha.
Entre cours, sorties, pique-niques, profs désinvestis, parents dépassés et frustes, jalousie de Misha attisée par Vitka, les choses vont peu à peu déraper pour Léna.
Points forts
- Un film aussi crédible que coup de poing.
- Une ambiance totalement réussie grâce à l’utilisation du ton bleuté, du climat, à la qualité du scenario et au charisme des comédiens.
- Des acteurs pro incroyablement en osmose avec les amateurs handicapés.
- Une immersion qui en dit long sur la situation d’intégration-exclusion en Russie mais qui dépasse de loin ce simple cadre : adultes dépassés, enfants violents par manque de reconnaissance, refus de la complaisance (les héros handicapés ne sont pas des “gentils”, Léna exceptée). C’est le racisme, la bêtise, le rejet de l’autre par manque de culture, la démission des adultes qui affleurent en filigrane. Est-ce vraiment propre à la Russie ?
- Une fin faussement optimiste mais néanmoins libératrice, évoquant Vol sur un nid de coucou(Milos Foreman – 1975)
Quelques réserves
S’il en faut un, sa qualité principale : absence de concession, cruauté permanente, manque d’espérance malgré la fin en trompe-l’œil. Tout cela créé une tension certaine, voire une sensation d'oppression sans issue de secours.
Encore un mot...
Se fondant sur le roman Corrections Class, de Ekaterina Murashova, Tverdovsky a beaucoup étudié le milieu des classes adaptées, pour ce premier long métrage dont il voulait faire, au départ, un documentaire. Il n’a écrit aucun dialogue (ce qui est impossible à deviner à l’écran).
Une phrase
“Et à nous, il est où notre couloir !?” (La mère de Léna à la femme de ménage qui l’a apostrophée pour avoir marché sur le couloir tout juste lavé)
L'auteur
Né en 1988 à Moscou, fils d’un documentariste, Ivan I. Tverdovsky est diplômé de l’Institut National de la cinématographie Guerassimov de Moscou. A 26 ans, il collectionne déjà un nombre impressionnant de prix et de sélections dans les festivals du monde entier avec ses documentaires et ses courts-métrages (en Russie mais aussi au Canada, en Chine, en France, aux Etats-Unis, etc).
Il revendique l’influence de Lars von Trier du fait que, dans son enfance, son père louait chaque semaine des vidéos de ce réalisateur, qu’il regardait en famille. On peut y ajouter une sensibilité rageuse, à la Ken Loach, pour sa fibre sociale sans complaisance mais, aussi, proche de celle du prodige canadien Xavier Dolan avec son bouleversant "Mommy" (2014).
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Dur, cruel, superbe!
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