Cinéma “écolo”
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Thème
Les jardins du roi d’Alan Rickman
Tamara Drewe de Stephen Frears
Printemps, été, automne, hiver... et printemps de Kim Ki-Duk
et d’autres encore.
Points forts
Il faut désormais (clament les urbains) être « écolo », naturaliste (et pas naturiste), amoureux des plantes (même toxiques), des herbes (folles), des insectes (surtout ne plus marcher sur les fourmis), et de tous les autres animaux, qu’ils soient sauvages ou pauvres chats d’appartement...Galimatias et confusion…
Heureusement le cinéma est là : reflet d’une contemporaine nostalgie vers la simplicité et le bon usage de la nature, des cieux, du vent, de l’eau et de la terre. Dans sa vaste réserve de merveilles (et d’horreurs)… 3 hymnes au bonheur de jouir de la campagne, d’en apprendre bien être, humour et beauté.
Les Jardins du Roi d’Alan Rickman (2015, 1h53)
Sabine de Barra (Kate Winslet) est «jardinière», extravagante exception du Grand Siècle, vers 1680. André Le Nôtre (Matthias Schoenaerts) autant architecte que « jardinier » la choisit pour réaliser, à la demande du souverain Louis XIV (Alan Rickman), un théâtre de verdure dans le parc de Versailles. Le Roi-Soleil vient de perdre son épouse - «elle était gentille» dit-il, un peu perdu. La vie personnelle de ces trois protagonistes est compliquée de sentiments interdits, de jalousies mesquines, d’obstacles sociaux. Peu importe : ils se réfugient dans le dialogue avec les plantes, l’espace, la terre, pataugent dans la boue avec délice, coupent, taillent, inventent, cajolent les roses et les buissons.
Un Louis XIV complètement fantasmé, une intrigue subtile, une très belle reconstitution d’époque, 3 acteurs habités, tout en retenue. Alan Rickman a longtemps désiré ce film, financé en partie grâce aux extravagants cachets de « Harry Potter ». Tant mieux. Il y a la rencontre avec Monsieur de La Quintinie « roi des poires », le superbe monologue de la rose de Kate Winslet, les silences du besogneux Le Nôtre, et Stanley Tucci, irrésistible en Monsieur-frère du Roi !! Un régal...végétarien.
Tamara Drewe de Stephen Frears ( 2010, 1h26)
La verte campagne anglaise, à une petite heure de Londres. Un village somnolent où deux ados déchaînées sèment la pagaille, un pub, des prairies et du foin, une ferme, élégante maison d’hôtes pour écrivains en mal d’inspiration, gérée par un zozo lui-même auteur à succès et son épouse zélée.
Débarque dans cette arche paisible, l’éblouissante Tamara Drew (Gemma Arterton), avec ses souvenirs d’enfance, son amoureux transi et ses résolutions de femme libérée. C’est très drôle, ironique, insolent : tableau sans fard d’une société anglaise à la fois très coincée et très libre. Tout cela au milieu des poules, des vaches, des maisons dont le toit fuit, une châtelaine chassant les intrus à coups de carabine...Un rocker achève de semer la panique rurale...Mourir sous les sabots de vaches affolées par le chien d’un batteur rock est le summum du bonheur rustique…
C’est drôle, très bien fait, rempli d’oxygène décarboné. Frears met en boite, avec jubilation, tous les poncifs des bobos branchés. Tamara est éblouissante avec ses shorts trop courts. Cela donne envie de louer un cottage dans le Dorset.
Printemps, été, automne, hiver... et printemps
Peut être le plus beau film du coréen Kim Ki-Duk ( 2004, 1h38) et le plus silencieux.
Un ado des villes risque de mal tourner...Il est confié à un «sage », un moine qui habite un petit temple sur une île au milieu d’un lac entouré de montagnes verdoyantes, qui s’adonne à la méditation. La nourriture est sobre, le rituel des journées rigoureux ; au début, ça se passe assez mal, il est difficile de s’habituer à dormir à côté d’un serpent pacifiquement lové dans son panier.
La vie se déroule au gré des saisons : celle des fleurs ou des champignons, des cueillettes, de la pêche, du rude hiver où l’on peut marcher sur le lac gelé. Le cycle de la nature accompagne la pensée délivrée des tracas de la modernité trop matérialiste. L’enfant grandit et devient à son tour le « sage » de l’île, au terme d’ une bucolique passion amoureuse, initiant son propre fils. Lent, très symbolique, on s’endort volontiers à cette allégorie du bonheur simple et de la paix intérieure.
Plus de 200.000 entrées en France à sa sortie, il aurait du avoir la Palme d’Or à Cannes en 2004, s’il n’y avait eu quelques « arrangements »...
On peut apprécier, dans des styles fort divers :
La pléthore de récits américains où l’on part seul avec un canif dans les Rocheuses ou en Alaska, afin d’y mourir de faim ou dévoré par un grizzly. C’est le plus souvent niais et sinistre.
De pauvres imitations du magnifique Jeremiah Johnson de Sydney Pollack (1972, 1h40) avec Robert Redford, trappeur idéaliste, survivant d’un monde enfui.
Twister en 2003 de Jan de Bont avec Helen Hunt et Bill Paxton (aussi expressif qu’une endive) intéressant, réinvente la quête du Graal avec ses chasseurs de tornades de force 7 en Arizona. Bien fait, il mit à la mode un nouveau genre de tourisme.
Deux jolies merveilles très françaises : Le bonheur est dans le pré de Chatiliez (1995, 1h40), cinq millions d’entrées à sa sortie en salles, et Les enfants du marais de Jean Becker (2003, 1H50) avec la belle voix de Suzanne Flon, un des premiers rôles d’Eric Cantona (?). Un passé proche, simple, heureux, bucolique, plein d’escargots, de muguet et de canards. Tous deux servis par Michel Serrault très en forme, une pléiades d’acteurs talentueux. On rit souvent, surtout lorsque Monsieur Eddy se déchaine, face à une Sabine Azéma dans un de ses sommets.
On peut aimer aussi le duo de Claude Berri Jean de Florette et Manon des sources (1986/88), tragédie bucolique à l’accent du Midi, pour une histoire d’eau et d’oeillets : les paysages sont magnifiques. Montand en fait des tonnes. C’est dommage que Depardieu meure si vite.
Enfin, l’indéboulonnable Soupe aux choux de Jean Giraud (1981), sans âge, grimacière à souhait, très drôle avec ses deux fermiers péteurs et déjantés rassemble toujours des millions de téléspectateurs devant l’écran, et préfigure le besoin d’évasion spatiale face à la sottise humaine.
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