Cherchez la femme
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Thème
Étudiante à Sciences Po Paris, Leila (Camélia Jordana) projette de faire son stage de fin d’études avec son amoureux Armand (Félix Moati) au siège des Nations Unies à New York. Leila vit avec son frère cadet à Paris après la mort de leurs parents.
Et voilà que le frère aîné revient du Yemen, radicalisé de la barbe aux sandales. Il exige de sa sœur qu’elle quitte Armand, qu’elle renonce à ses études et à New York. Et il l’enferme séance tenante dans sa chambre.
Alors s’allument les contre feux. La famille d’Armand, des réfugiés iraniens de longue date- depuis l’accession de Komeyni au pouvoir -, montent un plan d’enfer avec leurs amis de la diaspora iranienne à Paris. « Pas question de laisser tomber une bac plus cinq » affirme la mère féministe d’Armand (Anne Alvaro). Lui-même invente un stratagème hautement burlesque, il se déguise en femme intégralement voilée pour rendre visite à sa belle enfermée.
Points forts
Il est préférable d’en rire plutôt que d’en pleurer. Cette comédie sur l’intégrisme islamiste fait plaisir tant elle retourne avec une habileté diabolique les situations les plus tendues et intolérables. Dans la vie, c’est sûrement moins facile, mais on peut tout au cinéma.
Notre fou de Dieu revenu du Yemen, qui rencontre illico d’autres fous dans sa banlieue parisienne, n’est au fond qu’un pauvre type qui ne parvient pas oublier la mort brutale de ses parents. Il faudra le temps du film pour le tirer de sa folie.
Autre réjouissance : la solidarité dont font preuve les amis des parents d’Armand pour l’aider à sortir de cette situation invraisemblable en France : sa fiancée enfermée par le frère. Pour ce faire, ils organisent une rencontre familiale complètement bidon et d’une drôlerie irrésistible.
La réalisatrice dit avoir été inspirée par « Certains l’aiment chaud » et par Cyrano de Bergerac, belles références. La dernière scène est aussi remuante que le film de Billy Wilder et inventive que la pièce d’Edmond Rostand. Elle se déroule à Orly au milieu des voyageurs alertés par des panneaux qu’il s’agit d’un tournage et pas d’une tentative d'attentat en vrai.
Quelques réserves
Il y a quelques raccourcis inexpliqués dans ce film où l’intrigue court vite. Peut-être ont-ils été réalisés au montage. Ainsi les parents d’Armand habitent un somptueux appartement avenue Foch, l’une des plus belles avenues de Paris, alors que le papa est chauffeur de taxi. Cherchez l’erreur… D’une manière générale, la comédie pêche ça et là par manque de réalisme.
Encore un mot...
Pourtant, les situations décrites dans son film, la réalisatrice les a quasiment toutes connues. Elle parle de sa copine de classe défigurée juste avant que ses parents décident de l’exfiltrer vers la France.
Quand Armand, déguisé en femme dans un bus, voilé jusqu’au bout des ongles, se fait prendre à partie par des réfugiées iraniennes qui trouvent absurde cet accoutrement en plein Paris alors qu'en Iran, les femmes sont tenues de le porter, c’est également du réel.
Elle a décidé d’en rire, Sou Abadi, et d’en faire rire les spectateurs. On en redemande.
Une phrase
« Un ex-président iranien a fui l’Iran en 1982 déguisé en femme voilée. Se travestir pour sauver sa vie : j’aimais cette idée ».
« J’ai pris les tragédies de ma vie, et j’en ai fait une comédie ».
L'auteur
Née en Iran en 1968, Sou Abadi s’est fait connaître en 2002 avec « S.O.S. à Téhéran », un documentaire tourné avec les risques inhérents dans la capitale iranienne. Elle a dû porter le tchador. « Je me suis cassé la figure plus d’une fois, dit-elle, en me prenant les pieds dans le tissu. Je me suis renversé du thé brûlant en essayant de boire avec ce tchador », scène que l’on retrouve dans son nouveau film où la bonne humeur est communicative.
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