Chanda, Une mère indienne
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Thème
Chanda Sahai travaille à la fois comme domestique pour le couple du Docteur Diwan et dans un atelier de tissage pour financer les études de sa fille Apeksha, alias Appu. Mais au grand dam de Chanda, Appu, dont la seule ambition est de devenir servante comme sa mère, passe son temps devant la télé, les jeux vidéo et à jouer avec ses amis Sweety et Pintu.
A l’initiative de la femme du docteur qui lui voue une véritable tendresse, Chanda s’inscrit dans la classe de 3ème de sa fille, sans que personne ne sache qu’elle en est la mère, pour l’obliger à réagir. Doublant ses journées de travail, Chanda se met à apprendre les maths avec le jeune Amar, un copain de classe d’Appui.
Entre honte et colère, Appu accepte alors le challenge que lui fixe Chanda : si elle fait mieux qu’elle en maths, Chanda n’ira plus en classe…
Points forts
- Osons et assumons la référence : de par son ton alternant humour et sentiments “nobles”, la morale qui le parcourt et sa fin humaniste autant que positive, ce film flirte avec les meilleures réalisations du Franck Capra version grande époque, de Vous ne l’emporterez pas avec vous (1938) à La vie est belle (1946).
- On est emporté par ce film poignant, simple sans être simpliste, porteur d’un message émancipateur, ni moralisateur ni pesant, qui nous plonge dans le quotidien indien où la condition féminine confrontée au poids des castes et des mœurs a bien du mal à progresser en dépit des efforts gouvernementaux.
- Comment ne pas s’enthousiasmer pour ce poignant récit d’une “servante” décidant de passer son bac afin que sa fille “réussisse” dans la vie alors que celle-ci refuse d’étudier au nom de la reproduction des classes ? Outre que cette histoire convie ainsi Pierre Bourdieu de façon tout à fait inattendue, on devine aisément qu’elle dépasse, et de loin, les frontières de l’Inde.
- Le scenario mène de front et avec la même réussite ce double postulat : il n’y a pas d’âge pour apprendre à l’école et le rôle du parent est de transmettre et de pousser son enfant au meilleur, fût-ce par le conflit.
- Enfin, outre les décors dépaysants et variés, les lumières alternant bleu et ocres sont splendides.
Quelques réserves
Certains rôles secondaires (notamment celui du professeur de maths) surjouent franchement, ce qui est parfois dérangeant. Heureusement, Swara Bhaskar (Chanda) est épatante dans son rôle de mère aimante, courageuse, tenace.
Encore un mot...
“Dans un pays où 38% des filles abandonnent l’école avant le secondaire, Chanda : une mère indienne (The New Classmate) est une sorte de conte qui donne à réfléchir et qui encourage les enfants à aller à l’école pour avoir un futur plus prometteur. (…). Je voulais raconter une histoire organique qui crée de l’empathie autour des personnages et qui catalyse le changement social. Le film doit montrer aux gens que tout le monde a le droit de rêver, quel que soit son passé. On peut changer son présent pour un avenir meilleur”.
Rajoutons que si la dédicace s’adresse “à la plus belle création de Dieu : la mère”, aiguillon autant qu’incarnation de la protection et du sacrifice, le film en appelle à la responsabilité et à la place de l’adulte en général, érige en vertu la Foi en la réussite comme en la volonté et est un vibrant plaidoyer sur et pour l’amour des siens (ici maternel). Du Franck Capra, on vous dit.
Une phrase
- “Ton rêve n’appartient qu’à toi. Envoie balader ceux qui s’en moquent”. (Chanda à Appu).
- “Elle ne t’impose pas ses rêves. Tu es son rêve” (Amar à Appu se plaignant de sa mère)
L'auteur
Issue d’une famille indienne de la classe ouvrière conservatrice, Ashwiny Iyer Tiwariconvainc, non sans mal, ses parents de l’inscrire à un cours d’art visuel après plus d’un an de conflit. Astucieuse, elle profite en effet du fait que ce cours est plus axé sur la partie commerciale de l’art pour amener sa mère à croire qu’elle trouvera un emploi “normal” une fois ses études achevées.
Fruit de sa persévérance et de sa volonté, Ashwiny remporte la médaille d’or de l’Université Sophia Polytechnic de Mumbai, sa formation terminée. Elle travaille alors pendant 16 ans comme rédactrice dans l’agence publicitaire Leo Burnett, qui s’occupe des plus grandes marques en Inde et en Asie du Sud-Est, recevant de nombreux prix pour son travail au Festival de New York et à l’événement mondial de publicité et design, The One Show, sans oublier plusieurs Lions au Festival international de la publicité de Cannes.
Eclectique, elle mène parallèlement les activités de scénariste, réalisatrice, rédactrice d’articles pour un magazine de design et, fan de photo, publie un livre de portraits : No Makeup Story.
Personnalité engagée, elle soutient le renouveau de l’art, l’artisanat et le développement de l’autonomie des femmes en Inde.
Mère de deux jumeaux, elle collabore avec son époux, Nitesh Kumar Tiwari, réalisateur indien de renom, comme Directrice Artistique sur ses publicités et longs-métrages.
Chanda, une mère indienne est son premier long-métrage et s’inscrit pleinement dans ses combats.
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