Braquage à l'ancienne
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Thème
L’âge ne fait rien à l’affaire… Même octogénaire, il y a des choses qu’on ne peut pas supporter…
Malgré leurs faibles revenus, et sans doute parce que, durant toute leur vie d’ouvriers, ils ont eu la sagesse se contenter de peu, Willie (Morgan Freeman), Joe (Michaël Caine) et Al (Alan Arkin), trois copains retraités depuis longtemps, coulent des jours paisibles, entre apéros, balades et palabres sans fin. Tout aurait pu continuer à ce train-train là, si un jour leur banque, lâchée par leurs fonds de pension, n’avait cessé de leur reverser leur pension…
Poussés à la rue, et furieux de l’être après des années de travail intense, ces trois amis, qui ont toujours été des pères peinards, vont bousculer leurs principes moraux et imaginer l’inconcevable : dévaliser une banque… Ce qui va exiger boulot et minutie : mise au point d’alibis, achat de déguisements et de faux pistolets, élaboration du timing du braquage, etc… Pour le trio, devenu infernal, ça va pulser, mais âge oblige, pas trop vite, en prenant son temps et, au bout du compte (quand même !)…son argent. Ne pas se laisser égorger par le système vaut parfois moralité !
Points forts
- D’abord, la distribution ! Quel régal de voir, réunies, trois légendes du cinéma, qui visiblement s’amusent comme des gosses à jouer les bandits gentils. On les regarde se balancer les répliques, et on jubile. Ces trois là, qui en connaissent un rayon sur le métier d’acteur, prennent leur temps, dosent leurs effets, savourent leur texte, en font parfois un tout petit peu trop, histoire de montrer qu’arrivés là où ils en sont, ils peuvent tout se permettre, sauf, bien sûr, la caricature.
Ils sont toujours justes, distanciés, à la fois sérieux et rigolards, et, malgré ces foutus rhumatismes qui les rendent moins véloces, toujours d’une vitalité folle. Ils portent leur talent en étendard, leur séduction, en bandoulière, et leur humour, à fleur de regard. Ils sont impressionnants, chaleureux, familiers.
- Evidemment, sans un scénario béton, aucun des membres de ce trio magnifique ne serait sorti de chez lui. Heureusement, ce script avait de sacrés atouts. C’est une comédie dans la plus pure tradition américaine, efficace à tous les étages .Les personnages sont bien dessinés et les dialogues, écrits aux petits oignons pour chacun des interprètes.
L’histoire a de l’humour, du peps ( elle est pleine de surprises et de rebondissements)et aussi, mais si, du fond. On est dans une comédie, mais sociale, qui dénonce, mine de rien, le système capitaliste, ses excès, ses injustices et son inhumanité.
Quelques réserves
Il est certain que la réalisation, qui ne rate aucun contre-champ, est explicative et se coule dans un académisme exemplaire, et ne révolutionne pas l’art cinématographique.
Est–ce, d’ailleurs pour compenser ce manque d’inventivité que, dans certaines séquences, nos trois compères en font, quand même, un peu too much ?
Cela dit, pour être sincère, on s’en fout, parce que c’est eux et qu’on leur pardonne tout.
Encore un mot...
On l’a dit, sur le plan formel, ce Braquage à l’ancienne n’a donc rien de novateur. Si vous n’aimez que les montages fous, les effets spéciaux ou les histoires racontées de façon décalée, passez votre chemin. En revanche, si vous avez envie de voir, sur un écran, trois des plus grands noms du cinéma anglo-américain dans un film aussi jubilatoire que dénonciateur des plaies d’une époque, alors cette comédie est pour vous. Il faut parfois prendre le cinéma comme un art du divertissement.
Une phrase
« Je pense que cette histoire est bien en phase avec l’air du temps. Elle aborde la façon dont les grandes entreprises peuvent mettre n’importe qui sur la paille. Mais c’est avant tout une comédie sur trois hommes qui reprennent leur destin en main… se retrouvent le dos au mur et se disent qu’ils ne vont pas se laisser faire ». Zach Braff, réalisateur.
L'auteur
Né le 6 avril 1975 dans le New Jersey, Zach ( Zachary Israël) Braff est un homme qui, dans le cinéma, cumule les casquettes puisqu’il est acteur, réalisateur, scénariste et producteur.
Diplômé de la Columbia Highschool à Maplewood, il commence par « faire » l’acteur dans plusieurs films mais acquiert sa notoriété grâce à son rôle dans la sitcom Scrubs, qui lui vaudra une nomination aux Emmy Awards.
Malgré le succès de cette série télévisée, dans laquelle il va jouer pendant 9 ans, il choisit de se concentrer sur le cinéma. En 2003, il écrit, réalise, produit et joue dans Garden State, qui connait un grand succès. Pourtant, happé par ses rôles au cinéma et au théâtre (Londres et Broadway), il attendra 2014 pour réaliser le deuxième, Wish I Was Here ( Le Rôle de ma vie), qu’il co-finança- c’était presque nouveau-grâce à une campagne de crowd-funding.
Braquage à l’ancienne ( titre original Going in style) est donc le troisième long métrage de ce super actif, qui vit aujourd’hui entre New York et Hollywood et a quand même trouvé le temps de passer son brevet de pilote d’avion.
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