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Thème
Incapable de dire non par peur de faire du mal, Nolan Mack, 60 ans, mène une vie réglée et monotone entre son père hospitalisé et mutique depuis un AVC, sa femme aimante, Joy, critique et prof d’anglais, son fidèle ami Winston, romancier, et la banque locale SMB où il est le responsable apprécié des prêts. Son patron lui annonce une promotion. Là encore Nolan n’ose refuser alors que changer d’agence l’ennuie. Distrait au volant de sa voiture, Il percute sans gravité Leo, un jeune prostitué, l’accompagne dans une chambre, paye mais ne le touche pas. De cet instant, la vie de Nolan va basculer et doucement l’amener à s’assumer.
Points forts
- La présence toujours aussi juste, mais encore plus émouvante, de Robin Williams dont ce fut le dernier film. On le retrouvera en effet pendu chez lui, un an plus tard, en août 2014.
- La sensibilité et le romantisme avec lesquels Dito Montiel, plutôt habitué à traiter de la violence morale ou sociale (cf supra), déroule, épaulé par le talent de l’acteur, cette histoire decoming out d’un homme de 60 ans.
- La réelle qualité des cadrages et des lumières déclinant avec suavité une palette de nuances à partir des couleurs primaires (bleu, orange et rouge), rendant ce film aussi intimiste que soigné.
Quelques réserves
- Le rythme nonchalant, même si on peut l’associer à celui que prend Nolan pour admettre ce qui lui arrive et à l’apesanteur de son existence.
- Certaines lourdeurs explicatives dans les dialogues (telle l’insistance de Nolan à dire qu’il ne supporte pas de faire du mal), des ellipses nous laissant sur notre faim (comme l’absence de retombées après la bagarre sur le parking de la banque, entre Nolan et le mac de Leo), des facilités de situations flirtant avec le poncif (ainsi, la confession de Nolan à son père mutique, qui en refusera son Coca).
Encore un mot...
Bien sûr, il s’agit d’un énième film sur un sujet qui ne surprend plus guère aujourd’hui. La force de Robin Williams, à travers ses silences et ses regards qui transpercent l’écran, est de nous intéresser moins à l’émergence de l’homosexualité de son personnage qu’à sa recherche désespérée d’affection à donner comme à recevoir auprès de Joy. Dès lors, il parvient à ce que l’on se sente tous concernés.
Une phrase
- “Pourquoi tu t’occupes de ton père ?” Leo à Nolan.
- “Parce que c’est mon rôle” Nolan à Leo.
L'auteur
Ayant rédigé en 2003 “Il était une fois dans le Queens”, retraçant sa vie à Astoria, Dito Montiel, auteur, scénariste et réalisateur, en tire un scenario puis son premier long-métrage sous le même titre, obtenant le prix spécial du jury et celui du meilleur réalisateur au Festival du film indépendant de Sundance ainsi que de celui de la Critique à la Mostra de Venise. S’ensuivent Fighting, en 2009, sur l’ascension d’un as des combats de rue clandestins, Un flic pour cible, en 2011, inspiré de la vie réelle d’un policier du Queens (avec Al Pacino) et, en 2013, Empire State, narrant la tentative de cambriolage, par deux amis d’enfance, d’une société de transport de fonds. A noter qu’acteur fétiche de Dito Montiel, Channing Tatum joue dans chacun de ces films.
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