The Bikeriders

Huit ans après le bouleversant « Loving », Jeff Nichols revient avec un film sur un groupe de motards américains dans les années 60. Viril, sexy et vrombissant…
De
Jeff Nichols
Avec
Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy, Mike Faist…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Au milieu des années 60, dans un bar d’une ville du Midwest, Kathy (Jodie  Comer), une jeune femme aussi belle qu’elle a le caractère bien trempé, croise Benny (Austin Butler). Elle tombe aussitôt sous le charme du jeune homme, un beau blond, aussi « tête brûlée » que taiseux, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, un gang de durs dirigé par le violent et énigmatique Johnny (Tom Hardy). A l’image du pays tout entier, le gang va évoluer : il va  accueillir des voyous de toutes sortes, dépourvus de vergogne et devenir un repère de criminels. Benny sera bientôt contraint de choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.

Points forts

  • La solidité du scénario. Jeff Nichols l’a écrit à partir d’un livre de photos et de témoignages devenu culte: The Bikeriders, publié en 1968 par Danny Lyon et qui faisait le portrait sans concession de  jeunes en marge de la société, appartenant tous au Chicago Outlaws Motorcycle Club, un groupe de motards dont l’auteur de l’album faisait lui-même partie. Nichols s’est appuyé sur les clichés du livre  pour reconstituer impeccablement l’Amérique des années 60, et ses témoignages lui ont servi de base pour élaborer son scénario. Le cinéaste y faufilera une histoire d’amour entre une femme impétueuse et l’un des leaders de la bande. Cela donne à son film une allure d’odyssée sauvage dont il est difficile de se détacher.

  • Le casting:  Waouh! il en jette, à commencer par Jodie Comer (honneur aux dames !) d’une gouaille et d’un sex-appeal irrésistibles dans son rôle de Kathy, et aussi, par Austin Butler, saisissant de charme, de naturel, de virilité et de détermination dans son personnage (central) de Benny. 

Quelques réserves

Evidemment, un film comme celui-là, qui relate un phénomène de société aujourd’hui disparu, réveille les subjectivités. D’aucuns pourront donc trouver, ici, pas assez de virées sauvages, là, pas assez de singularité et trop d’emprunts aux Affranchis ou à Easy Riders, là encore, une trop grande sagesse dans la réalisation. L’indéniable souffle romanesque du film, et sa reconstitution impeccable de l’Amérique profonde des années 60 devraient mettre tout le monde d’accord.

Encore un mot...

Après huit ans d’absence (une éternité!) dûe à des projets trop difficiles à faire aboutir, Jeff Nichols revient enfin sur le grand écran, avec un film comme il sait si magnifiquement les faire, romanesque, dense, tendu, et inspiré par son Amérique natale, en l’occurrence ici, celle de la fin des années 60 qui, pour toute une partie de la jeunesse hippie, furent celles de la fin des idéaux… Nous voici plongés au milieu d’une bande de blousons noirs chevauchant des motos pétaradantes, avec, en bandoulière, des mots comme virilité, liberté, honneur et fraternité. Plus dure sera leur chute quand ils ouvriront leur porte à des vrais voyous déglingués par la drogue… Une odyssée tragique, racontée (tiens donc!) par une femme (Jodie Comer, répètons-le,  exceptionnelle), et portée par un interprète en passe d’accéder au statut de star, Austin Butler. A ne pas rater.

Une phrase

« J’ai toujours cherché à aborder des thèmes universels dans mes films. Car si l’histoire qu’on raconte possède une résonance universelle, il est alors possible de réaliser un film très personnel qui semble appartenir à une région et à une époque particulières, et qui, dans le même temps, trouve un public large et divers. »(Jeff Nichols, cinéaste).

L'auteur

Il n’a pas fallu longtemps à Jeff Nichols, né en 1978 à Little Rock en Arkansas et diplômé de l’Ecole d’Arts et de cinéma de Caroline du Nord, pour devenir l’un des enfants chéris du cinéma américain. Dès son premier film, Shotgun Stories en 2007, dont il est également le scénariste, il frappe et emballe la critique, qui loue la maîtrise de sa mise en scène. Depuis, la sortie de chacun de ses nouveaux films fait figure  d’évènement. Jusqu’à ce The Bikeriders, il y en a eu quatre : Take Shelter en 2011, qui fut sélectionné à la Semaine de la critique et en repartit avec le Grand Prix; Mud, en 2012, qui concourut  pour la Palme d’Or, à Cannes ; Midnight Special en 2016 et Loving, en 2016 aussi, qui valut à Ruth Negga une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice et fut en lice pour la Palme d’Or à Cannes. Bien que très différents, ces films ont tous comme points communs d’avoir été « scénarisés » par leur réalisateur, d’avoir compté Michaël Shannon dans leur distribution et d’avoir eu comme directeur photo Adam Stone. On peut en conclure qu’en plus d’être un cinéaste talentueux inspiré, entre autres, par Terrence Malick et Steven Spielberg, Jeff Nichols est un homme fidèle.  

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