Ave Cesar
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Thème
Fixer (accompagnateur) chez Capitole Pictures, un des plus célèbres Studios de cinéma américain, Eddie Mannix est chargé de régler tous les problèmes survenant sur un tournage. En une journée il va ainsi devoir valider auprès des communautés religieuses une présentation du Christ, apaiser le réalisateur vedette Laurence Laurentz qui refuse pour tête d’affiche de son drame psychologique le jeune espoir du western qu’on lui impose, solutionner les divers dérapages des artistes du studio, sauver la réputation et la carrière de DeeAnna Moran la reine du ballet nautique enceinte mais célibataire, élucider les agissements louches du virtuose de claquettes Burt Gurney et même affronter un obscur groupuscule d’activistes politiques qui, en plein tournage de la superproduction biblique Ave César !, va enlever la plus grosse star du Studio, Baird Whitlock. Le tout sous le regard perspicace et fielleux des deux jumelles et chroniqueuses ennemies, Thora et Thessaly Thacker (Tilda Swinton).
Points forts
- Une reconstitution de l’époque des Grands Studios (les Majors), années 40/50, irréprochable tant historiquement que techniquement.
- La découverte d’un métier (le fixer) très peu connu. Notons que le fixer est aujourd’hui le nom donné à l’accompagnateur des journalistes et militaires dans les zones dangereuses, notamment dans les pays en guerre.
- Leur amour proclamé pour le cinéma alliant ironie et tendresse.
- Les références cinéphiliques complices aux grands films, acteurs et réalisateurs de l’époque ainsi qu’à leurs mœurs.
- La finesse de certaines allusions comme faire du groupe d’auteurs kidnappeurs des communistes, métaphore du maccarthysme, ou de prendre l’icône gay Channing Tatum pour incarner un matelot danseur de claquettes rappelant furieusement Gene Kelly. Voire le prémontage où manquent deux moments : le générique et l’apparition de Dieu et le discours final de Baird Whitlock (George Clooney) devant la Croix dont on ne sait si la Lumière dont il parle évoque Dieu ou le Cinéma…
- Les films “en tournage” qui sont de véritables moments de cinéma.
Quelques réserves
Aussi jubilatoires soient-elles, aussi identifiables (et nostalgiques) soient les souvenirs évoqués, toutes ces qualités profiteront avant tout aux cinéphiles. Qu’en pensera un public plus élargi moins au fait de tous ces rappels?
Encore un mot...
L’intrigue du film a pour contexte la crise du début des années 1950 à Hollywood née de la concurrence de la télévision, la psychose de la guerre froide et la chasse aux sorcières. Pour faire face à cette chute de fréquentation des salles, les studios ont produit une avalanche de films à gros budget pour faire rêver et leurs dirigeants tout puissants contrôlaient tous les aspects de la vie de leurs artistes. Les acteurs étaient considérés comme des choses autour desquelles des stratégies marketing étaient construites. Le personnage d’Eddie Mannix (un ancien videur) est une fusion des deux fixers de la MGM : le vrai Eddie Mannix et Howard Strickling. De la gestion du scandale d’une star ivre morte sur la voie publique, au mariage de convenance pour cacher l’homosexualité d’une autre, il s’occupait de tout.
Une phrase
“Vas-y, sois une star !” (Mannix à Whitlock)
L'auteur
Doit-on encore présenter les frères Coen, représentants accomplis d’un cinéma à la fois d’auteur et tout public, à l’humour mordant, grands collectionneurs de nominations, palmes et prix depuis leur réjouissant premier long-métrageSang pour sang (Blood simple) en 1984 ? Leur collaboration est si étroite et complémentaire qu'on les appelle parfois le réalisateur à deux têtes. “Chez les Coen on est fidèle et on travaille dans le respect et la rigueur”, confie George Clooney qui en est à sa troisième collaboration avec eux. Abordant tous les styles : comédie, romantisme, western, polar…, on leur doit (liste non exhaustive, bien sûr) : Miller’s Crossing, Barton Fink, Fargo, Intolérable cruauté, No Country for old Man,Burn after Reading, A serious man, True Grit… Menant en parallèle une carrière au théâtre, à l’instar de Woody Allen, ils ont écrit en 2008 un montage de trois pièces en un acte,Almost an Evening, mis en scène off à Broadway par Neil Pepe à l’Atlantic Stage 2 Theater et au Bleecker Street Theateravant d’être repris en 2009 sur la prestigieuse scène del’Atlantic Theater. En 2011, Talking Cure, – une autre pièce en un acte, fut présentée avec deux autres de Elaine May et Woody Allen, toutes trois réunies sous le titre Relatively Speaking – à Broadway, avec une mise en scène de John Turturro. Sans oublier Anomalisa dont l’adaptation cinématographique vient de sortir.
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