Aurore
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Thème
Aurore (Agnès Jaoui) arrive à un moment charnière de sa vie personnelle. Sa fille aînée est enceinte. Sa cadette va quitter la maison. Et elle accepte mal les bouffées de chaleur de la ménopause. Aurore se souvient de ce que lui disait sa mère quand elle a eu ses règles : « Maintenant, tu es une femme ». Elle ne les a plus, ses règles. « Alors, je ne suis plus rien ? » se demande-t-elle. Quand elle raconte l’anecdote à sa cadette, celle-ci réplique : « Mais tu m’as dit la même chose, maman ». Bref, rien ne va plus. C’est alors qu’Aurore rencontre au détour d’une rue l’amour de sa jeunesse perdue. Une nouvelle aurore ?
Points forts
C’est une bien jolie chronique que cette comédie, à commencer par son titre et par son actrice principale, Agnès Jaoui, qui ne triche pas avec son âge, 52 ans, au cinéma comme dans la vie. « Comme souvent, le sujet est née d’une expérience personnelle, dit la réalisatrice Blandine Lenoir, 43 ans. j’abordais la quarantaine avec angoisse sans comprendre pourquoi j’avais si peur de vieillir ».
« Aurore » est un film de femmes qui fait chaud au cœur. Dans cette histoire, elles sont solidaires et elles ont bien raison. Les amies se soutiennent. La maman recueille quand il le faut ses filles à tour de rôle. Mais ce n’est pas pour cela que les plus jeunes brillent par leur féminisme. « Cela m’amusait, explique la cinéaste, que des femmes de cinquante ans comme Aurore ou son amie (jouée par Pascale Arbillot) soient atterrées de les voir imiter les comportements de leurs propres mères : je n’invente rien, dans les manifestations anti-avortement, la plupart des jeunes qui défilent ont 19 ou 20 ans ».
Comme on le voit, le film est branché sur le temps présent et l’évolution, ou l’involution des mœurs. Mais rien de sérieux dans tout cela, le scénario est truffé de scènes comiques parce que la vie est toujours drôle même dans les moments difficiles. C’est ce qui fait le charme fou de ce film où les scènes attendues se succèdent. On se dit : elle ne va pas oser, mais si.
« Aurore » a été tourné à La Rochelle et c’est un atout supplémentaire pour ce film qui appelle au lâcher prise, au laisser aller et à l’acceptation du bon et du mauvais sort, à l’amour de la belle province. Pas la peine d’aller au Canada… C’est toujours mieux de rire et de pleurer dans un bel endroit. De philosopher aussi. Que seraient Socrate et Platon sans la douceur de la Grèce ?
Quelques réserves
Il y a sûrement quelques temps morts entre deux fous rires, quelques facilités qu’on a noté plus haut : le désir d’en faire trop mais de le faire quand même. Et aussi de s’encanailler pour choquer le bourgeois. Ces femmes sont sans peur mais pas sans reproche.
Encore un mot...
« Aurore » reprend en les densifiant les propos assez crus tenus dans le film précédent de la réalisatrice, son premier, « Zouzou », où l’on suivait un groupe d’adultes et de jeunes dans un long week-end en Bretagne et où l’on réglait ses comptes en familles recomposées, en s’interrogeant avec humour sur les pratiques sexuelles de chacun. « Aurore » se concentre davantage sur les femmes qui arrivent à la cinquantaine. Et c’est plutôt bien de se détourner un moment des jeunes filles qui ont la part belle au cinéma. Normal puisque les réalisateurs dominent le marché…
Une phrase
- « Je crois énormément à la solidarité féminine. Une solidarité qui me transporte en permanence et qui joue sur toute la pyramide des âges. C’était d’ailleurs capital que tous soient représentés dans le film ».
- « Je voyais beaucoup d’amies autour de moi arriver à cinquante ans dans une solitude amoureuse terrible ; des femmes formidables, belles, douées, dont les ex avaient refait leur vie. J’ai eu envie de leur rendre hommage, leur donner – et me donner – envie de vieillir ».
- « Aurore n’est peut-être pas une grande féministe mais, au fur et à mesure qu’elle rencontre des femmes solidaires, elle prend conscience que son expérience intime est en fait une expérience collective ». Blandine Lenoir
L'auteur
Blandine Lenoir a été actrice dans une bonne vingtaine de films et de téléfilms mais a d’abord pensé à la réalisation avant de se laisser embarquer un peu par hasard dans le métier de comédienne qui ne lui a pas déplu. Elle a tout de même réalisé une poignée de courts-métrages avant de tourner « Zouzou » qui est sorti dans les salles en 2014. Elle récidive donc dans la comédie intelligente avec « Aurore ».
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