Anora

Une comédie explosive sur une jeune stripteaseuse new-yorkaise au tempérament de braise… La Palme d’Or 2024 !
De
Sean Baker
Avec
Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yuriy Borisov…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

 Anora, qui se fait appeler Ani (Mikey Madison) est strip-teaseuse à temps complet dans une boîte new-yorkaise et escort girl à ses heures perdues. Un soir de 2018, elle tombe sur Ivan, un jeune russe en fiesta (Mark  Eydelshteyn). Bingo !  Non seulement il est beau, fougueux, gentil et flambeur,  mais il est le fils d’un oligarque russe. Entre fumette, sexe, alcool, jeux vidéo et fiestas, « Ani » passe quelques jours idylliques. Alors, lorsque Ivan la demande en mariage à Las Vegas où ils sont partis en virée, elle accepte, croyant de nouveau au Père Noël. Elle va vite déchanter. Lorsque les parents de son mari tout neuf apprennent la dernière folie de leur décervelé de rejeton, ils accourent, furibonds à New York. Entre leurs hommes à tout faire dépêchés pour faire annuler le mariage, une Anora déchaînée qui n’entend pas se laisser faire, et son Ivan qui, s’est lâchement évaporé, une folle (et hilarante) cavalcade s’engage, qui tourne au fiasco…

Points forts

  • La force du scénario qui revisite avec flamboyance, modernité, drôlerie et (tendre) provocation le mythe de Cendrillon. Ici, l’héroïne est une danseuse et « escort girl » dans un club spécialisé, un boulot aussi asservissant que celui auquel était assignée l’adolescente maltraitée du conte de Charles Perrault. Et qui de plus vraisemblable alors pour tenir le rôle de son prince charmant, que le fils plein aux as d’un tout puissant oligarque russe. Les deux « matchent » formidablement bien, d’autant que Sean Baker est ici à son aise, lui qui, depuis ses débuts, ne cesse de faire des films tendres, trash, glamour et frondeurs sur les marginaux et les laissés-pour-compte de l’Amérique d’aujourd’hui, avec une préférence marquée pour les prostitué(e)s.

  • La virtuosité de la mise en scène. Sean Baker sait, visuellement, accompagner les mouvements et intentions de son scénario. Il passe en douceur et avec maestria  d’un formalisme pop aux couleurs saturées pour la première  partie du film (qui relève du conte), à un réalisme beaucoup plus sombre et « terreux »  pour sa seconde partie qui raconte une cavalcade urbaine dans un New-York hivernal et se clôt sur le dur retour de l’héroïne à sa condition de femme exploitée.

  • La performance de Mikey Madison. Repérée par Sean Baker dans Once Upon a Time puis dans Scream 5, elle est si stupéfiante de naturel et de vérité dans le rôle d’Ani - où sa photogénie irradie à chaque plan - qu’il y aura sûrement, pour elle, un avant et un après Anora. Il faut dire que la comédienne, fille de parents psy en Californie, avait préparé sa prestation à « l’américaine », en apprenant des rudiments de russe, en prenant des cours de  pole dance, en fréquentant assidûment pendant des mois des prostituées et des clubs privés de Los Angeles.

  • La prestation de Mark Eydelshteyn. Récemment diplômé de l’école de théâtre de Moscou, le jeune comédien russe qui a lui aussi une photogénie incroyable, fait preuve d’une aisance folle devant la caméra . « Il avait des idées géniales et un peu folles, dit sa partenaire, comme celle de faire un salto arrière sur le lit pour notre première scène de sexe »On lui parie, sans grand risque, une carrière internationale

Quelques réserves

Aucune réserve pour ce film qui a reçu la Palme d’Or à Cannes.

Encore un mot...

Les Graines du figuier sauvageEmilia Perez…  Au moins deux autres films sélectionnés cette année à Cannes en compétition officielle auraient pu prétendre à la Palme d’Or. Mais  Greta Gerwig, la présidente du Jury, a préféré attribuer cette  récompense suprême à ce film vif et vibrionnant, tour à tour grave, burlesque et foldingue qui, sous l’apparence d’un conte remis au goût du jour, dénonce les paumés et sans-grade de l’Amérique néo-capitaliste. Cela, avec tendresse, dans un grand éclat de rire, et sans une once de morale. Et sans budget faramineux, en toute liberté, avec des producteurs indépendants. Merci  et bravo monsieur Baker ! 

Une phrase

« Sean (Baker) n’a cessé de dé-stigmatiser la prostitution et de s’intéresser, dans tous ses films, aux marginaux. Et son approche a toujours été d’une grande sincérité et empreinte d’humour. Du coup, je me sentais totalement en confiance avec lui. Je savais qu’il serait un formidable partenaire » (Mikey Madison, comédienne).

L'auteur

Scénariste, réalisateur, monteur et producteur, Sean Baker, né à New York  en 1971 et diplômé de la très cotée Tisch School of the Arts (une école d’art), commence à travailler dans la publicité où les cachets sont élevés. C’est avec l’argent mis de côté qu’il va produire ses premiers films : 45 000 euros pour le premier, Four Letter Words, qu’il tourne avec les chutes d’un film en 35  millimètres de Terry Gilliam; 3 000 dollars pour Take Out (2004) et encore, en 2008, 47 000 dollars pour Prince of Broadway.

Fidèle du cinéma indépendant, ce fan avéré des Frères Dardenne et des cinéastes du Dogme 95 va mettre quelques années avant de s’imposer aux cinéphiles. La  notoriété lui vient enfin en 2015 avec Tangerine. Tourné avec un iPhone et salué par la critique, ce film qui décrit le milieu des prostituées trans de Los Angeles est présenté au Festival de Sundance. Deux ans après, The Florida Project, récit du quotidien d’une petite fille de six ans  élevée  par sa mère au chômage dans la banlieue de Disney World est présenté à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs. Entre autres récompenses, il vaut une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle  à Willem Dafoe. En 2021, Sean Baker tournera encore Red Rocket. Ce film sur les heurs et malheurs d’un ancien hardeur fauché revenu dans sa ville natale au Texas, est présenté en compétition à Cannes dans la sélection officielle. Malgré un accueil plus que chaleureux critique et public, il en repartira bredouille. Le cinéaste va enfin décrocher la timbale (la Palme d’Or) cette année avec Anora, son huitième long métrage.

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