Amoureux de ma femme
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Thème
Très librement inspirée de l’Envers du décor, la pièce de Florian Zeller, Amoureux de ma femme est une comédie sur l’imaginaire et le fantasme masculin...
Editeur, bobo, sexy, et marié à une femme aussi compréhensive qu’épatante (Sandrine Kiberlain), Daniel (Daniel Auteuil) invite un soir à diner son ami Gérard (Gérard Depardieu), pour faire la connaissance d’Emma, sa nouvelle conquête (Adriana Ugarte). Daniel ne s’en doute pas, mais Emma est une bombe! Lorsqu’elle s’encadre dans la porte, il en perd instantanément les pédales. L’imaginaire de ce sexagénaire, jusqu’alors mari attentionné et fidèle, va s’enflammer et lui jouer de drôles de tours. La soirée ne se passera évidemment pas aussi sereinement que prévu…
Pour le spectateur, elle va se dérouler entre la réalité objective de ce diner à quatre et les rêves (très érotiques) de Daniel…
Points forts
-Le scénario est à la fois rigolo (on est dans une comédie bourgeoise), malin et savant, puisqu’il combine (cf ci-dessus) de savoureux allers et retours entre fiction et réalité. Pas de changement de ton intempestif : les transitions entre les séquences se font en douceur, grâce notamment à un montage très adroit.
-Avant de réaliser Amoureux de ma femme, Daniel Auteuil avait mis en scène et interprété au théâtre la pièce dont il a tiré son film. Dans son personnage de « sexa » qui se met à rêver comme un ado devant une femme inaccessible, le comédien brûlait les planches et son malin plaisir à jouer les gamins délirants devant un fruit défendu se communiquait au public… Ce phénomène de contamination se reproduit aujourd’hui avec son film. On regarde jouer celui qui fut, entre autres, un si douloureux Ugolin dans Manon des Sources et on se dit qu’avec ce rôle drôlissime d’amoureux fantasmé, il s’offre une belle récréation.
-Ses trois partenaires principaux semblent avoir aussi beaucoup de plaisir à être là. Sandrine Kiberlain qui retrouvait le comédien-réalisateur quinze ans après Après vous de Pierre Salvadori dit que sur le plateau son mot d’ordre était : « Soyez beaux, bons et bien ». Le trio l’a écouté. Leurs échanges sont savoureux et souvent drôlissimes. La beauté, le sex-appeal et l’humour de la comédienne Adriana Ugarte (découverte chez Pedro Almodovar) sont assez renversants. Gérard Depardieu, s’amuse pour sa part à traiter avec un naturel assez désopilant tous les attraits de cette dernière. Quant à Sandrine Kiberlain, elle joue encore une fois ici, avec son chic fou, les femmes piquantes et intelligentes.
- La bonne humeur du film doit beaucoup aussi à la musique, très allègre de Thomas Dutronc.
Quelques réserves
Amoureux de ma femme est une comédie qui, ouvertement, ne se prend pas au sérieux. Il faut donc l’appréhender au premier degré de sa fantaisie et de sa drôlerie, parfois surréaliste, telles qu’elles ont été écrites et sont jouées. A défaut, on risque d’être déçu.
Encore un mot...
Après la mélancolie dramatique de ses précédents films, Daniel Auteuil a eu envie de légèreté et de fantaisie. Avec cette histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une étoile, les amateurs de comédies amusantes et sentimentales trouveront leur compte, d’autant que le quatuor d’acteurs qui porte cet Amoureux de ma femme fait preuve d’une réjouissante générosité de jeu.
Une phrase
« Il y a dans ce nouveau projet tout ce qui m’enthousiasme dans la vie, c’est-à-dire la part d’enfance chez l’adulte. Cette capacité intacte à rêver…
Amoureux de ma femme est un vagabondage où l’on se rend compte que nos vies sont remplies de faiblesses, de confusion, de paysages sans ligne droite où il est plus intéressant de se raconter des histoires pour arriver à mener une vie qui nous ressemble… du bout des rêves » (Daniel Auteuil, acteur-réalisateur).
L'auteur
Né à Alger le 24 janvier 1950 lors d’une tournée de ses parents, tous les deux chanteurs lyriques, Daniel Auteuil grandit à Avignon, au domicile familial, à l’ombre du Palais des papes. D’où son accent ensoleillé qui réapparait dès que ses rôles n’exigent pas qu’il parle « pointu ».
Tout va inciter le petit garçon rêveur à embrasser une carrière artistique, notamment la profession de ses parents, et les échos du festival de théâtre créé par Jean Vilar. Il a tout juste quatre ans lorsqu’il monte pour la première fois sur scène, dans le rôle du fils de Madame Butterfly. A seize, le voilà embauché par André Bénedetto dans une pièce de Thchekhov.
En 1969, il monte à Paris et en 70, débute au Théâtre National Populaire… Il n’arrêtera plus, et à partir de 1982, ne cessera d’alterner théâtre et cinéma…
Bardé de nombreuses récompenses, dont deux Césars du meilleur acteur pour Jean de Florette ( 1987) et La Fille sur le Pont (2000), et un prix d’interprétation masculine au festival de Cannes pour le Huitième jour (1996), il est aujourd’hui l’un des artistes français les plus populaires.
Parallèlement à son métier d’acteur, Daniel Auteuil met en scène pour le théâtre et réalise pour le cinéma.
Amoureux de ma femme est son quatrième film en tant que cinéaste, le premier qui n’est pas tiré de l’œuvre de Marcel Pagnol.
Et aussi
Foxtrot de Samuel Maoz, avec Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonathan Shiray…
Un couple d’israéliens apprend la mort de son fils qui effectue son service militaire sur un poste frontière… Quelques heures plus tard, survient un démenti : il y a eu erreur ; le jeune homme est en vie… Du réalisme au surréalisme … Nous voilà transportés dans ce poste frontière situé en plein désert où l’on va assister au quotidien de ce jeune soldat et à celui de ses camarades, et qui dépasse l’entendement. Car on découvre que l’activité de ces jeunes conscrits se résume le plus souvent à laisser passer des dromadaires et qu’ils tuent le temps en faisant des trucs dérisoires comme mesurer le degré d’effondrement du cabanon qui leur sert de logement à l’aide d’une boite de conserve… Leur inexpérience et leur manque de sang-froid vont, un jour, les amener à commettre une bavure …
Lion d’argent au dernier festival de Venise, Foxtrot est un petit bijou de film. Sur le fond, il dit beaucoup sur les tourments d'Israël qui n’arrive pas à se guérir des traumas de la guerre. Quant à sa forme, elle est splendide, qui fait penser, par son esthétisme onirique, à Kusturica.
Foxtrot n’a pas eu l’heur de plaire aux autorités israéliennes, qui ont jugé que la scène de la bavure constitue une insulte à Tsahal. Cette prise de position a eu l’effet inverse à celui souhaité par le gouvernement de Tel Aviv : elle a braqué les projecteurs sur ce film. En Israël, Foxtrot a connu un succès considérable.
RECOMMANDATION: EXCELLENT
La route sauvage d’Andrew Haigh- avec Charlie Plummer, Steve Buscemi et Chloé Sévigny.
Flanqué d’un père immature et instable qui n’arrive pas à subvenir à ses besoins, Charley, quinze ans (Charlie Plummer), trouve un boulot de lad chez un entraîneur de l’Oregon. Jeune homme sentimentalement fragile, il se prend d’amitié pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière, que son propriétaire n’hésite pas à doper pour le faire encore gagner. Un jour, révulsé par ces méthodes, délivré aussi du poids que représentait son père, Charlie décide de partir à la recherche du seul membre de sa famille qui lui reste, sa tante. Mais pas question pour lui de partir seul. Il va emmener Lean on Pete, qui est devenu son meilleur ami… Un long voyage commence, à travers les plaines, vastes, splendides, de l’Ouest…
Adapté d’un roman de l’écrivain américain Willy Vlautin, intitulé Lean on Pete (le nom du cheval), La route sauvage a inspiré au réalisateur anglais Andrew Haigh un film d’une puissance émotionnelle rare, où le grandiose le dispute à l’intime. Il est impossible de rester de marbre devant la relation fusionnelle de ce jeune ado paumé et de son vieux cheval en bout de course. Il est impossible aussi de ne pas être touché par le questionnement du film sur le désintérêt de la société occidentale pour les plus démunis. Ajouter que dans le rôle de Charley, Charlie Plummer, 19 ans, ( vu récemment dans Tout l’argent du monde) crève l’écran, ce qui lui a valu un prix à la Mostra de Venise.
RECOMMANDATION: EXCELLENT
Land de Babak Jalali- Avec Rod Rondeaux, Florence Klein, James Coleman, etc…
Dans la réserve indienne de Prairie Wolf, sise au Nouveau Mexique, trois frères appartenant à la grande famille des Deneclaw. Raymond, l’ainé, alcoolique repenti, travaille pour nourrir sa famille dans une exploitation de bétail. Wesley, le second, accro à la bière, ne dessoûle pas devant le bar implanté aux abords de la réserve, où il boit tous les jours. Quant au troisième, Floyd, le plus jeune de la fratrie, il est parti se battre sur le front afghan. Un jour, des militaires vont venir annoncer sa mort… Un autre drame s’annonce…
Land est un film de fiction. Mais son approche est documentaire. Avant d’en écrire le scénario, le cinéaste iranien Baback Jalali a passé de longs mois dans les réserves indiennes des Etats-Unis. Et il a choisi de le faire jouer par des acteurs indiens. Le résultat est ce film marquant, poignant, d’une photo splendide, qui révèle l’état dans lequel vivent aujourd’hui les Amérindiens . Parqués dans des réserves, abandonnés par l’Etat américain, la plupart d’entre eux n’ont trouvé que l’alcool pour tromper la morosité de leur quotidien et leur absence de futur. Une situation paradoxale puisque l’alcool est interdit dans les réserves. Land est un film magnétique qui rend hommage à une culture en voie de disparition, rarement montrée au cinéma.
RECOMMANDATION: EXCELLENT
Transit de Christian Petzold, avec Franz Rogowski et Paula Beer
Planqués dans le Marseille d’aujourd’hui, des réfugiés fuyant les forces d’occupation fascistes rêvent d’embarquer pour l’Amérique. Parmi eux, l’Allemand Georg, qui va prendre l’identité d’un écrivain suicidé et profiter de son visa pour tenter de rejoindre le Mexique…C’est sans compter sur le fait qu’il tombe amoureux d’une mystérieuse Marie, réfugiée elle aussi, mais en quête désespérée de l’homme qu’elle aime, et sans lequel elle ne partira pas…
Passionné par le film noir, le réalisateur allemand Christian Petzold a imaginé une drôle de dystopie : son intrigue se déroule de nos jours, mais il a (re)mis au pouvoir les forces fascistes. Le résultat est complexe et troublant. On comprend que le cinéaste a voulu montrer à quel point le passé pouvait peser sur le présent, mais on s’interroge sur le bien-fondé de cette proposition, qui brouille un peu la lecture du film. Reste une œuvre formellement très réussie (cadre et photo très raffinés), portée par deux acteurs magnétiques, Franz Rogowski et Paula Beer, dont François Ozon avait faite l’héroïne de son Frantz.
RECOMMANDATION: BON
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