Allende, mon grand-père
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Thème
35 ans après le coup d’Etat du général Pinochet qui provoqua le suicide de son grand-père, le 11 septembre 1973, dans son bureau du Palais de la Moneda, Marcia Tambutti Allende essaie de comprendre pourquoi ses proches refusent d’évoquer son aïeul, allant jusqu’à cacher les photos, films et autres souvenirs qu’ils ont conservés. Par delà l’icone politique, l’analyse de l’homme et d’une famille traumatisée.
Points forts
- La touchante révélation des forces et des failles de l’homme privé, sans exhibitionnisme ni concession mais avec tendresse.
- Le prix payé par sa famille pour le soutenir avec pour acmé lesdécès tragiques de ses filles Beatriz, alias Tati, par ailleurs sa secrétaire, qui, dépressive, se suicida à Cuba en 1977; et Laura qui, atteinte d’un cancer, se laissa choir lors d’un saut en parachute pour protester contre la Junte qui refusait qu’elle mourût au Chili.
- L’incroyable omerta en son endroit observée par son épouseMercedes Hortensia Bussi Soto de Allende, alias Tencha, et leurs filles (mère et tantes de la réalisatrice).
- Le secret nodal humain, si humain, de cette omerta, que son épouse endura en silence puis transmit tacitement à ses enfants avant d’accepter d' en parler, enfin, ici : les maîtresses d’Allende dont elle eut à souffrir.
- L’attachante personnalité de Marcia Tambutti Allende, à la fois têtue, douce et aimant profondément sa famille au point qu’elle a réussi son pari : libérer la parole des siens.
Quelques réserves
Peut-être l’ambivalence du titre. Le nom d’Allende évoque les 70’s et les dictatures sud-américaines appuyées par la CIA (Argentine, Chili, etc). Il faut oublier. Allende mon grand-pèren’apporte aucune info inédite sur son suicide. Il s’agit bien ici d’une chronique familiale qui touchera immanquablement tout un chacun ayant eu à pâtir de secrets de famille cachés ou découverts trop tard. En ce sens, quelle que fût la destinée politique de Salvador Allende, Marcia Tambutti Allende rend son œuvre universelle autant qu’intemporelle.
Encore un mot...
Hortensia Bussi est décédée en 2009, à 94 ans, bien avant que Marcia n’achève son film, sans savoir que l’exhumation obtenue par sa famille, en 2011, a confirmé que le corps qui lui fut remis par les militaires, le 15 septembre 1973, était bien celui de son mari et qu’il s’était effectivement suicidé, fidèle à son engagement. Elle n’aura pas plus vu Maya, sa petite-fille, reprendre le flambeau familial en se faisant élire aux municipales de 2012 et boucler la boucle en appelant sa fille Beatriz.
Une phrase
“Tu es dans la quête, il te manque quelque chose” (Maya, cousine de la réalisatrice)
L'auteur
Marcia Tambutti Allende est la petite-fille de Salvador Allende. Contrainte, enfant, à l’exil, elle étudie la biologie au Mexique et obtient son Master au Collège Imperial du Museum d’histoire naturelle de Londres. Spécialisée dans l’étude de la biodiversité, elle retourne vivre au Chili en 2007 où elle collabore avec la Fondation Salvador Allende. Allende, mon grand-père est son premier film. Un coup de maître pour une réalisatrice extérieure au monde du cinéma, puisque primé Œil d’or SCAM à Cannes (2015).
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