16 ANS
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Thème
C’est une histoire d’amour impossible entre deux lycéens. Âgés de seize ans, élèves dans la même classe, Nora (Sabrina Levoye) et Léo (Teïlo Azaïs) tombent amoureux l’un de l’autre. Premier problème : d’une famille modeste musulmane, Nora est étroitement surveillée par son frère aîné Tarek ( Nassim Lyes ). Mais un deuxième problème surgit, qui, celui-là, va se révéler insurmontable : Tarek est viré du supermarché où il travaillait, pour le vol (sans preuve) d’une bouteille de vin très chère. Or le « patron » de cette grande surface n’est autre que le père de Léo. Tarek « pète un câble ». Les parents des deux amoureux vont s’en mêler. Le père de Nora va tenter d’empêcher sa fille d’aller au lycée se compromettre avec un garçon devenu l’ennemi n°1 de sa famille, et celui de Léo va lui interdire de revoir la sœur d’un « délinquant ». Nora et Léo essayeront de transgresser les interdits. Mais, la tragédie est en route…
Points forts
- Il y avait plusieurs années que le cinéaste de Welcome réfléchissait à une version contemporaine de Roméo et Juliette de Shakespeare. Mais comment la transposer à notre époque, et lui donner un nouvel éclairage ? Les pièces du puzzle ont fini par se mettre en place. Les familles des deux jeunes amoureux appartiendraient à des classes sociales dissemblables et seraient de deux religions différentes. Et l’« embrouille » entre leurs deux familles, qui mettrait le feu aux poudres, viendrait d’un différend insoluble entre deux de leurs membres.
- Une des forces du film est d’arriver à faire croire que tout ce qu’il s’y passe est spontané, naturel et qu’il n’y a aucune mise en scène. On assiste au drame comme s’il se déroulait sous nos yeux pour de « vrai ». La « faute » en revient à la discrétion avec laquelle Philippe Lioret a rendu sa caméra « invisible ». Cette dernière s’attache aux personnages du drame comme si elle leur était inhérente.
- Autre point fort du film, sa distribution. Non seulement Sabrina Levoye (Nora) et TeÏlo Azaïs (Léo) sont tous les deux d’un naturel et d’une fraîcheur confondants, mais entre eux l’alchimie est parfaite. Dans le rôle de Tarek, Nassim Lyes est formidable lui aussi de sincérité.
Quelques réserves
Aucune. Tout s'enchaîne dans ce film d’une fluidité parfaite, sans ellipse ni « raccord » apparent.
Encore un mot...
Après six ans d’absence, Philippe Lioret revient au cinéma, avec, encore une fois, une histoire forte, sociale, comme il sait si bien les faire, celle d’un bouleversant Roméo et Juliette contemporain. Non seulement il a su en maîtriser le rythme (la tension monte comme naturellement), mais il a réussi aussi à éviter clichés, sur-jeu, sentimentalité exacerbée et excès de violence. Intense et sensible.
Une phrase
« Je m’attache beaucoup à ce qu’on ne voie pas le film se faire, qu’on n’« entende » pas les dialogues, ni qu’on sente le travail de la caméra ou celui de la déco. Je veux juste « qu’on y soit », qu’on partage les sensations car ce sont elles qui priment »… Si dans une scène, on sent trop la caméra, si on se dit « ah oui, c’est du cinéma! », alors j’ai l’impression de perdre tout ce que j’ai pu gagner auparavant ». (Philippe Lioret, réalisateur)
L'auteur
C’est dans le domaine du son, filière atypique pour un réalisateur, que Philippe Lioret, né en 1955 à Paris, a débuté dans le cinéma. Après avoir signé le son d’une vingtaine de films signés de réalisateurs aussi différents que Michel Drach, Claude Goretta et Michel Deville, il passe à la réalisation en 1993 en dirigeant Tombés du ciel, un film, tiré d’une histoire vraie, qu’il avait écrit et pour lequel il rafla les Prix de la mise en scène et du scénario au Festival de Saint-Sébastien.
Il ne cessera plus d’écrire (ou co-écrire) les films qu’il mettra en scène : en 1997, Tenue correcte exigée; en 2000, Mademoiselle; en 2004, L'Équipier (trois nominations aux Césars); en 2006, Je vais bien, ne t’en fais pas, adapté du roman homonyme d’Olivier Adam, paru en 2000 ( récompensé entre autres par deux Césars); en 2009, Welcome, sur les immigrés bloqués à Calais (10 nominations aux Césars); en 2011, Toutes nos envies, très librement adapté du livre D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère; en 2016, Le Fils de Jean, inspiré du roman Si seulement je pouvais me rapprocher de toi, de Jean-Paul Dubois.
16 ans est le neuvième long métrage de ce réalisateur français qui se mobilise souvent pour des causes humanitaires et sociales.
Dominique Poncet
Et aussi
- NOSTALGIA de MARIO MARTONE. Avec PIERFRANCESCO FAVINO, FRANCESCO DI LEVA, SOFIA ESSAÏDI…
Felice (Pierfrancesco Favino) n’avait qu’une quinzaine d’années lorsqu’il fut brutalement contraint de quitter Naples, sa ville natale. Réfugié au Moyen-Orient où il coule des jours heureux avec sa femme Arlette (Sofia Essaïdi), il retourne toutefois sur ses terres pour s’occuper de sa mère vieillissante. Le retour de Felice à Naples ravive en lui de douloureux souvenirs notamment lorsque son chemin croise celui de son ancien meilleur ami, Oreste (Tommaso Ragno)…
L’édition 2022 du Festival de Cannes a réservé son lot de pépites. Et parmi elles, il y avait donc Nostalgia, présenté en compétition et reparti injustement bredouille. Sombre, désenchantée, cette adaptation du roman éponyme de l’écrivain et journaliste Ermanno Rea est sublimée par l’interprétation de l’excellent Pierfrancesco Favino (inoubliable dans Le Traître de Marco Bellocchio), qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles.
Recommandation : 4 cœurs
Antoine Le Fur.
- CET ÉTÉ LÀ d’ERIC LARTIGAU. Avec ROSE POU-PELLICER, JULIETTE HAVELANGE, MARINA FOÏS, GABRIEL GARCIA BERNAL…
Chaque été, Dune (Rose Pou-Pellicer) attend impatiemment de traverser la France avec ses parents (Marina Foïs et Gabriel Garcia Bernal) pour aller rejoindre dans les Landes sa meilleure amie Mathilde. Mais en cette année, celle de ses onze ans, elle sent que ces vacances ne seront pas comme celles d’avant. Ses parents se disputent et elle, qui regarde avec de plus en plus de curiosité le monde des adultes, comprend qu’elle grandit, que rien ne sera plus jamais aussi facile…
Trois ans après #Jesuislà avec Alain Chabat, le réalisateur de La Famille Bélier explore de nouveau la veine familiale, mais cette fois-ci sur le registre du passage de l’enfance à l’adolescence. C’ est un sujet qui a été mille fois exploité au cinéma, mais Eric Lartigau s’en empare avec une grande délicatesse, qui fait tout le charme de son film, un récit doux amer dont il a trouvé l’idée dans la BD japonaise éponyme de Jillian et Mariko Tamaki. Son casting est épatant. Avec un peu plus d’émotion, Cet été là aurait été parfait.
Recommandation : 3 cœurs
Dominique Poncet
- PROFESSEUR YAMAMOTO PART À LA RETRAITE de KAZUHIRO SODA-DOCUMENTAIRE…
Pour avoir été à l’initiative du décloisonnement des hôpitaux psychiatriques au Japon au début des années 60 (avant, ces établissements étaient complètement fermés), le Professeur Yamamoto est devenu l’une des personnalités médicales les plus connues dans son pays, et aussi dans le monde entier. A 82 ans, ce psychiatre hors norme, qui faisait passer l’humain et sa liberté de médecin avant tout (l’argent, la vie familiale, le décorum, les loisirs, etc..), a décidé de prendre sa retraite. Comment va-t-il affronter sa nouvelle vie auprès de sa femme atteinte d’Alzheimer ? Et surtout comment va-t-il annoncer la nouvelle à ses patients, souvent très déboussolés et qu’il ne veut pas pour autant abandonner à leur sort ?
Kazuhiro Soda, le plus grand documentariste du Japon a suivi, d’abord les dernières consultations de l’éminent psychiatre, et puis ses premiers moments dans sa nouvelle vie de retraité avec sa femme qui fut discrètement le pilier de sa vie, jusqu’à ce que la maladie ne la rattrape. Commencé comme une chronique sociale, « Professeur Yamamoto… » se resserre jusqu’à devenir un huis-clos intimiste. Passionnant et poignant, ce film a obtenu le titre du meilleur documentaire du 70 ème Festival de Berlin. Il a aussi raflé la prestigieuse Montgolfière d’or au Festival des 3 Continents.
Recommandation : 3 coeurs
Dominique Poncet
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