Acting
Infos & réservation
Thème
Nous sommes dans une cellule de prison. Austère. A jardin, le coin cuisine et les toilettes. A cour, des lits superposés, dont deux seulement sont occupés. L’un, par un dénommé Gepetto ( Kad Merad), un petit escroc écervelé qui gratte maladroitement une guitare, en rêvant de paillettes. L’autre, par Horace (Patrick Bosso), qui ne décroche pas un mot, et qui, à longueur de jour et de nuit, fabrique des armes redoutables, en limant des brosses à dents.
Un matin, bruits de couloirs, de clefs dans la serrure, la porte de la geôle s’ouvre. Un nouveau détenu fait son entrée. Il s’appelle Robert (Niels Arestrup). C’est un acteur de théâtre de haut vol et il a été condamné pour meurtre.
Entre Gepetto et Robert, va s’engager un dialogue surréaliste. Parce qu’il pense que cette profession est essentiellement un tremplin pour accéder à la notoriété, le premier, nourri aux séries télé, va demander au second de l’aider à devenir acteur. Hiatus ! Car Robert, formé dans les meilleures écoles internationales, passionné par les grands textes du Répertoire, considère ce métier comme un sacerdoce. « Plus Belle la vie » contre Shakespeare et la méthode Stanislavski ! Le match va s’engager. Sous la présence, parfois réprobatrice, d’un Horace muet mais très attentif, ce match sera captivant. Dans la cellule, qui se fera tour à tour scène, loge et coulisse, deux hommes que tout oppose, vont tenter de « jouer » au maitre et à l’élève. Le duo, fera choc. L’un, tel un mentor, tentant d’inculquer à l’autre( qui, au début, n’y comprend rien, ou ne veut rien comprendre), ce qu’est, ce que doit être, un interprète.... Au centre de leurs débats, menés comme des rounds : la mise en abyme du métier d’acteur, si gratifiant parfois, si douloureux, souvent, si difficile, tout le temps. Le ton est celui de la comédie. Mais sous chaque réplique, la tragédie sourd…
Points forts
-Le thème de la pièce, à savoir l’art théâtral. On l’a rarement vu, sur une scène, magnifié à ce point là. Magnifié et analysé, décortiqué, mis à nu aussi. Secrets, tours, astuces, défauts, trucs, dérives, idées reçues, effrois, beautés, et même mystères, dans cet « Acting », rien de ce qui le constitue n’a été oublié. Xavier Durringer a, situé les protagonistes de sa pièce en prison. Ce stratagème dramaturgique, lui permet de démontrer qu’ entre autres sortilèges, le théâtre peut se jouer de tous les enfermements, qu’il permet, tous les « ailleurs », toutes les illusions, toutes les évasions.
- L’écriture de la pièce. Comme toujours chez Durringer, elle est orale, droite, physique, concrète, précise, percutante, canaille, populaire et sans gras. Chaque mot en a été pesé. Les acteurs peuvent s’y arc-bouter.
- La mise en scène. Signée, donc, de l’auteur de la pièce, elle est à la fois simple, subtile, sobre et efficace. Sans chichi, ni faux semblant, elle fait toute la place au texte et aux acteurs.
- La distribution. Quel plateau !
A ma gauche, Niels Arestrup, souverain dans son rôle de Pygmalion, tour à bourru, passionné, intransigeant, inquiétant, désespéré, tragique, mais en même temps, capable de grande patience, de douceur, et même de tendresse envers son « élève ». Son magnétisme, et sa voix, à la fois grave et mordorée, qui empoigne à merveille la prose de Durringer, impressionne , prend aux tripes. Et quel phrasé ! Quelle diction ! Sil était clown dans un duo, il en serait celui qui porte le chapeau blanc et l’habit de lumière.
Son partenaire, Kad Mérad, lui, serait l’autre, l’Auguste, l’homme de toutes les maladresses et de toutes les bêtises. Il y a six ans que le comédien n’était pas remonté sur un plateau de théâtre. Il y est comme chez lui. La naïveté abrutie de son personnage lui va comme un gant. Il y fait preuve d’une aisance, d’une inventivité de jeu, d’un tempérament comique qui atteignent des sommets. A l’instar, par exemple, de l’irremplacé Jacques Villeret. Kad Merad a été musicien. Cela se perçoit. Il « swingue » son rôle. Mais quand, soudain, il s’attaque au monologue d’Hamlet, la salle se fige, les larmes montent aux yeux.
Sur le plateau, un autre comédien fait aussi un remarquable travail. Il s’agit de Patrick Bosso. Sauf à l’extrême fin de la pièce, il n’a pas un mot à dire. C‘est donc très difficile pour lui. Mais ce qu’il parvient à exprimer par les seules forces de son regard et de ses attitudes est assez prodigieux.
Quelques réserves
Je n’en vois pas.
Encore un mot...
Happé par la télévision et le cinéma, Xavier Durringer avait déserté le théâtre depuis longtemps. Il y signe ici un retour magnifique, avec l’un des plus beaux faces à faces vus sur les planches depuis des lustres.
Ce face à face parle donc de l’art théâtral, mais, aussi, entre les lignes, de cette chienne de condition humaine. Tragédie ? Comédie ? Sauf au dénouement, on ne sait pas, tant ce texte nous balade entre rires et larmes. Ce qui est clair, en revanche, c’est que cet « Acting », conçu comme un chant d’amour au métier d’acteur, ne parle au fond que de l’homme, de sa grandeur et de sa petitesse. Ce qu’on voit, c’est que chacun des mots est porté par des acteurs au sommet, qui méritent tous les dithyrambes.
Une phrase
« L’émotion, tu peux la donner avec ton pied, avec ta main qui tremble, avec des morceaux de toi….T’as un corps tout entier, faut t’en servir. Si t’es de dos, une nuque, ça joue, une nuque, putain, c’est incroyable, une nuque ».
(Robert)
L'auteur
Auteur, metteur en scène et réalisateur, Xavier Durringer, né à Paris en 1963, découvre le théâtre à l’adolescence et commence par suivre une formation d’acteur. En 1988, son premier spectacle, « Une rose sous la peau », obtient, le Masque d’or de la FNCTA. Sur la lancée de cette prestigieuse récompense, le jeune homme de 25 ans fonde sa propre compagnie, « La Lézarde », avec laquelle il monte essentiellement ses propres textes; il y dirige des comédiens comme Vincent Cassel, Clovis Cornillac ou Pascal Demolon.
L’aventure, couronnée par de nombreux succès (dont, en 1998, « Surfeurs ») durera plus de dix ans. Depuis, Xavier Durringer, qui est redevenu un franc-tireur, a écrit beaucoup, notamment « Histoires d’ hommes », qui vaudra à Judith Magre un Molière de la meilleure actrice, « Bal Trap », « Une envie de tuer sur le bout de la langue », « La Promise »… Des pièces, comme des coups de poing, qui sont aujourd’hui traduites en quinze langues, et jouées dans 50 pays.
Parallèlement, le dramaturge se lance dans la télévision et le cinéma, avec entre autres, en 1993, « La Nage indienne » ( son premier film, avec Karin Viard), ; en 1997, « J’irai au paradis car l’enfer est ici » et ,en 2O11, « La Conquête », dans lequel Denis Podalydes incarne Nicolas Sarkozy.
Après quinze ans d’absence comme metteur en scène de théâtre, il y revient pour« Acting », une pièce qu’il a écrite en 2012. Sur le plateau, il a mis face à face Niels Arestrup et Kad Merad et fait arbitrer leur rencontre par Patrick Bosso.
Commentaires
C'est une plaisanterie?
Des lieux communs sur les acteurs, le sexe, la drogue, les soirées.. Il y a bien longtemps que les comédiens sérieux font leur travail sans tambours ni trompettes. Ce texte est indigent, servi par un "monstre sacré" bourré de tics d'acteurs, genre un "ok" toutes les 30 secondes, qui nous refait le Prophète où le vieil acteur a remplacé le Corse.
Kad Merad joue toujours la même chose, sur le même ton, que dans les Choristes ou les Chtis..
Bosso ne dis rien, mais ne fait pas peur à grand monde.
On a déjà tout vu, tout entendu.
Pour ceux que ça intéresse, regardez plutôt César doit mourir, ours d'or à Berlin; Shakespeare et la prison mérite quand même mieux que cette pièce jouée par des clowns, en effet.
Tout à fait d'accord avec le précédent commentaire. La pièce est boursouflée et la mise en scène pauvre...des facilités tout du long et ce faux air "spectateurs écoutez bien , je vais vous donner l'impression d'être intelligent" . Totale
ment raté
Ajouter un commentaire